Une soirée dans les caves du 11ème

S’il y a bien une raison pour laquelle j’aime vivre à Paris c’est son activité musicale nocturne. Preuve en est ce lundi soir, apparemment aussi banal que la vérole dans les entrejambes de la rue Saint-Denis, où j’ai pu me faire cinq bons concerts sans dépenser un rond (et sans tricher).

Universal Diktat au Panic Room par Benjamin Lemaire

Universal Diktat au Panic Room par Benjamin Lemaire

L’été n’est pas là, mais le soleil fait tout comme. Devant le Panic Room, les Universal Diktat discutent à la lumière de la fin de journée. En bas, les Crazy Poodles finissent ce qu’on pourrait appeler des balances. En haut, le désormais incontournable Philippe Astruc, organisateur des nombreuses soirées Abstract (dont celle-ci), prend ses traditionnelles photos avec son Iphone qui viennent agrémenter les Facebook de tous les musiciens underground de Paris. A peine le temps de se faire offrir une bière au bar que le concert des Crazy Poodles commence dans la cave voutée du Panic Room. La salle est pleine d’une quinzaine de personnes, membres des groupes et organisateurs inclus. C’est ça la magie des concerts dans ces caves parisiennes : assister à un moment que peu verront. D’aucuns diront qu’ils n’ont rien manqué.

Venus d’Aix-en-Provence, les Crazy Poodles envoient du lourd son directement venu des années 70’s. Ça sature les amplis, ça mélodise avec des larsens, ça fait des solos supers aigus qu’on sent que le guitariste doit souvent jouer à Guitar Hero… Leur seul gros problème reste les voix. Bien que leurs textes semblent plutôt bien écrits (difficile d’en juger sur l’état du son), ils ne sont que peu portés par des voix approximatives (le batteur restant le meilleur chanteur) mais merveilleusement accompagne par une guitare rythmique juste et puissante (sauf quand Max se croit lui aussi dans Guitar Hero). Ceci dit, leurs 45 minutes de set se passent agréablement (même s’il va falloir apprendre qu’on ne joue pas du ukulele comme d’une guitare)… jusqu’à ce qu’ils interprètent Kevin, ode d’amour à leur… poisson rouge. Des paroles… étonnantes.Je préfère simplement espérer que c’est un second degré mal joué plutôt qu’une vraie chanson mélancolique.

Le concert à peine terminé on se sert la main et un verre avant d’aller discuter et fumer sur le pavé du bar. L’occasion pour aller saluer à vingt mètres de là Billy Jet Pilot et Howard Hughes qui discutent sur le parvis du Pop In. Ils jouent à 21H30. Juste le temps de voir le second groupe du Panic Room, de les écouter et de partir à l’International. Un planning parfait.
Universal Diktat donc. De prime abord je retiens leur nom. Original et sympathique. Un point déjà. Ensuite, la jolie claviériste fait plaisir à voir. C’est beau a musique. Avant qu’ils n’aient commencé à jouer, j’aime déjà ce groupe. C’est mon objectivité naturelle. Anyway. Les cinq versaillais (encore) un son propre –malgré le soundsystem exécrable- et calé, parfois un peu trop, basé sur des mélodies qui, sans être révolutionnaires, font plaisir à l’oreille. Et leur envie aussi. C’est ce que je retiendrai en quittant le concert au beau milieu pour rejoindre le Pop In.

A peine le temps de me faire offrir une bière par une connaissance d’une connaissance dont j’ai oublié le nom, l’arrière cave qui sert de salle de concert au Pop In se remplit. Sur scène, Howard Hughes et Billy Jet Pilot, connus comme étant respectivement les chanteurs et bassistes de notre groupe chouchou Coming Soon, accompagné par Jean Thévenin aux percussions rafistolées. Cette mini formation de fortune a même un nom. Hughes’ Airlines. Un des nombreux side-projets des Coming Soon (comme les Matching Cubes ou encore le projet solo de Ben Lupus). Anyway bis. Ce soir c’est donc le premier concert des Hughes’ Airlines, dont le set parfois approximatif n’a d’égal que sa spontanéité. Au programme une folk très Coming-Soon-des-débuts où l’on retrouve également les sonorités de l’album solo d’Howard. D’ailleurs, outre la reprise de Coming Soon, les hommages aux références phares de leurs projets ont nombreuses de The Man In Me de Dylan (qu’on retrouve dans l’excellent Big Lebowski des frères Coen) à Bill Callahan interprèté par Howie seul en acoustique avec sa guitare. Pour pimenter le tout, la chanteuse (et batteuse) newyorkaise Nan Turner, les rejoindre sur scène à deux reprises. Un concert étonnant et surprenant (dans le bon sens du terme cette fois). Agréable en somme.

Agréable comme une soirée d’été où l’on peu marcher de la rue Amelot à la rue Oberkampf de nuit en t-shirt et arriver sans avoir trop chaud dans les entrailles et l’incontournable International, le meilleur bar-concert de France (voire d’Europe, et même de l’Univers). A peine arrivé, une pinte m’est offerte. L’occasion d’écouter attentivement le post-rock presque psyché de Nestor is Bianca. Des mélodies asymétriques, travaillées, agréables… qui malheureusement dureront peu. C’est ça d’arriver à la bourre.

Le changement de plateau est l’occasion de remonter à la surface et de croiser quelque connaissance. Un copain d’EMI, un autre ingé son, et même un guitariste d’un groupe de rock parisien qui monte. Une vrai soirée à l’International comme je les aime. J’aurais même l’occasion de le dire à Raman, le programmateur des lieux qui nous offre au passage la Carte Blanche Noomiz le 16 juin à l’occasion de P20RIS (on en reparlera…).
Bim. Nouvelle et dernière bière. Nouveau et dernier concert. Les Bikinians. Découverts à travers un album (ou un EP) envoyé par Lara d’Ivox l’année passée, j’avais zappé le dernier passage parisien du groupe (enfin je crois). Eh bien j’ai compris ce que j’avais manqué. Outre un rock garage un peu punk (enfin à la Offspring quoi) sur les bords de mer, les Bikinians ont cette capacité qu’on peu de groupe à, comme on dit (mais qu’on écrit normalement pas), « trouer le cul ». En quelques titres, la bande de belge fait son… trou, justement. Et même si les premiers rangs semblaient déjà acquis (ou bourrés), allant même jusqu’à faire un rameur géant (ouais…), l’indéniable énergie de Bikinians mettra le feu à l’International pendant plus d’une heure. Un concert d’une rare intensité dans une salle qui a pourtant vu des centaines et des centaines de concerts passer sur sa scène.

Puis, il est rapidement l’heure de partir. Tel Cendrillon, le parisien se doit de rentrer avant minuit dans le métro, sans quoi son carrosse sur rails se transformera en véhicule particulier à forte valeur budgétaire… Et c’est justement dans mon carrosse sur rail que je me suis dit que je vivais quand même dans la plus belle ville du monde.


Remerciements : Philippe Astruc, Lara Orsal, Thomas Ducres

Catégorie : Concerts
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