Entretien avec Rafale

Alors que Le Transistor se faisait plaisir à Marsatac entre soleil et bonne prog de festival, on s’est démené pour pouvoir interviewer Rafale, les petits protégés d’Arnaud Rebotini. Marc nous parle du premier album, Obsessions. Attention, c’est de la techno organique !

Rafale

Rafale à la base c’est une culture très rock. « Moi je viens du black metal. Et Julien, qui s’occupe des machines, lui pareil vient du metal, du rock et un peu de pop aussi. A un moment, comme on adore aller en club et faire la fête, on s’est dit qu’on avait envie de faire une musique dansante et electro dans laquelle on retrouverait les composantes rock. »

Sur la scène comme en studio, le groupe n’utilise que des vrais instruments. Et notamment des synthés vintage. « En gros, les synthés vintage on les a découverts quand on a travaillé avec Arnaud [Rebotini] pour l’album. On a amené notre morceau et Arnaud l’a mis dans sa bécane pour l’écouter. Il a fait disparaître notre riff au synthé, puis il l’a rejoué avec son synthé. On a écouté et comparé les deux… Une fois que tu as entendu le son du synthé vintage, c’est terminé. »

Obsessions, leur premier album, arrive après trois EP.« Parce qu’il faut prendre le temps… D’écrire des bons morceaux surtout. Parce que si on avait sorti les 10 titres qu’on avait au moment quand on a sorti Rock It Don’t Stop It, le premier EP, l’album n’aurait pas été bon. Il fallait qu’on apprenne à écrire de la musique électronique. A écrire des chansons et pas des morceaux de turbine qu’on peut pas écouter chez soi. » L’évolution s’est faite naturellement, petit à petit. « Si j’arrivais à prendre l’album d’aujourd’hui et à le mettre dans les oreilles du nous de 2007 ; c’est dingue, c’est pas moi qui ai fait ça. Ca nous a pris autant de temps que ça pour se rendre compte que notre musique avait besoin de mûrir. »

Entre temps, Rafale a rencontré Arnaud Rebotini, qui a produit leur album. « Quand on a sorti le morceau drive en 2009, notre label nous a présenté Arnaud qui avait envie de nous remixer. Après le remix, je suis passé à Paris, du coup je l’ai rencontré, on a bien accroché. On a convenu d’un rendez-vous sur un weekend pour produire un EP ensemble, Eraser. Puis un autre EP après, Everglades. » Une fois de plus, le groupe y est allé étape par étape. « Histoire de se tester aussi, parce que outre les accointances musicales et artistiques, y’a aussi des qualités humaines. Si on peut pas tenir ensemble à 4 dans un studio de 8m², 16h par jour pendant une semaine, c’est pas possible. »

Arnaud Rebotini leur a enseigné la passion des synthés vintage mais aussi à savoir s’arrêter quand il le faut. « Ce diction que je pense tous les producteurs connaissent : le mieux est l’ennemi du bien. C’est rare qu’un réalisateur décroche Oscar, César, Mostra de Venise et Lion d’Or sur son premier film. Ben c’est pareil en musique : fais ton disque tel que tu l’aimes et tel qu’il est bien. Faut pas rechercher, faut faire un bon disque et en être fier. Faut savoir s’arrêter. Et Arnaud il te le dit quand il faut passer au morceau suivant. »

Le album, Obsessions, a des côtés très fin du monde. « On brule tout pour tout refaire. Arnaud dit ça très bien : son dernier disque s’appelait Burn Your Own Church. Donc on remet tout à zéro. » Mais Marc nie délivrer une musique à message. « C’est plutôt une musique de son temps avec des paroles de son temps. Un ton désabusé par moments, parfois de l’ironie, mais je pense que la musique electro est comme ça. C’est une musique très détachée, très dépolitisée. Moi je me sens pas du tout messager de quoi que ce soit, à la limite éponge ou miroir mais inconsciemment. Porter l’étendard ou ce genre de trucs, ça m’intéresse pas. »

La pochette de leur album intrigue par les couleurs très désabusées. « On a vu la photo sur un Tumblr et on a fait : ‘ce sera la pochette du disque’. Pour moi cette photo y’a tout ! Elle est un peu totalitaire… je trouve ça hyper fort. Et en même temps y’a beaucoup de mouvement et de grâce. » La photo semble être issue d’une campagne de propagande en Allemagne dans les années 30. « On aurait dit une photo qui a été prise dans cette espèce d’epoque de la république de Weimar en Allemagne, où y’avait beaucoup de gens qui se baladaient à poil – le culte du corps, et là t’as ces jeunes filles qui sautent dans le champs, presque dévêtues. C’est pas des filles filiformes, c’est des filles normales. » En fait, cette photo ne date pas des années 30, mais des années 40. « Après la seconde guerre mondiale. Donc post-apocalyptique. On efface tout après la bombe atomique et on revient. Si ça se trouve, peut-être que tout ça c’est lié. »

Leur clip, ‘Everglades‘, semble aussi être une critique de la société. « Non y’a pas de message. Ou alors tous les adultes sont des gamins ! En fait ils sont malheureux à la fin, parce que tout ce qu’ils cherchent c’est une maman. Les hommes ont beau se noyer dans le fric, le boulot, les belles bagnoles, l’alcool, les bastons, les bars, ils cherchent en fait leur maman. Si tu veux chercher une signification, elle est là. Mais c’est pas moi le réalisateur. »

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Un dernier doute… Et le nom du groupe, Rafale ? « C’est d’un point de vue sonore et l’image que ça évoque. Encore une fois, zéro message. »

Réclame

Obsessions, le premier album de Rafale est disponible chez Rise Recordings.
Rafale sera en concert le 2 novembre au Social Club.

Leur concert à Marsatac


Remerciements : Disc Over et Brigitte Batcave

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