Entretien avec Rozi Plain

Rozi Plain est une folkeuse qui tourne à l’affect – et ça lui va bien. La demoiselle joue dans le groupe de sa meilleure amie Kate dans This Is The Kit, et apparaît avec Frànçoisand the Atlas Mountain quand ça lui chante. Et quand elle a un peu de temps pour elle, Rozi Plain appelle ses potes pour l’aider sur son projet solo. C’est comme ça qu’est né son troisième album, Friend, réalisé avec ses amis, dont Alexis Taylor de Hot Chip, entre autres. C’est à Paris que Le Transistor a rencontré cette artiste qui décidément n’a pas le look de sa musique.

Rozi Plain

Souvent, Rozi Plain explose de rire, comme si elle était gênée d’être le centre d’attention d’une interview – et en profite pour minimiser ses succès. “Bien entendu je peux avoir Alexis Taylor sans problème ! (rire) Non, en fait je le connaissais un peu, parce qu’on avait joué sur certains trucs ensemble. Donc je lui ai simplement demandé de faire les harmonies sur une de mes chansons.”

Pour la petite histoire, Rozi Plain vivait sur un bateau quand elle a composé cet album. “J’y ai vécu pendant un an, c’était une super période de ma vie. En fait, j’ai dû quitter mon appartement londonien, mais j’étais beaucoup en tournée, et pas mal en France aussi avec mon petit ami, à Bordeaux. En gros, j’ai passé pas mal de temps sur les routes, puis on a rompu, et j’ai décidé de revenir à Londres. Je ne voulais pas retourner à Bristol, parce que c’était pas la direction que je voulais prendre…” Après maintes pérégrinations, elle a échoué sur la rivière Lea, qui traverse East London. “J’ai visité des trucs dans des états déplorables, c’était déprimant. Genre tellement humide qu’il y avait une énorme tâche de moisissure sur le mur… et les gens vivent avec ! (rires) Heureusement un pote qui vit sur un bateau m’a indiqué que celui d’à côté était vide depuis un bout de temps. Donc j’ai contacté le proprio, et le deal a été que si j’acceptais de le repeindre, je pouvais y habiter pendant un an gratuitement. Or quand j’étais à Bristol, je peignais les bateaux !”

Contrairement à son expérience, ce nouvel album Friend s’est fait très simplement. “Tout a cliqué en fait. J’ai demandé à Amaury et Gerald [Frànçois and the Atlas Mountain] de venir pour le faire avec moi, et ils étaient disponibles ! Ensuite, à une soirée, je suis tombée sur ce type qui m’a dit qu’il venait de finir de monter son studio. Donc je suis passée jeter un oeil, et il était pas somptueux, mais il me convenait parfaitement. Je dire qu’il était un peu minable mais super joli. En plus c’était pas loin du bateau donc je pouvais y aller à pied tous les jours.” Des musiciens au mixage, tout s’est déroulé sans anicroche aucune. “Je sais pas si ça venait de moi, en tous cas je me sentais plus détendue. Peut-être que j’étais plus ouverte aux conseils des autres… c’était très agréable. On a passé un super moment à l’enregistrer : cet album s’est fait super rapidement ! C’était très intense. On a enregistré toutes les chansons en une journée, ou pratiquement ! On a limite gardé les deuxièmes prises.”

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Pour l’album précédent, Joined Sometimes Unjoined, la compositrice avait eu beaucoup de mal. “On était dans un beau studio à Bristol et j’avais trouvé l’exercice un peu difficile. Je me suis pointée peu préparée, certaines chansons n’étaient pass prêtes. Et comme j’ai pas mal changé d’avis, on l’a remixé, on a effacé des chansons… Dans un sens, je pense que j’essayais de le rendre comme quelque chose d’autre, de le faire par rapport à autre chose.” Maintenant Rozi Plain sait que la musique sort toujours différemment de ce qu’elle avait en tête. “Cette fois-ci, je me sentais plus à l’aise avec mon propre son. J’avais une idée plus claire de comment je voulais que l’album sonne, donc je pouvais prendre des décisions plus facilement. Je pense pas que j’avais une idée précise en tête, ce qui est sûr c’est que je ne savais pas comment ça allait tourner. La seule chose que je voulais c’est qu’il soit pas mauvais ! (rires) Et du coup je me suis plus concentrée sur les vibrations, et sur comment les gens se sentaient autour de moi. ”

Ce sont donc les vibrations amicales qui font de Friend un album si touchant. “Kate a fait quelques prises de voix, Gerald a écrit de superbes parties de claviers, et Amaury a assuré la batterie. Tout le monde était impliqué, c’était vraiment cool. On a pas mal tourné ensemble par le passé, donc il y avait des chansons qu’on avait déjà jouées. Amaury est génial parce qu’il perçoit beaucoup de choses, et quand le déclic se produit, c’est là qu’il s’anime et permet à tout le monde de se sentir d’un coup merveilleusement bien.” A tel point que Rozi Plain a même accepter de figurer sur la pochette. “C’est Kate qui a fait la photo mais je sais toujours pas comment je me suis retrouvée sur ma pochette. Qu’est-ce qui s’est passé ? (rires) Un pote m’a dit qu’il fallait trop que je l’utilise pour l’album, et j’ai ri… mais finalement ! Le moment où elle a pris cette photo me paraissait réellement pertinent pour l’album. Et en soi, je n’ai rien contre les pochettes qui montrent les artistes, mais je ne pensais pas que j’en ferais partie.”

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Ce qui fait que Rozi Plain envoie des messages un peu contradictoire avec son Friend. “Je pense que ce que je veux dire sur cet album, c’est que tout est compliqué et en même temps pas important. Ou quelque chose dans le genre. (rires) Je veux dire, que tout est immense et en même temps c’est pas un souci. Quand je parle de l’album, c’est souvent des extrêmes qui se trouvent côte à côte. Genre très heureux est très proche de très triste : ils sont tellement éloignés qu’ils sont presque pareils. Et peut-être que c’est cette impression ce que j’ai voulu faire passer.“

Réclame

Friend, le troisième album de Rozi Plain, est paru chez Lost Map Records/Caroline

Crédit photo : Huw Rose


Remerciements : Adiren [In Bloom]

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  • MaMA Event 2015 - jeudi - Le Transistor | Le Transistor :

    […] De sa voix chaude, Rozi Plain s’élance dans des compositions aux rythmiques élaborées. Aux claviers, on reconnaît Yoshino Shigihara, de Zun Zun Egui. La complicité entre les deux musiciennes est palpable et participe à instaurer un climat de confiance. Comme pour nous protéger de ses assauts, la guitare de Rozi Plain tente de calmer les échappées de la batterie, et le concert se transforme bientôt en une jolie parenthèse. Car la voix de Rozi Plain, si enfantine, a un côté apaisant qui fait écho à son visage candide. Lire l’interview de Rozi Plain […]

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