Entretien avec Hospital Ships

Même si son succès est surtout critique, Hospital Ships a toujours été bien accueilli en France. Aussi, grâce à son label Microcultures, basé sur le crowdfunding, Jordan Geiger, anciennement membre de Minus Story et Shearwater, a pu venir faire une petite tournée en France. C’est lors d’un concert en appartement pour présenter le troisième album Destruction In Yr Soul que Le Transistor a pu rencontrer le groupe pour parler religion, amitié et acoustique.

Hospital Ships

Confortablement installés dans un canapé, Jordan, Taylor and Nathan discutent de leur tournée qui s’achève. « On a passé quelques jours à Clermont-Ferrand avec les amis de notre ancien label Kütü Folk : Dempster Highway, Leopold Skin, Zak Laughed.
Nathan : Et Saint-Augustine aussi.
Taylor : C’était très sympa. »

Toute leur tournée française s’est déroulée en appartement. « On n’a jamais eu suffisamment d’argent pour s’inquiéter de louer des lumières ou du matériel, et surtout faire venir tout le groupe jusqu’en Europe. Mais au fur et à mesure, on a appris à aimer jouer les chansons en acoustique. C’est complètement différent de l’album, mais je retire beaucoup de cette expérience.
Taylor : C’est très intimiste, c’est comme de leur donner une nouvelle vie à ces chansons.
Jordan : Des fois j’aimerais bien avoir des batteries et une guitare électrique pour faire du bruit, mais dans un sens, quand on joue en appartement, le calme force à se concentrer sur le sens de la chanson. »
Malgré certaines frustrations, Hospital Ships prend la situation avec philosophie. « On a tous pas mal joué chez des disquaires, dans des galeries d’art, ou en appartement comme pour cette tournée. C’est plutôt normal pour nous, on est juste content de pouvoir venir en France.
Taylor : C’est nos vies, on s’y fait. Je pense que de toute façon, il vaut mieux garder un job à temps partiel… Ne serait-ce que pour pouvoir rester motivé. On fait de la musique parce qu’on en a envie, pas parce qu’on est obligés.
Jordan : Quand je tournais avec Shearwater, c’était confortable parce qu’on était signés chez Beggars. On voyageait avec une partie du matériel, et une fois sur place, on louait ce qui nous manquait. Je prenais mon clavier dans un sac avec ma trompette… Mais à cause de toutes ces dépenses, pour que la tournée reste rentable, il fallait rouler la nuit juste après le concert. On jouait dans de grandes salles, mais on avait le temps de rien voir ni de discuter avec personne…
Taylor : De cette manière au moins on a le temps d’apprécier. »

Avec Destruction In Yr Soul, Hospital Ships prend un tournant folk plus riche en arrangements. « Cet album est beaucoup plus basé sur la guitare acoustique, ce qui donne une texture très folk aux chansons. Sauf qu’on avait envie de jouer très fort, de faire du rock… Le concept, c’était de s’inspirer de vieille folk et de gospel. Ca s’entend plus au piano en fait : dans les suites d’accord, ça sonne comme quelque chose qu’on chanterait à l’église.
Taylor : Sauf qu’on a ajouté des choses qui nous parlent, comme de la guitare électriques et des sons bizarres… Au final, on se retrouve avec plus que juste l’addition des deux genres. »

YouTube Preview Image

Sans être religieux, les paroles des chansons sont assez accès sur la spiritualité.
Jordan : Je pense que les thèmes sont plus du domaine de la recherche de sens, notre place dans le monde, gérer la perte, retrouver la moralité. On n’a pas forcément besoin d’être religieux pour se sentir concerné par ces thèmes. Si j’utilise ce vocabulaire, c’est parce que je suis réellement fasciné par la Bible, et l’histoire de la Chrétienté. Et quand on est fan, on se renseigne sur les mythes : quand on y pense, c’est génial cette histoire d’homme avalé par une baleine ! »
Jordan prend ses musiciens à partie : « J’ai réalisé que si on présentait Hospital Ships comme un groupe chrétien, ça passerait ! Les paroles auraient beaucoup plus de sens, et on se ferait au moins deux fois plus d’argent.
Nathan : Oui, on renommerait l’album Resurrection in Yr Soul !
Taylor : Ca cartonnerait dans le centre des Etats-Unis ! Et comme ça on pourrait faire cette tournée en bateau dont on a toujours rêvé : jouer en navigant sur tous les fleuves de France ! »

Le groupe semble être très soudé, alors que jusqu’à cet album, Hospital Ships était le projet solo de Jordan Geiger.
Taylor : Avec Jordan, on vit ensemble, et Nathan et moi on joue ensemble dans un autre groupe Heartscape Landbreak. Donc on passe beaucoup de temps tous les trois, c’est comme ça qu’un groupe se forme… Dans le cas d’Hospital Ships, c’est Jordan qui écrit, et je me sens connecté à ses chansons. En fait, on a tous les deux écrits des albums très déprimants…
Jordan : Il faut écouter leur groupe, c’est comme l’album frère de Destruction In Yr Soul.
Taylor : C’est probablement parce que comme on vit ensemble, on vit les choses ensemble, et comme on est dans le même groupe, on voyage ensemble… On s’amuse et on pleure ensemble, et ça devient un album ! »

YouTube Preview Image

C’est donc naturellement que Hospital Ships s’est développé pour devenir un groupe.
Jordan : Pour moi, le plus amusant dans la composition, c’est au tout début et puis à la toute fin. J’aime quand on a l’idée et qu’on évalue toutes les possibilités, et ensuite j’aime changer la version finale pour l’adapter aux circonstances…
Taylor : Certaines chansons, tu sais qu’une fois écrites, elles sont finies. Mais d’autres vont avoir besoin d’être libérées, par tes amis ou ton groupe. C’est comme ça que j’écris…
Jordan : Ce qui m’intéresse dans la collaboration, c’est d’avoir une idée sans savoir la direction qu’elle va prendre. Ce qu’elle devient est totalement influencé par les autres, on écrit en tant que groupe complet. Et c’est comme ça que la plupart de ces chansons ont été écrites.
Taylor : Certes, on a besoin d’avoir confiance, mais c’est justement pour ça qu’on monte un groupe avec des amis, et pas des étrangers. C’est plus que de jouer des notes ensemble, c’est de l’amitié. Et cette confiance permet de développer l’amitié. »

Réclame

Destruction In Yr Soul, le troisième album de Hospital Ships, est paru chez Microcultures.
Lire le live-report du concert d’Hospital Ships en appartement


Remerciements : Louise (Microcultures)

Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) :
Production(s) :

Et toi t'en penses quoi ?