Wall of Death et Judah Warsky à la Maroquinerie

En à peine cinq ans, les Wall Of Death ont déjà bien bourlingué sur la scène rock psyché internationale. Après de glorieuses tournées en Europe et aux USA aux côtés de The Black Angels, du Brian Jonestown Massacre ou encore d’Hanni El Katib, les frenchies sont allés enregistrer chez ce dernier à Los Angeles. On les retrouve à la Maroquinerie pour la release party du gros boulot qui en résulte : leur deuxième album, Loveland, sorti début mars sur le label d’Hanni El Khatib, Innovative Leisure. Et en première partie, l’étonnant Judah Warsky.

Judah Warsky

Le parisien est seul sur scène, entouré de ses claviers, et de ses séquences électroniques lancinantes. Judah Warsky en profite d’ailleurs pour décrire les pires moments de solitude en soirée dans sa chanson ‘Seul‘. Empruntant une voix lugubre, il marmonne dans un couplet : “Tu voudrais aller au concert mais tu peux pas parce que t’es seul…”. Tous ses textes sont du même acabit, cocasses mais à la fois angoissants : il agglomère tout ce qui le fait chier dans ‘Marre de tout‘, chanson engagée, contre tout et son contraire. Et sur ‘En soirée‘, titre joué à la guitare classique, dépeint les ravages de certaines teufs qui finissent encore une fois en solo.

L’audience est encore un peu clairsemée mais suit attentivement, avec un sourire en coin, les aventures de cet intrigant personnage loser. Parfois glauques, parfois optimistes, parfois cyniques, souvent dansantes, mais toujours drôles, ses chansons-blagues tendent vers une vraie poésie déglinguée. On en viendrait même à plaindre les gens venus seuls ce soir…

Wall of Death

La trompette de Miles Davis résonne dans la sono de la Maroquinerie pour l’arrivée des frenchies. Comme sur leur dernier album, Wall of Death débute par le titre ‘Loveland‘, à l’intro gracieuse et trippante. Une espèce d’avant-goût idéal pour que la Maroq se prenne en pleine face l’univers des Wall Of Death et ne ressorte pas d’un voyage d’une heure.

La première partie du set fait la part belle au dernier opus, avec la ballade atmosphérique ‘For a Lover‘, le plus énervé ‘All Mighty‘, ou ‘Little Joe‘ qui semble extrait de The Piper at the Gates of Dawn, premier album des Pink Floyd. Ce live décidément confirme les très bonnes impressions des écoutes. Leurs armes restent les mêmes, mais leur son a pris de l’ampleur et nous projette dans une dimension parallèle : guitares aériennes et voix gavées de space echo, nappes de synthés chaleureuses et enveloppantes, caisse claire mate, cymbales brillantes et légères…

Gabriel est un chanteur-guitariste discret à la voix mystique, voire cléricale, et aux six et douze cordes plus belles et vintage les unes que les autres. Brice se tord sur ses multiples claviers mythiques: orgue Farfisa, piano Rhodes, Mellotron, MS20… Au centre, Adam assure toujours une rythmique à la fois fine et hypnotique.

Arrivent alors quelques titres de l’album précédent, ‘Main Obsession‘, comme ‘Thundersky‘, un des standards du groupe puissant, jouissif, qui fait hurler le public. On est à fond dedans, transportés par ces ambiances Pink Floyd-iennes pré rock prog, toujours positives et lumineuses. Mais l’accent est plus américain qu’anglais, surtout lorsque le groupe entame sa reprise de The Doors, ‘Light My Fire‘ qui, malgré des parties plus endiablées, reste davantage aérien et délicat que l’original. Mention spéciale aux fameux solos d’orgues ancestraux : on s’y croirait.

En rappel, le trio se lance dans ‘Marble Blues‘, avec sa guitare à la fois très fuzz et hyper lourde, puis ‘Memory‘, final de ce live et du dernier album, succession de montées et descentes éthérées quasi post-rock. Ce soir, on ne savait plus trop à quelle époque on se trouvait, mais Wall Of Death semble intemporel et devrait truster les charts psychédéliques pendant de longues années. Et quelque part, on espère que Jim Morrison, de sa dernière demeure au bout de la rue, les a entendus.

Réclame

Info de dernière minute : Le chanteur-guitariste de Wall Of Death vient de quitter le groupe. Spud est sous le choc de cette nouvelle.
Loveland, le deuxième album de Wall of Death, est paru chez Because.
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Remerciements : Vincent [Because]

Catégorie : A la une, Concerts
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