Entretien avec Givers

Lors du festival des inRocKs Black XS, Givers ouvrait la soirée du samedi, devant une salle pleine à craquer. Avec In Light, leur premier album, en poche, le jeune groupe louisianais démarrait sa tournée européenne en fanfare. D’ailleurs, c’est au sein de fanfares cajuns que les membres du groupe se sont rencontrés. Tiffany et Josh nous racontent leur histoire et nous expliquent leur culture, qui marque fortement leur musique.

Givers

Les Givers sont originaires de LaFayette, à deux heures de la Nouvelle-Orléans. « Certains d’entre nous se sont rencontrés au lycée, d’autres dans des fanfares, d’autres encore à l’école de musique. On se croisait beaucoup au sein de la petite et délicate scène musicale de La Fayette. On a tous joué dans des groupes ensemble, mais jamais en même temps. »

Entretien avec Givers

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Quand ils se sont enfin trouvés à jouer tous les six ensemble, ça a été une évidence. « C’était comme de trouver la bonne combinaison ! On a tous été amenés à se côtoyer, mais on avait pas encore trouvé la bonne formule, le bon code pour tout déverrouiller. »

Le piquant de leur formation, c’est qu’aucun musicien ne joue de son instrument de prédilection. « On était juste des potes qui s’essayaient à de nouveaux instruments sur scène, on était là pour s’amuser. On sortait de notre élément, de ce qu’on connaissait, de ce à quoi on s’était exercé pendant des années, on était plus à l’aise, on sortait de notre zone de confort. » Leur petit plus, c’est qu’ils se laissent guider par leur instinct. « L’idée c’était de ne plus faire confiance à notre éducation. On a tous étudié la musique, mais là on a dû dépasser ce qu’on avait appris pour laisser parler notre intuition. C’est pour ça qu’on a pas arrêté d’échanger les instruments : ça te ramène à l’élémentaire de la musique au lieu de te raccrocher à la théorie. De cette manière, on est plus parasité par la technique. »

C’est pour cette raison qu’ils composent entièrement en improvisation. « C’est cool, y’a jamais une seule personne qui conçoit tout dans le groupe. De temps en temps, quelqu’un arrive avec une idée ou une démo qu’il a faite et on va tous la développer. » Leur méthode repose sur le collectif. « A notre premier concert, on a décidé d’enregistrer notre concert, on a posé un magnéto sur le bar pour avoir une vue d’ensemble. En ré-écoutant la bande, on a repéré les idées qui se cachaient derrières nos impros et on les a développées. C’est entièrement basé sur la collaboration. »
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Les Givers puisent leur inspiration dans leur culture. « On a grandi avec le zydeco et la musique cajun, ça faisait partie de notre environnement musical. C’est inscrit dans notre subconscient, parce qu’on a grandi en Louisiane. Ca a toujours fait partie de notre vie, comme les festivals ou le fait de danser. C’est pas comme si on décidait de faire de la musique aux influences cajuns ou mâtinée de zydeco… Ca vient tout seul, c’est comme si ça faisait partie de notre ADN. »

Petite interruption pour un cours de musique louisianaise. « Il y a la musique cajun et le zydeco, même si on aime pas réellement séparer les deux – parce qu’ils viennent tous les deux de la même région. Mais le zydeco est plus influencé par la musique africaine alors que la musique cajun est plus d’influence franco-canadienne : c’est une musique traditionnelle, avec plus de racines folk. Le zydeco est plus dansant alors que la musique cajun va plus faire valser. Le jazz et le blues aussi font partie de notre culture, mais le zydeco est plus créole. C’est l’âme de la Louisiane avec la musique cajun. »

Retour au parcours de Givers, jonché de fanfares traditionnelles. « On a tous joué dans des groupes traditionnels. Taylor a tourné trois ans dans un groupe cajun et deux ans dans un groupe de zydeco. D’ailleurs, il n’a jamais tourné avec un groupe non traditionnel. Donc c’est pas le cœur de notre musique, mais ça fait partie intégrante de nous. A la base, on a un profond respect pour la musique traditionnelle, parce qu’on sait qu’il n’y a nulle part au monde où ça peut être aussi authentique qu’à La Fayette. »

C’est sûrement ces ingrédients hors du commun qui les a propulsés sur la scène de la Cigale pour le festival des inRocKs Black XS « On a tourné sans arrêt, on a joué autant qu’on a pu, parce que quand les gens reviennent d’un bon concert, ils en parlent autour d’eux. Et le catalyseur, c’est qu’on a eu la chance de jouer avec les Dirty Projectors. On venait de réaliser que c’était ce qu’on voulait faire, qu’on se sentait bien tous ensemble, quand un de nos groupes préférés a décidé de nous soutenir ! Du coup on a pu commencer à croire en nous-mêmes. »

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Mais toujours grâce à beaucoup de travail et un peu de chance. « Que les Dirty Projectors nous emmènent en tournée a été une réelle bénédiction. On saisi cette occasion pour focaliser toute notre énergie sur le projet… Et je pense que les gens l’ont réalisé quand ils nous ont vus jouer, que ça leur a donné envie de croire en notre rêve avec nous ! »

De fil en aiguille, il ont attiré l’attention des médias et des labels. « Un des membres de Dirty Projecteurs a parlé de nous dans un blog de référence, Stereogum, qui a par la suite écrit un article sur nous. C’est comme ça que Glassnote a entendu parler de nous et est venu nous voir jouer en live. Et on les a bluffés je suppose, parce qu’ils ont tenu à nous rencontrer après le show. » Pourtant, Givers ne s’en est pas remis à sa bonne étoile et a tout de même pris le temps d’étudier l’offre du label.« C’est pas une décision que tu veux prendre à la légère. On a suivi les recommandations d’autres groupes : il faut d’abord s’assurer que le label soit sincère, qu’ils aient la même vision que nous. C’est pour ça qu’on a signé avec eux, c’est des passionnés, et c’est l’essentiel. »

Réclame

Le premier album de Givers, In Light, est disponible chez Glassnote/Cooperative Music.
Givers a été sélectionné pour la programmation du festival Coachella 2012.


Remerciements : Michele Marcolungo (Coop)

Catégorie : A la une, Entretiens
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