Soap&Skin au Trabendo

Une aura quasi mystique entoure Soap&Skin. Cette demoiselle autrichienne est un personnage habité, qui livre une musique sombre, lugubre… voire sordide. Sur son froid piano, elle plaque des accords qui ne prennent apparemment vie que par sa présence. Et comme Soap&Skin a été choisie pour inaugurer la nouvelle salle du Trabendo…

Les lumières commencent à s’éteindre et personne n’ose applaudir, de peur qu’elle n’attende le silence total pour monter sur scène. L’ambiance se fait apocalyptique et Anja commence seule avec ‘Deathmental‘. Ca parle de destruction dans un fort accent germanique, ça met bien dans l’ambiance : « Life lays in your heart like in a coffin ».

Une horloge égrène les secondes pendant qu’un ensemble se place derrière elle. Les cordes et la trompette arrondissent un peu les angles de ses compositions, mais pour garder le côté instrumental, c’est un mac qui trône sur le piano, en lieu et place d’une partition. Dans la salle, pas un souffle, c’est tellement calme qu’on entend le bruit du sèche main des toilettes. Sur scène, c’est pareil, les musiciens ont l’air affecté… Le violon alto semble serrer les dents quand la voix d’Anja éclate, elle murmure les paroles mais retient ses larmes.

Quelques notes dans le chant tentent de s’échapper mais elles sont noyées par les graves du piano pendant que la trompette fait souffler le vent qui, dans les branches, joue à se faire passer pour des animaux à l’agonie. Sur ‘Fall Foliage’, Anja nous fait reprendre espoir « You made me smile with my heart » mais son cri se fait alors strident. Propulsée par l’élan du dernier accord plaqué elle se lève, fait quelques pas, et s’écroule sous le choc.

Elle reprend ses esprits et arrivera à nous faire sourire. « Desolée pour mon accent », tente-t-elle avant de reprendre Desireless sur ‘Voyage Voyage’ – un véritable morceau zombie puisqu’on le croyait enterré aux côté de ‘En Rouge et Noir’ de Jeanne Mas. Nouveau soubresaut lors de la reprise de ‘Crazy’ de la Kelly Family : elle laisse échapper un rire, ou est-ce un sanglot ?

Malgré toute cette intensité, difficile de se sentir happé – peut-être parce qu’on ne fait que l’apercevoir. Ce n’est que quand elle se retrouve seule devant le micro et qu’elle s’anime sur ‘Marche Funèbre’ qu’on ressent quelque chose, cette souffrance palpable… Mais elle retombe dans une énergie adolescente malgré les cris d’une femme violentée en introduction de ‘Pale Blue Eyes’ de Lou Reed. Et lorsque, contre toute attente, elle accorde un rappel avec une version de ‘The End’ des Doors bien à elle, on a bien envie d’y arriver à cette fin.

Enfin, espiègle, elle quittera la scène en montrant ses sous-vêtements à la foule. Le mystère reste donc toujours entier.

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Réclame

Soap&Skin vient de sortir Narrow chez PIAS.


Remerciements : Marie et Margaux (PIAS)

Catégorie : Concerts
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