Entretien avec Girl Band

Fan dès la première écoute, Le Transistor avait déjà fait une interview de Girl Band à la Route du Rock 2015. Hélas, un souci technique et tout était perdu (on est peu de choses quand même !) A quelque chose malheur est bon, cet incident donne l’occasion de les retrouver, pour faire le point, maintenant que le premier album Holding Hands With Jamie est sorti. Poliment, Dara Kiely et Alan Duggan font semblant de se souvenir de la première interview…

Girl Band

Depuis cette première interview on a aussi pu les voir en live…. Et la réputation est vraie : leurs performances sont très intenses. « En même temps, on peut pas faire autrement : c’est un peu compliqué de ne pas se donner à 100% sur scène. Et puis on veut mettre une vraie claque ! »

Tellement intense que Dara subit parfois des conséquences physiques.
Dara : Cette tournée se passe bien, mis à part qu’un soir, on jouait un nouveau morceau, et j’ai été malade sur scène. C’était la première fois qu’on la jouait,
Alan : C’était à Dublin, donc tous nos potes étaient là !
Dara: Je me suis tourné vers Adam, qui était plié en deux de rire, parce que j’avais du vomi sur moi.
Alan : La politesse c’est toujours de vomir sur soi.
Dara : Du coup Dan a joué l’hymne national pour détourner l’attention. Moi je suis allé me vider les tripes en coulisse, et puis je suis revenu sur scène pour finir le show.
Alan : Bon par contre on n’a pas fini la chanson !
Dara : On l’a rejouée depuis… mais pas ce soir-là ! On s’y est pas risqué.
Alan : Donc oui, on peut dire que la tournée se passe bien. »

Pourtant, Girl Band affiche un air détendu en dehors des concerts.
Dara : Il y a des moments où je n’ai absolument aucune idée d’où ça vient. Tout ce bruit, cette colère, j’en sais rien… En même temps, c’est pas entièrement sérieux non plus. Il y a toujours des blagues un peu bizarres dans les paroles, mais dans la musique aussi. C’est des détails, des accords qui nous paraissent drôles.
Alan : C’est hilarant ! Enfin, pour nous ça l’est ! (rires)

Cet humour dans l’obscurité découle d’une passion pour Leonard Cohen.
Dara : J’ai grandi en l’écoutant, pratiquement sans cesse. Sa manière de manier les mots, était tellement humble, et en même temps grandiose. Il est fascinant ! Et sa manière de parler de la dépression… Ma mère se revendique une de ses disciples : elle y faisait toujours référence, et pouvait citer ses poèmes par coeur… Ce qu’il disait sur les fêlés, qui laissent passer la lumière, pour moi c’était comme un proverbe jusqu’à ce que je réalise que ça venait de ‘Anthem’. Je lis un livre sur lui en ce moment justement…
Alan : Pure coïncidence !
Dara : Je l’avais pris pour la tournée. Mais c’était pas voulu, j’avais pas l’intention de le tuer !
Alan : C’est comme la fin d’une ère. Tout le monde quitte la ville…
Dara : J’ai lu une théorie, que depuis la mort de Lemmy [Kilmister de Motörhead], ça a ouvert une porte.
Alan : Oui ! Si même Lemmy y passe… Alors qu’on se demande comment il a fait pour continuer avec sa consommation de drogues ! Chapeau bas !
Dara : Cette conversation devient lugubre ! (rires) Mais dans le bon sens ! »

Ce premier album, Holding Hands With Jamie, est une ode à leur ingé son, avec qui ils ont enregistré toutes leurs production.
Alan : Ils ont détruit le studio ! La semaine dernière ! C’est là qu’on a tout enregistré, absolument tout ! Et ça va devenir un hôtel ! Donc avant de partir en tournée, on a tout déménagé : faire les cartons, se bourrer la gueule, et détruire des trucs. On s’est défoulés au pied-de-biche, c’était marrant. Mais même si on change de studio, Jamie sera là pour le prochain album. Je pense qu’il ne m’adresserait plus la parole si on enregistrait sans lui !
Dara : Pourtant Jamie aime à démanteler des trucs, j’ai assez peur pour mon orgue.
Alan : Dès qu’on achète un truc, on va lui demander expressément de pas y toucher, et quand tu reviens, t’as les fils dans tous les sens. Jamie le destructeur… C’est compulsif chez lui, il ne peut pas ne pas casser tout ce qu’il touche.
Dara : C’est sa manière d’apprendre !
Alan : Mais on l’adore ! »

Quand ils étaient adolescents, les membres de Girl Band avaient un groupe d’indie pop… aux antipodes de leur son actuel !
Dara : En vrai, le truc c’est qu’on a essayé de surtout de pas sonner comme notre ancien groupe. Alan : C’était un peu le manifeste de Girl band !
Dara : Ce qui est drôle c’est qu’à cette époque, on écoutait de la musique qui était bien meilleure que ce qu’on composait.
Alan : On écoutait vraiment de la musique bizarre… Puis on a commencé à jouer avec des pédales, à manipuler un peu le son. On les trafiquait, on jouait mais littéralement avec, comme des enfants en fait ! Comme quand un gamin fait des gribouillis avec de la peinture. On a regardé des vidéos de Sonic Youth, et on s’est dit que ce qu’ils faisaient était intelligent. Et puis, finalement au lieu de tenter de reproduire, tu trouves ce pour quoi tu es doué. »

Pourtant, Girl Band est plutôt comparé à Nirvana.
Dara : Oui, le fait que je crie et que je sois blond… En plus, je suis bien évidemment inspiré par Kurt Cobain, mais comme toute notre génération.
Alan : Normal, la première ligne de guitare que j’ai apprise c’était ‘Come As You Are’.
Dara : Alors que moi je suis toujours infoutu de la jouer !
L’excuse c’est que Dara était batteur avant de passer derrière le micro.
Dara : Je viens d’acheter un orgue, j’ai hâte de m’amuser, de tester des trucs. La batterie ça me manque pas, j’en ai refait il y a pas longtemps, c’est marrant, mais… je préfère quand je suis pas obligé de compter sans arrêt. Je suis trop nerveux pour jouer de la batterie ! J’adorais en faire au début, mais quand Adam est arrivé, j’ai rapidement arrêté.
Alan : Clairement, Adam un excellent batteur.
Dara : A chaque fois sur scène, il a un sourire genre tout va bien. On n’échange pas beaucoup sur scène, mais tout le monde regarde Adam. Parce que c’est celui qui va rester philosophe en toute occasion : t’as l’impression que c’est catastrophique, et puis tu te tournes vers lui, il est en train de faire une grimace, genre tirer la langue !
Alan : Oui, nous on est tous mal lunés, dans notre truc, super intense, on tire la tronche et lui il fait un immense sourire !
Dara : Il est génial !
Alan : J’aurais pas l’endurance de faire ce qu’il fait… Je ferais un arrêt cardiaque ! »

Réclame

Holding Hands With Jamie, le premier album de Girl Band, est paru chez Rough Trade / Beggars.
Lire le live report de Girl Band au Trabendo


Remerciements : Sébastien [Beggars]

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