Entretien avec B R OAD WAY

Aux Trans, Le Transistor a rencontré B R OAD WAY. Ils ne faisaient pas partie de la programmation, mais ils étaient venus parler de leur projet. Car B R OAD WAY se préparait à sortir un nouvel album, c’est certes pas leur premier, mais avec Solo System Revolution, le groupe amorce un virage en dérapage contrôlé. Comme l’album nous a conquis, on a voulu en savoir plus.

B R OAD WAY

Aux débuts du groupe, B R OAD WAY était plus dans la musique expérimentale. « Il y avait beaucoup d’essais de sons, on prenait le temps de poser des ambiances, c’était très musique concrète, très bruitiste par moments, très déstructuré, déconstruit. Le premier album, c’était surtout une réaction épidermique : on voulait se prouver qu’on pouvait créer des sensations avec une musique qui n’était pas forcément formatée comme celle qu’on entend tous les jours autour de nous. »

Entretien avec B R OAD WAY

Entretien avec B R OAD WAY

Les années ont passé et des expériences, on tire des conclusions. « Petit à petit, les choses évoluent, on rencontre d’autres artistes sur le chemin, on monte des collaborations, des side-projects. Chassez le naturel il revient au galop, parce qu’avec Solo System Revolution on avait envie de revenir à nos première amours qui étaient la musique pop comme les Beatles et autres. Donc on a un peu ouvert les fenêtres, on a fait entrer la lumière, et l’arrivée de Laurent, qui est guitariste-compositeur, nous a permis d’assumer les mélodies. » B R OAD WAY est aussi revenu à une formation plus rock. « Avant on était esclaves des machines, avec le clic dans l’oreille. C’est très difficile à partir de là de créer une dynamique en live, ou de faire sentir aux gens qu’on prend du plaisir à jouer sur scène. Les contraintes techniques sont assez énormes et ça impacte sur le ressenti, même pour nous. Donc l’arrivée de Laurent nous a permis de revenir à des instruments plus chauds plus acoustiques. On a jamais fait un album aussi lumineux. »

Si la musique est plus lumineuse, le clip de ‘Days of Reckoning‘ – tout en Noir & Blanc – est loin d’être joyeux. « On voulait pas faire de clip en fait, on est pas très fan de ce format. On voit pas l’intérêt d’un clip pour habiller et beaucoup de clips manquent d’idées. Mais Digizik avaient vraiment accroché sur le morceau, du coup ils nous ont fait une proposition. Et quand on a lu le synopsis, on s’est dit qu’ils avaient compris notre démarche, des émotions qu’on voulait essayer de faire passer ! » En fait, le texte du morceau n’est pas basé sur le thème du suicide mais du mensonge. « La question se pose de savoir jusqu’où tu peux jouer la comédie avant que ça te revienne dans la gueule, combien de temps tu vas pouvoir tenir, avant de devoir vraiment te montrer sous ton vrai visage. C’est cette dualité là qu’ils ont finalement bien retranscrite dans le décalage de perception entre les personnages du clip : ceux qui pensent qu’il est mort et les gens qui regardent le clip qui voient que c’est une farce. »

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A première vue, les textes de Solo System Revolution semblent bien sombres dans l’ensemble. « C’est plus des réflexions sur des moments de vie. Moi je suis un gros fan – maintenant c’est peut-être devenu ringard mais – de la série Six Feet Under. Ca me plaisait beaucoup parce qu’ils prenaient vraiment le temps de s’arrêter sur des séquences, des petits partages entre personnes. Ces instants révélaient énormément sur les gens, sur les liens, les attachements ou les cassures de ces liens-là. Et ces petits moments de vie peuvent donner une image universelle. » Comme dans la série, même si le thème parait noir, le résultat n’est pas forcément dramatique. « Y’a cette joie triste que j’aime dans Six Feet Under. Et cette envie d’aller chercher ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous. C’est subliment positif, sublimement beau et à la fois sublimement triste. Et c’est ce contraste qui est intéressant, qui fait qu’au final, on réalise qu’il y a des émotions plus compliquées que la joie… »

Le titre, Solo System Revolution, souligne d’ailleurs le côté solaire de l’album. « C’est un jeu de mot sur solo et solar qui se prononcent pratiquement pareil en anglais. Et quand j’écris les textes, j’adore viser des dualités, allier des choses parfois même antinomiques. Solo donne le côté introspection, le regard sur soi-même, le questionnement individuel pour savoir où on en est. Ici il est couplé phonétiquement avec l’image des mouvements des planètes dans le système solaire, avec l’univers composé de milliards d’éléments qui s’épand, qui grandit de façon exponentielle, qui explose. » Là encore, le contraste met en lumière des questions d’ordre universel. « Je trouve que cette analogie est représentative de tout ce qu’on vit : on est constamment bombardés d’images, de sons, de phrases, d’infos, de demandes… et à la fois, il nous fait trouver de la place pour nous et les autres. Donc ces trois mots résument cette impression. »

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En attendant la sortie de ce nouvel album, B R OAD WAY a lancé un Record Club. « On essaie à notre échelle de soutenir les nouveaux projets locaux. Ce record club était l’occase de réunir toute la famille artistique. A la base, c’est les artistes du label 6AM qui jouent en featuring avec les musiciens de St Etienne qu’on a rencontrés. Sur notre label, y’a B R OAD WAY, Deschannel et JERRI qui est une rencontre de Deschannel avec Angil – avec qui on avait monté le projet The John Venture en 2006. Ce label correspond à notre liberté, on veut avoir le dernier mot sur ce qu’on fait, c’est précieux à nos yeux. »

En plus de présenter des artistes de la scène stéphanoise, ce Record Club permet d’en apprendre plus sur B R OAD WAY. « Au travers des reprises choisies, on a pu faire redécouvrir des artistes qu’on aime et en même temps, ça donne des clés sur les groupes qui nous ont influencés. On essaie un peu d’être inclassables et de ressembler à personne d’autre, seulement, on a des influences. Oui, on les assume, mais on veut pas tomber dans les travers de ces groupes. » Et pour s’assurer cette différence, le groupe a un secret. « Y’a un élément central dans B R OAD WAY, c’est le traitement des platines par Gio, c’est lui qui amène tous ces petits sons, ces ambiances, un peu dans le genre musique concrète. Ca donne une sorte de petit liant à la sauce, si on peut dire, ce qui fait qu’il y a des petits bruits, des petits craquements, des interventions… ça a beau être une platine avec des vinyles, c’est joué quand même. Et pour le coup, c’est un ingrédient assez fondamental, qui existe depuis le tout début du groupe. C’est ce qui lui donne son côté unique. »

Réclame

Solo System Revolution, le nouvel album de B R OAD WAY, est sorti le 20 février chez 6am.

B R OAD WAY seront en concert le 10 avril 2012 à la Boule Noire.


Remerciements : Jérémy Spellanzon

Catégorie : A la une, Entretiens
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