Sophie Hunger et Jesse Mac Cormack au Trianon

La Suissesse Sophie Hunger a cette année sorti un cinquième album, Supermoon. Pour l’accueillir, le Trianon a ce soir sorti les fauteuils : une fois n’est pas coutume, le public va confortablement assister à un concert dans une ambiance des plus tamisées. D’autant que le Canadien Jesse Mac Cormack profite également de ce cadre pour nous hypnotiser avec ses premières compositions en solo. La soirée promet d’osciller entre rock, folk, jazz, blues… pour rapidement devenir inclassable.

Jesse Mac Cormack

Jesse Mac Cormack entre en scène dans le noir complet pour entamer une première partie qui s’avèrera des plus épurée. Seul sur scène, il triture sa guitare electro-acoustique avec un looper, de manière parfois très saturée, avec bends bluesy. Ses folk-songs suaves et déchirantes captivent, indéniablement. D’ailleurs, la salle respecte un mutisme quasi religieux ; le dépouillement de ses notes nous faisant retenir notre souffle. On a parfois presque peur de faire craquer son siège, tant un rien pourrait casser l’ambiance. Mac Cormack semble assez introverti et échange peu avec l’audience. Ses arpèges atmosphériques s’envolent alors dans un Trianon stoïque. On s’est fait happer par cette émotion brute qui aurait très bien pu servir à la bande son du film Paris, Texas.

Sophie Hunger

Sophie Hunger débute en douceur, seule à la guitare acoustique sur ‘Supermoon‘, chanson éthérée introduisant l’album éponyme. Puis elle enchaîne des titres plus énergiques derrière son piano, accompagnée de son quatuor de musiciens touche-à-tout. Le dernier opus est passé en revue avec notamment un ‘Love Is Not The Answer‘ amené à devenir un standard de sa discographie. Certains moments sont subtils et aériens, comme sur le charmant ‘Craze‘. Et on ne s’aperçoit presque pas qu’elle chante parfois dans la langue de Goethe, comme sur ‘Die Ganze Welt‘, qui compense certaines duretés par des wouhou langoureux.

Quelques morceaux sont complètement teintés jazz, voire be-bop quand Sophie Hunger chante en scat. D’ailleurs elle se place quelques minutes sur le côté pour laisser ses musiciens s’exprimer, chacun sur des solos assez techniques et très acclamés. Durant les interludes, la chanteuse glisse sans cesse des mots teintés d’un humour malin avec accent suisse-allemand. Elle affirme par exemple qu’il y a trop de chansons sur les beaux, car les beaux, c’est pas la majorité…. en guise d’introduction à ‘Beauty Above All‘ pour les gens pas forcément beaux.

Sophie Hunger
enchaîne avec sa reprise de “Le vent nous portera“, présente sur son album ‘1983‘. Après une intro des plus douces, on se fait à nouveau transporter par ce titre de Noir Désir. Mais avec la Suissesse, le final est épique, avec tous les instruments à l’unisson et une couche de trompette dantesque. ‘We Are The Living‘ sonne la fin du set, et déclenche une clameur dans la salle. Ce morceau résume assez bien la personnalité de la chanteuse : entre distos rock, clavier Rhodes et balais jazz.

Il y aura en fait deux rappels. Lors du premier, elle chante parfois en scat et joue des solos d’harmonica sur ‘Superwoman Woman‘ , avec final entraînant qui invite le public à taper dans ses mains. Pour autant, les spectateurs assis ne se lèvent pas… c’est pas non plus la fête de la bière.

Le début du second rappel est plus apocalyptique, très rock binaire, avec riffs de gratte, trompette à donf et mur du son Mogwai-esque. Pour finir, Sophie Hunger interprète ‘Train People’ au piano accompagnée par ses musiciens réunis en chorale devant un même micro. La conclusion du concert est bizarre, car les musiciens ont stoppé net. Les applaudissements arrivent donc timidement en décalé. Sans doute encore une manière de tromper son monde.

Réclame

Crush, le deuxième EP de Jesse Mac Cormack, est paru chez Secret City Records
Supermoon, le cinquième album de Sophie Hunger, est paru chez Caroline


Remerciements : Diane [Caroline]

Catégorie : A la une, Concerts
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