Entretien avec DIIV

DIIV, c’est le projet de Zachary Cole Smith. Après avoir un peu chahuté avec Beach Fossils, il a préféré monter son groupe. Rapidement, DIIV s’est fait remarquer par Captured Tracks, et une fois le premier album Oshin en poche, les voilà à Paris pour le Pitchfork Music Festival. Le Transistor en a profité pour les attraper et leur poser quelques questions au Mama Shelter.

DIIV

On attrape des informations au vol des blagues échangées. Par exemple, quand tout le monde commande une pizza, Zachary Cole Smith lance : « Ca va faire 6 ans que j’en ai pas mangé. Je suis végétalien en fait, je mange pas de viande ni de produits laitiers. »

Entretien avec DIIV

Le projet a commencé dans la chambre de Zachary Cole Smith. « Au début, je connaissais aucun autre musicien que ceux avec qui je jouais déjà. Mais c’était pas un projet électronique, les chansons ont été élaborées pour un groupe de rock. Je voulais monter un groupe et partir en tournée. Mais fallait bien commencer quelque part, donc j’ai composé seul dans ma chambre, mais c’est pas un projet personnel. Ca l’était techniquement, mais par nécessité. Je me suis très vite mis à chercher des musiciens, mais ça a pris plus de temps que prévu.
Colby Hewitt (batteur) : il nous a choisis parce qu’on était les seuls disponibles dans le quartier.
ZCS : oui, c’est les premiers que j’ai pu trouver !
Devin Ruben Perez (basse) : d’ailleurs, on s’est rencontrés dans le bus. »
En fait, le groupe ne s’est pas formé au hasard, ils sont tous nés sous le signe de l’eau.
DRP : C’est la condition que j’ai posée. En fait, on a commencé le groupe tous les deux, avec Cole. On s’est pas rencontrés dans le bus, on se connaissait…
ZCS : il était videur et il me laissait rentrer à des concerts sans arrêt !
DRP : Donc au bout d’un moment, on a commencé à parler, et il m’a montré ses démos. Quand il m’a proposé de rejoindre le groupe, j’ai accepté, mais il me fallait d’abord savoir sa date de naissance. Parce que je fais attention aux signes des gens qui m’entourent. A la base, on n’y pense pas, mais ensuite, quand on rencontre des gens bien et qu’on y regarde de plus près, ça prend tout son sens. Et ça tombait bien, parce qu’il était cancer ! Et maintenant on est comme une famille.

Leur premier album s’intitule Oshin, en référence au petit poème ci-contre. Mais les chansons semblent s’adresser à quelqu’un.
ZCS : non, elles ne sont pour personne en particulier…
Colby : Maintenant ça se sait…
ZCS : J’étais tellement en colère ! Cette information était confidentielle ! J’ai fait une interview pour Pitchfork, et ensuite ils m’ont renvoyé un email où ils me posaient des questions sur mon père musicien. Donc je me suis lâché, racontant que les chansons étaient à propos de mon père… alors que j’avais pas fini d’écrire toutes les paroles. Et ils ont juste publié l’email mot pour mot ! Alors que je voulais pas que mon père lise ça…
Zachary Cole Smith nous confie douloureusement qu’une des chansons, ‘Doused‘, est effectivement écrite pour son père. « Je venais de découvrir son album chez moi, et j’étais en train de lire les notes qu’ils avaient prises… C’est une longue histoire, il a écrit cette chanson avant que je naisse… En fait, j’ai une soeur, elle est née avant moi mais elle est morte alors qu’elle était encore un bébé. Et mon père a écrit une chanson sur elle, regrettant son départ, le fait de ne plus avoir d’enfant. Et ma chanson lui rappelle qu’il a un enfant, moi, donc pourquoi est-ce qu’il n’est pas resté ? »

Malgré des intentions assez profondes, DIIV se retrouve qualifié de groupe de dream pop. « J’ai l’impression que parler de musique met les gens mal à l’aise. Il faut qu’ils puissent quantifier ! Il leur faut des références, c’est comme si ils ne pouvaient pas dire qu’ils aiment une musique tout simplement, il leur faut expliquer pourquoi. » Sûrement à cause de leur single ‘How Long Have You Known’. « Dans un sens la dream pop est pas loin du post-punk. Mais oui, cette chanson est clairement pop. Au début, j’hésitais à la mettre sur l’album, mais finalement… Et en live, elle est totalement différente.
Andrew Bailey (guitariste) : Je préfère le terme dream punk…
ZCS : Si les gens viennent à nos concerts pour écouter de la dream pop, ils vont être déçus ! Parce qu’en live, on joue les morceaux deux fois plus rapidement. Y’a beaucoup plus d’énergie punk en concert. »

Le live de DIIV n’a absolument rien à voir avec la version enregistrée. « Je voulais vraiment créer un contraste entre le show et l’album. Il faut une valeur ajoutée…
Colby : Sinon pourquoi se déplacer ? Autant rester chez soi et l’écouter tranquillement. Pour nous, le studio est une opportunité d’essayer de nouvelles choses. On prend le temps, on détaille les sons et on arrive à donner une nouvelle tournure aux chansons.
ZCS : On peut jouer sur les textures. En live, on peut pas contrôler les instruments : tout repose sur l’ingé son, avec qui on échange peu. Du coup, ça rend pas la même chose si on joue dans un sous-sol ou dans une grande salle. Alors que sur l’album, on peut tout prendre en compte. Et comme ça, on a tout ce qu’on peut souhaiter : le joli album et le concert punk. Si on les combine, on obtient l’esprit du groupe. »

Pour le mot de la fin, DIIV explique leur pseudo twitter : @lovealien.
ZCS : c’est mon compte perso à la base. J’ai essayé de choper @diiv par un pote qui bosse chez Twitter, mais la nana qui l’a veut pas le lâcher. En Indonésie, ce mot a une signification je crois. Mais ça veut pas dire que j’aime les aliens ! C’est juste pour exprimer ce que je suis : un extra-terrestre de l’amour.
Colby : ça peut aussi vouloir dire un coup d’un soir avec un étranger ?
ZCS : Love Alien, c’est aussi des paroles de la chanson ‘Oshin (Subsume)’. Je dis au monde d’aller se faire foutre parce qu’il ne cherche pas à nous comprendre. J’ai pas l’impression de trouver ma place dans ce monde… je me sens différent.

Réclame

Oshin, le premier album de DIIV, est paru chez Captured Tracks / Differ-Ant.
DIIV sera en concert le 3 décembre au Nouveau Casino ! Et au Primavera Sound festival !
Lire le live report de DIIV au Pitchfork Music Festival


Remerciements : Charlène (Stage of Art)

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