Entretien avec Appalache

Loin de nous l’idée de nous plaindre, mais on reçoit beaucoup d’emails sur la boite du Transistor. Aussi quand on reçoit un mail promo qui détonne un peu, ça fait plaisir. Or Appalache nous a clairement fait marrer avec son mailing et son histoire de truite arc-en-ciel. Du coup, on a voulu le rencontrer pour discuter de son dernier album, Sea Gate. C’est ainsi qu’on est parti se prendre un café avec Julien Magot, en toute simplicité.

Appalache

Appalache nous affirme qu’à son prochain concert, la truite sera présente. « J’ai cherché des déguisements de truites, j’ai pas trouvé. J’étais surpris que ça n’existe pas ! Pourtant, c’est plutôt pas mal une truite arc-en-ciel, c’est mignon, ça brille… ! (rires) » Rendez-vous donc le 8 avril au Bus Palladium.

Pour inciter à ouvrir son mail, Julien Magot mentionne Tame Impala, Kurt Vile et Mac Demarco. « C’est ce qui je pense se rapproche le plus de mon son. Mais ça fait pas du tout partie de mes influences. En fait, j’écoute pas trop ce qui se fait actuellement, c’est peut-être un défaut, j’en sais rien. Pour le coup, le mec dont je suis vraiment fan, c’est Dan Auerbach des Black Keys. Je recherche toujours le blues, dans ce que je fais y a toujours une petite note ou deux dans cette teinte. »

Pour son cinquième album sortie, Julien Magot a décidé de développer sa communication. « Je suis parti sur l’idée que j’ai rien à perdre, mais j’avais envie de faire comprendre que ce que je fais c’est quand même un minimum sérieux, même si je fais des clips débiles. Et comme je suis tout seul, ça prend du temps. Avant c’était mes labels qui le faisaient, mais j’ai envie de pousser un peu plus loin. Et en l’espace de 3 semaines, j’ai eu plus de reviews que pour tous mes autres albums réunis. » Son premier album, Drift in G major, est sorti en 2011. « J’ai voyagé en Jordanie, et aux Etats-Unis, du coup j’ai vu pas mal de déserts. C’est comme ça que cet album est venu, parce que c’est du desert rock, un peu ambiant. Ces voyages m’ont permis de voir des paysages que je connaissais pas forcément. Ca m’a beaucoup inspiré. Mais depuis deux albums c’est un peu plus la fête. Mes albums sont plus joyeux, parce que je suis plus heureux dans ma vie privée aussi. La chanson ‘Rainbow Trout’ elle me fait toujours sourire. »

En fait, quand on écoute sa discographie, on réalise que chaque album d’Appalache est différent. « Tous les albums ne correspondent pas à un voyage, mais plutôt à un moment ou un endroit où je me trouve quand je le compose. Du coup ça peut être sur un bateau, à l’étranger, ou n’importe où. Sea Gate, je l’ai enregistré, bah sans vouloir reprendre les paroles de Face à la mer, mais si quand même ! Avec une toute petite fenêtre pour voir la mer, et donc c’était plutôt chouette. J’ai pu rencontrer des truites et des cirés jaunes, et des marins pêcheurs. » Sea Gate est clairement marin, et Julien Magot arbore un beau ciré jaune sur la pochette. « Ca vient de mon prof de math au collège, je lui rends hommage dans la chanson Mr. Francis, parce qu’il est décédé. Il avait un look improbable : il venait en cours en ciré jaune avec une salopette rayée, et des tennis à scratch. Donc je lui dédie cette petite touche. »

http://www.youtube.com/watch?v=BHEnnKlx5BI

Quand on surfe la toile, on tombe sur une vidéo de sa tournée aux Etats-Unis. « C’était surtout pour avoir un souvenir, et aussi une carte de visite, pour montrer qu’on est capable de tourner à l’étranger, de faire 30 dates en 32 jours. Et on a qu’une envie c’est de repartir, et de faire ça de manière régulière. Pourtant c’est pas une image, c’est vraiment très roots les Etats-Unis. Il y a eu des moments assez compliqués pendant la tournée, mais ça fait des souvenirs du coup. »

Julien Magot se replonge dans ses souvenirs du printemps 2016. « Je crois qu’un des meilleurs moments, c’était à Little Rock, Arkansas : on a fait un concert devant un public incroyable. Il était composé d’un mec habillé d’un kilt, avec une grande moustache et d’une canne, et qui faisait des allers-retours pendant tout le concert. Il y avait un white trash comme ils appellent ça, archi bouillant, je pense qu’il voulait qu’on se tape avant la fin de la soirée. J’avais jamais vu de public comme ça, il y avait même un cochon en liberté qui mangeait des bananes ! » A côté des concerts galères, ils ont aussi vécu de beaux moments. « Les meilleurs concerts c’était les house shows, dans les maisons, c’était vraiment la fête totale. Mon plus beau concert ça devait être à Greensboro en Caroline du Nord, les gens étaient fous, c’était n’importe quoi. Il y avait 70 ou 80 personnes qui ont dansé, non stop et là je me suis dit que je voulais bien que ce soit comme ça tout le temps. »

Sea Gate semble aborder un nouveau cycle pour Appalache. « L’idée c’est que ce soit fun à jouer sur scène, parce j’en avais marre d’être seul et j’avais envie de jouer avec d’autres gens. J’enregistre tout seul, mais c’est parce que j’ai pas envie de me prendre la tête. J’ai joué dans pas mal de groupes, je commence à voir comment ça fonctionne. Et j’ai vraiment démarré ce projet en mode je m’en fous je fais ce que je veux, même si personne aime. J’avais besoin de faire ça tout seul et de faire mes petites expérimentations. »

Et la truite arc-en-ciel dans tout ça ? « Je l’ai pas trouvée… elle s’est échappée. Pour le clip, on a fait une visite de paris en scooter, on a beaucoup rigolé, parce que pêcher place de la Concorde ou place Saint Michel, c’est compliqué de se retenir. C’est fou parce que la chanson raconte pas du tout ça, c’est l’histoire d’une truite qui veut aller en Afrique. Elle habite à Portland, aux Etats-Unis – j’ai regardé sur Wikipedia, y en a qui vivent au large de l’Ocean Road. »

http://www.youtube.com/watch?v=gdsm-knLJBA

Julien Magot nous laisse sur une pensée philosophique. « Mais je sais pas pourquoi elle veut aller en Afrique, enfin si : elle veut échapper aux chasseurs. Elle veut aller nager en Afrique pour se libérer, mais au final elle est libre, c’est un vrai message d’espoir ! Le trajet doit être long, elle risque d’avoir quelques problèmes mais ça vaut peut-être le coup de tenter. »

Réclame

Appalache sera en concert le 8 avril au Bus Palladium.




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