Entretien avec Morgan Delt

Le Paris International Festival of Psychedelic Music arrive et, même si on est pas experts dans ce domaine, s’il y a bien un groupe qu’on aurait aimé y croiser c’est Morgan Delt. D’autant plus qu’il vient de sortir un deuxième album, Phase Zero, paru chez Sub Pop, juste un des plus grand labels indés (The Beach Boys, Nirvana, Fleet Foxes…). Qu’à cela ne tienne, Le Transistor l’a rencontré à La Route du Rock pour discuter de son parcours, de ses évolutions, et un peu des oiseaux.

Morgan Delt

Si on le croise souvent sur des plateaux psychés – comme à Villette Sonique avec Chocolat et The Black Angels, Morgan Delt n’est pas fan de cette étiquette. « Ah je me souviens de ce concert ! Le public était génial, mais c’est moi… les caméras, ça m’a rendu nerveux. Je crois que moi-même je me suis un peu inscrit en faux par rapport à cette catégorie psychédélique, je la trouve trop restreinte. »

En effet, comme s’il avait gagné en assurance, Morgan Delt a réussi à ouvrir un peu le son sur Phase Zero. « Je crois que ce changement vient du fait que j’apprends un plus à chaque fois. Je m’améliore, du moins j’espère, au mixage. J’apprends au fur et à mesure, et du coup le temps de finir un album, me voilà prêt à attaquer la suite. C’est là où j’en suis pour le moment : j’ai très envie de passer à la prochaine étape. En fait, j’ai déjà écrit une bonne partie du prochain. » Mais le jeune Californien affirme que peu de choses ont changé depuis son premier album. « Le seul grand changement, c’était l’idée que cette fois-ci les gens allaient l’écouter. Le premier, je l’ai fait seul, et je l’ai mis en ligne sans vraiment savoir. Je ne me doutais pas que des gens allaient le remarquer. Maintenant, je sais que des gens vont le chroniquer, et c’est assez bizarre comme sentiment. Ou simplement c’est la première fois que je m’y trouve confronté. »

Ce n’était pourtant pas la première fois que Morgan Delt tentait sa chance en musique. « C’est possible qu’il y a quelques années, je me sois découragé, mais c’était un autre style de musique. Je l’avais mis en ligne mais les gens ne l’avaient pas remarqué, tout simplement. Mais à l’époque j’avais essayé de faire de l’electro, parce que je pensais que c’était ce qu’il fallait faire pour réussir. Ensuite, l’album précédent, je l’ai vraiment fait pour le plaisir, et c’est celui-là que les gens ont aimé. » Mais le jeune compositeur affirme que le projet actuel reflète réellement ses goûts. « C’était la première fois que j’essayais de faire quelque chose que j’aime réellement au lieu de faire quelque chose pour plaire aux gens. Et j’ai réalisé qu’en fait, on sait pas ce que les gens veulent. Avec Phase Zero, j’ai réussi à mettre de côté cette idée de plaire au gens, d’être en accord avec moi-même. Parce qu’au début, je doutais de mes choix : et si j’enlevais des éléments que les gens appréciaient justement ? C’était assez difficile. »

Ce Phase Zero est sorti chez Sub Pop, le label référence en indé, ce qui aurait pu le rassurer. « C’est arrivé de manière soudaine. Ça me paraît encore un peu surréaliste. Je crois que je réalise pas encore. Mais en fait j’ai enregistré cet album exactement de la même manière que le dernier : j’ai tout enregistré chez moi tout seul, et réalisé le mixage seul aussi. On me demande pourquoi j’en ai pas profité pour aller dans un vrai studio ! Mais c’est pas la question, ils avaient envie que je continue à faire ce que je sais faire et c’est génial qu’ils me soutiennent sur ce point. »

A la base, Morgan Delt est graphiste, pas musicien. « Oui, mais ma famille m’a… pas poussé, mais ils ont vu que j’aimais la musique donc ils m’ont encouragé on va dire. Ensuite, le graphisme, je suis tombé dedans comme par accident. Et comme c’est difficile de gagner sa vie en faisant de la musique, il me fallait quelque chose pour payer les factures. Sauf qu’en fait, je suis pas très doué en dessin en fait, je fais tout à l’ordi. » Et pourtant ce n’est pas lui qui a fait la pochette. « C’est un peintre qui vient d’Arizona, il a fait des pochettes pour Flaming Lips. Je l’ai rencontré en ligne il y a quelques années, il est venu en tournée avec nous pendant un petit moment, notamment au Psych Fest d’Austin, il y a deux ans. Il a fait un travail génial. Il a écouté l’album, puis il m’a dit ce qu’il en pensait… Et ça collait parfaitement à ma vision ! »

Morgan Delt n’a clairement pas l’air sûr de lui, ce qui doit lui compliquer le travail de composition. « D’habitude, j’ai une idée, et le reste suit assez rapidement, je visualise le morceau dans le sens où je peux l’entendre. Donc je cherche à l’atteindre, en quelques sortes. C’est une sorte de bataille pour réussir à lui faire prendre forme… Des fois ça prend plus de temps que d’autres… Des fois on n’y arrive pas, et on est obligé de tout jeter pour recommencer. Il vaut mieux repartir de zéro pour trouver quelque chose de nouveau plutôt que de s’acharner… » Serait-ce un indice sur l’origine du titre de son album ?

En entendant le bruit d’un oiseau, Morgan Delt s’interrompt pour demander les espèces de la région bretonne. « J’habite à dix minutes de la mer, mais je ne vais jamais à la plage. J’aime pas aller à la plage : il fait chaud, on chope des coups de soleil. Et ça va pas s’améliorer, chaque année il fait encore plus chaud. On m’avait dit que d’habitude il pleut chaque année pendant La Route du Rock… Et rien cette année ! C’est bizarre. Nous on a aucune pluie, c’est la sécheresse en Californie… » Décidément, ce jeune artiste est doué pour détourner la conversation quand elle tourne trop autour de sa personne.

Réclame

Phase Zero, le deuxième album de Morgan Delt, est paru chez Sub Pop
Morgan Delt a annoncé un concert à l’Aeronef de Lille le 30 mai, et à Molenbeek à Bruxelles le 1er juin. En espérant que de nouvelles dates se rajoutent bientôt.
Lire le live report de Morgan Delt à La Route du Rock


Remerciements : Maxime Lecerf

Catégorie : A la une, Entretiens
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