Sale et sauvage #2 à Mains d’Oeuvres

Pour la deuxième année consécutive, Mains d’Œuvres rend hommage au rock garage français et à ses dérivés. Une dizaine de groupes comme Rewinder, The Cherry Bones, 69, Catholic Spray, The Feeling of Love et Crash Normal se succèdent. Plutôt logique puisque ce genre musical est assez bien représenté dans la programmation du lieu et chez les résidents qui répètent dans ses studios : Cheveu, Frustration, JC Satan

Les Parlor Snakes ouvrent le bal sur des ambiances tarantinesques avec chanteuse sexy, suivis par le garage post-rock-progressif d’El Gran Ghufle, nettement plus dark. Puis les Kaviar Special enflamment la frange la plus jeune du public qui finit par monter sur scène pour s’agiter sur des titres rappelant certains morceaux des Black Lips ; mais en moins sale et moins sauvage ! Quant au trio de filles Badaboum, il ne laissera pas de trace significative dans cette soirée…

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Rewinder

Ce couple mixte d’influence plutôt grunge et noise, avec chanteur énervé à la guitare et fille typée riot-girl à la batterie, se la joue sauvage tout en se roulant des pelles sur scène. On n’atteint pas la sauvagerie et la présence du fameux duo bordelais Magnetix, mais ce couple transpire tout de même la saleté. Le public aussi, pas mal agité, notamment sur certains riffs imparables accompagnés par les cris primaires du chanteur. Par contre, s’il pouvait arrêter de parler entre les morceaux…
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The Cherry Bones

Ce duo guitare-clavier post-punk semble d’emblée très froid mais il fait rapidement s’agiter la salle Sauvage. Le sévère chanteur ne cesse de hurler par dessus des riffs de telecaster lancinants et des arpèges d’orgue hammond distordus sur fond de boucles électro dégingandées. Les décharges de bruit blanc et les sons industriels claquants sont légions ; ils s’abattent avec fracas sur une audience qui répond également par d’innombrables hurlements. On sent l’influence de groupes comme Joy Division ou Suicide : c’est bon, brut et dirty.
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69

Le leader de 69 est un ovni. En frontman aguerri par 20 ans de carrière notamment avec le groupe noise Sloy, le charismatique chanteur Armand Gonzalez détonne avec son look de Ben Stiller propret. Epaulé par une guitariste (ex-Sloy aussi) et un claviériste, la soirée bascule dans un garage plus dark, voire dans une new-wave parlée-chantée avec boite à rythme à la fois binaire et lo-fi.
Le chanteur fou change de micro toutes les secondes et agite sa main droite au-dessus de son attirail pour moduler le son de sa voix et celui d’un synthé criard. Il a l’air possédé ; surtout avec la voix nasillarde et haut perchée de fillette en crise de nerfs qui sort du micro à effets. Mais sa personnalité force le respect, et la sauce prend, sauvagement. Sa transe contamine les auditeurs qui s’agitent pour certains comme des robots épileptiques. Sur la fin, la ligne de basse et le pied de caisse électro sonnent carrément groovy. La scène Sauvage a la patate et ne s’arrête plus d’hurler et de danser, surtout sur le titre ‘Novo Rock’, véritable hymne électro-rock. On dirait presque que Ian Curtis est le guest d’un concert d’LCD Soundystem (interview)
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Catholic Spray

Mains d’œuvres est maintenant surchauffée quand les sales gosses de la scène garage-punk française entrent en scène. Ils ne semblent pas avoir pris le temps de faire les balances, et le furtif soundcheck se conclue par le décès d’une tête d’ampli. Une fois le matériel changé, le concert commence dans le brouhaha le plus total : le son est dégueulasse et le restera durant les 40 minutes de leur set. Pas que ça les dérange, ni eux ni leurs fans venus nombreux s’égosiller et slamer ; ce sera cependant un peu plus difficile à vivre pour ceux qui préfèrent discerner un minimum ce qui prend le chemin de leurs oreilles… Leur prestation oscille entre balade garage braillarde et punk-rock brutal. La salle est de plus en plus moite, les pogos n’en finissent plus, les deux gratteux ont un parfait look de zombie… On se croirait presque dans une scène de film post-apocalyptique.
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Crash Normal

Ce groupe plusieurs fois recomposé depuis 18 ans semble avoir trouvé son rythme de croisière en devenant un duo. Désormais, question matériel, on est loin du classique basse-guitare-batterie, Crash Normal donne dans le minimalisme ! Un tom basse, une caisse claire et une cymbale joués debout par la toute jeune recrue Etienne et une Fender Mustang avec reverb à ressort jouée par le leader ancestral du groupe, Jérome. L’espace sonore est toutefois bien rempli, d’autant que sa voix est outrageusement réverbérée. Il se dégage de leur set une sonorité garage surf cradingue, avec une vraie touche personnelle inhérente à leur line-up et leur acoustique peu commune, pour un résultat complètement dans le thème de ce soir : brut, lo-fi et suintant.
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The Feeling of Love

Les très attendus The Feeling of Love clôturent la soirée. Même en restant mid-tempo, leurs sonorités psyché krautrock n’en finissent plus de faire head-banger des festivaliers en semi-transe. L’atmosphère est sombre mais rendue chaleureuse par des sons que ne renieraient pas les Doors ou le Velvet : Fuzz bien grasse, guitare tremolos à n’en plus finir, nappes d’orgues… Le chanteur-guitariste slame sur le planant morceau final, ‘Castration Fields’, et continuera à jouer porté par un public à la fois comblé et poisseux.
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Ces soirées Sale et Sauvage sont sur une bonne lancée : la programmation explore les frontières du genre, mixe les jeunes groupes et les aguerris, sans jamais se cantonner à du garage pur race. Vu le vivier français, on devrait pouvoir faire encore plus sale et sauvage l’an prochain…

Réclame

Lire l’interview de JC Satàn




Catégorie : Concerts
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