Sous le charme de St Vincent à l’Alhambra

Il faut se motiver pour s’arracher à son canapé un dimanche soir de février. Sauf s’il s’agit d’aller passer la soirée en compagnie de la belle Annie. Vous la connaissez sûrement mieux sous le nom de St. Vincent, mais ses adorateurs aiment à l’appeler par son petit nom. Après avoir chamboulé un Café de la Danse en novembre dernier, St. Vincent était déjà de retour à Paris pour cette fois-ci tenter de réchauffer l’Alhambra.

St Vincent, c’est donc Annie Clark, cette jeune femme sublime qui fait chavirer les cœurs. Pas de surprise, la salle est remplie d’hommes aux aguets, avec ce même air d’amoureux transi. D’ailleurs, avec ce physique de canon – souligné par un mini-short en cuir à tomber à la renverse – et cette voix si envoûtante, St. Vincent aurait pu se contenter de choper une vulgaire acoustique bon marché et de nous vendre de la soupe pour assurer ses vieux jours. Mais non, elle a décidé de s’imposer comme une artiste indépendante alliant des douceurs mélodiques avec un son bien abrasif et des guitares plus qu’électriques.

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Sur scène, les lumières créent une atmosphère intimiste dans la froide salle de l’Alhambra et soulignent l’aura de la magnifique Annie. “I’ve had good times with some bad guys” nous confie-t-elle presque timidement sur ‘Cheerleader’ avant de brusquement basculer dans la folie, tirant violemment sur les cordes de sa guitare, comme si elle cherchait à se faire mal. Elle enchaîne alors sur ‘Chloe In The Afternoon’ sur laquelle elle part en transe, poussant des cris qui pourraient passer pour sexuels. Malgré tout, ce qui fascine chez St. Vincent, c’est qu’elle reste naturelle en toutes circonstances.

C’est ce naturel qui fait se poser la question, sur ‘Actor Out Of Work’, si elle simule cette démence… Est-ce vraiment Annie qui est là devant nous, ou une artiste qui enchaîne les concerts et qui ce soir a enfilé son costume de scène, se convaincant qu’elle fait ça pour ceux qui l’aiment. Ou peut-être nous trompe-t-elle avec ce batteur qui affiche une classe folle en costard ? Elle est capable de tout ! L’atmosphère s’assombrit à mesure qu’on s’avance dans le set, comme si elle avait accepté cette double personnalité qui se livre un combat sans merci à l’intérieur d’elle…

Les chansons s’égrènent, chacun apportant une autre texture, une autre facette d’Annie. Parfois elle se libère de toute tension avec ‘Cruel’ qui paraît légère, parfois elle s’enfonce dans des chapes de synthé sur ‘Champagne Year’ aux palpitations cardiaques inquiétantes. Puis les lumières se font opaques sur ‘Strange Mercy’, avec en fond un bruit de scie qui fait grincer des dents… Et lorsqu’on commencer à s’alarmer, elle revire avec dans l’idée de faire danser la salle ! Si ‘Marrow’ n’y parvient pas, elle sort sa carte punk avec une reprise de The Pop Group, car oui, St. Vincent peut incarner tous les styles. Mais c’est ‘Northern Light’ qui vient nous achever.

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Le rappel prendra des allures de film noir avec ‘The Party’ et ‘Your Lips Are Red’. On entend pour la dernière fois de cette soirée ce chant céleste étreindre nos âmes, car aucune production n’arrive à rendre sa présence sur disque. On s’arrache à Annie, en espérant qu’elle nous reviendra dans une salle plus chaleureuse.

 

Réclame

Le troisième album de St. Vincent, Strange Mercy, est disponible chez Beggars.


Remerciements : Adrien (Beggars)

Catégorie : Concerts
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