Florence and the Machine au Casino de Paris

On avait eu peur de retrouver Florence Welsh au Stade de France vu la surproduction de Ceremonials, son deuxième et dernier album en date. Fort heureusement c’est au Casino de Paris qu’elle a donné rendez-vous à son public avant un Zénith prévu pour la fin d’année.

Dès ses premiers concerts – on l’avait découverte en 2009 au festival des Inrocks, Florence avait imposé une ambiance singulière, ésotérique, travaillée jusque dans les moindres gestes. Loin de déroger aux règles de son art, c’est donc dans un décor d’église stylisée qu’elle fait son entrée accompagnée de ses huit musiciens. Vitraux, drapés, effets de manche d’une robe de vestale, air absorbé par le lointain, ventilateur chipé à Beyoncé, tout y est.

Florence & the Machine au Casino de Paris

Florence & the Machine au Casino de Paris

Elle entame solennellement ‘Only For A Night‘ et la magie opère presque immédiatement. Car au-delà de la posture théâtrale, il s’agit bien de la même conteuse à vif rencontrée quelques années plus tôt.
Une entrée en matière puissante et immersive qui aurait été parfaite si cela n’avait été pour le service adjoint de la choriste, qui a de toute évidence quelque chose à prouver : à contre-courant en permanence, elle comble les décrochés dans les graves de Florence de boulets de canon qui réduisent à néant tout effort de subtilité et d’élégance. Quelques coups d’oeil et un réglage micro suffiront à mettre à mal ses velléités de conquête de l’espace sonore.

Florence se fait ensuite séductrice et hypnotique sur ‘What The Water Gave Me‘, étrange premier single à l’état de démo à peine avancée mais qui prend sur scène une ampleur de cri pythique dans la tempête.
Revenant à nos premières amours, elle peine à imposer avec ‘Cosmic Love‘ un silence à un public qui cherche les explosions vocales et les prouesses. C’est le moment que choisi la choriste aux dents longues pour revenir sur le ring , toujours pas sur le même timbre vocal, tentant d’imposer son calibre chaud et lourd face à la force fragile et presque cristalline de Florence. Celle-ci trouve son rythme dans une attitude impeccable, posée mais jamais trop, dans la mise en scène mais en pleine empathie.

Comme un clin d’oeil elle entonne, joueuse, les premières mesures de ‘Between Two Lungs‘ pour parachever sa parade nuptiale et briser les derniers réfractaires.

Après avoir rassuré avec ces sauts dans le temps, elle revient à des histoires plus récentes et lance ‘All This And Heaven Too‘, grosse frayeur du dernier album à la production grandiloquente, qui trouve une ici une enveloppe charnelle, une dimension humaine pleine de chaleur et d’émotion, sauvée par la justesse de l’incarnation.

Blockbuster oblige, elle offre à son public un ‘Shake It Out‘ très légèrement décevant, où elle apparaît, plongée dans une ambiance rouge de cérémonie païenne, elle-même fatiguée de tant de pirouettes inutiles.
Ce léger passage à vide est rapidement contré par le sacro-saint ‘Dog Days Are Over‘, interprété avec une énergie à faire sauter une maison de retraite.

Elle emmène ensuite vers des sommets un titre pourtant anecdotique de Ceremonials, ‘Heartlines‘, transformé en complainte de femme de marin en équilibre sur une falaise venteuse, dédié pour l’occasion au petit frère présent dans la salle. Elle prouve une fois de plus ici que les mauvais choix effectués en studio n’entachent en rien le talent d’une songwriter de premier ordre.
Elle peine en revanche à insuffler de l’intérêt à ‘Leave My Body‘, échec très vite oublié quand retentissent les premières notes de ‘You Got The Love’, hit parmi les hit du premier album que tout le monde scande à tue-tête face à une Florence pour l’occasion groovy et à la technique irréprochable.

L’amorce de la fin du set s’enclenche avec ‘Rabbit Heart‘, dédiée aux filles, puis ‘Spectrum’, ovni dans la galerie de portraits de Ceremonials, dédiée aux garçons.
Le temps de rappel est court tellement l’envie de plus est évidente; Florence et ses huit co-conteurs reviennent le temps d’un ‘Never Let Me Go‘, balade crève-coeur qui donne plus des envies de suicide que de baisers au clair de lune, interprétée toute en justesse et retenue. La cérémonie se clôt sur ‘No Light No Light‘, une des trop rares évidences de ce dernier album, et l’on sort rassurés qu’il soit bien possible d’avoir un succès monstre sans renier sa singularité et sa force brute.

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Réclame

Florence & the Machine a sorti son deuxième album, Ceremonials, chez Universal.

Florence & the Machine sera le 27 novembre au Zénith. En attendant, elle sera au Main Square d’Arras et au festival Benicassim.


Remerciements : Pauline (Barclay)

Catégorie : A la une, Concerts
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