Sarah Blasko

Révélée par le festival Les Femmes S’en Mêlent 2010, Sarah Blasko en est pourtant avec As Day Follow Night à son troisième album. A l’occasion de son concert au Café de la Danse en décembre dernier, Le Transistor est parti rencontrer la chanteuse aux multiples récompenses musicales australiennes. Le temps d’un café, c’est une femme simple, souriante et à l’écoute qui partage des épisodes de sa vie.

Si c’est son troisième album, As Day Follows Night est le premier que Sarah Blasko a écrit seule. « L’album est clairement plus personnel. Mais pas tant parce que j’ai arrêté de travailler avec Glenn Bennie, mais c’est plus parce que c’est arrivé à une période de ma vie où j’avais envie de prendre ce chemin. C’était assez effrayant que d’aborder des sujets personnels, parce que les deux autres albums, les images sont plus subtiles, on joue plus sur des métaphores, alors que celui là vient directement du cœur. »

Sarah Blasko

Sarah Blasko

Cet album a des airs de premier opus, dans lequel on donne tout, comme si on avait attendu des années pour s’exprimer. « A des moments, j’avais envie de tout mettre de côté pour me lancer dans des chansons moins personnelles… parce que j’avais peur. Mais mon producteur m’a encouragée dans la voie du cœur… C’était difficile, parce que j’avais jamais écrit aussi de manière aussi franche. Mais c’était important cette fois, d’être honnête parce que je pense qu’il y a une réelle force à être vulnérable. Et les gens se sentent plus concernés que quand c’est ouvert à interprétation. Là on peut pas se cacher derrière des métaphores. Les plus grands albums sont ceux qui sont les plus autobiographiques. »

En parlant d’autobiographie, c’est dans une église que Sarah a chanté pour la première fois. « Mes parents étaient missionnaires,donc j’ai passé beaucoup de temps à l’église. Mais sinon, comme les autres enfants, j’écoutais les Top 50, la radio, et mon père passait pas mal de disques. Il était fan de classique et de jazz, il m’a donné l’amour de la musique. Mais la première fois que j’ai chanté, c’était à l’église, à l’unisson avec tout le monde. Et petit à petit, la musique a pris de plus en plus de place, jusqu’au point où ça a pris le pas sur le reste.
Pourtant, son professeur de musique l’a traumatisée. « Oui, c’est drôle. Le problème c’est que je connaissais pas le solfège. Pour moi la musique, ça s’entendait, ça se lisait pas… et les notes sur les portées, ça ressemblait à des maths ! Donc j’étais mauvaise en cours de musique et je papotais sans arrêt. La prof m’a alors dit que j’avais aucun sens de la musique. De ce moment, la musique est devenue quelque chose de très privé. Il y avait un fossé entre moi et ceux qui connaissaient la musique. J’aimais la musique, mais j’avais l’impression que j’avais pas le droit d’en faire. »

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Ses premiers pas dans le monde de la musique ont été au sein du groupe Acquiesce, avec sa sœur. « Quand j’avais 18 ans on a monté un groupe avec ma soeur et à 21 ans, j’ai décidé de faire ma propre musique. Juste parce que c’était plus simple, parce qu’au sein du groupe, c’était compliqué de motiver tout le monde. Et y’avait tellement de choses que je voulais faire, je me suis dit que le mieux était de le faire moi-même. » Elle a surmonté son trauma et joue maintenant de plusieurs instruments. « J’ai commencé la guitare à 19 ans, et ces dernières années, j’ai appris le piano. Je suis loin d’être une virtuose, mais ce qui me plaît c’est d’écrire et de chanter. Je fais ce que je peux. »

Même si elle a composé cet album seule, elle a travaillé avec Bjorn Yttling du groupe Peter, Bjorn and John. « Je cherchais un producteur, donc j’ai examiné ma collection d’albums. Sur ceux qui m’avaient le plus touchée, son nom est souvent revenu. J’ai cherché un moyen de le contacter et je lui ai envoyé une lettre… une lettre manuscrite d’ailleurs ! J’ai essayé d’écrire la lettre avec un ton un peu naïf. Je crois que ça l’a fait sourire. Et puis mes chansons lui ont plu. Lors d’un voyage, je l’ai rencontré pour parler de l’album. Il était très enthousiaste, donc quelques mois plus tard, je suis partie pour Stockholm on a commencé à travailler ensemble. » La collaboration ne s’est pourtant pas faite sans appréhension. « C’était assez difficile dans le sens où il faut apprendre à se connaître pour travailler ensemble. Puis il faut instaurer une confiance pour pouvoir avancer. On veut un son qui nous ressemble. On se met tellement de pression, on a certaines idées en tête, et on se doit de rester flexible. Il faut accepter qu’on puisse pas retranscrire exactement… Et parfois, on a qu’une idée vague, et il faut essayer différentes manières de les exprimer. En plus, avec Bjorn, il y avait la barrière de la langue… Donc quand je suis arrivée, j’ai eu comme l’impression de sauter d’une falaise. Mais on est rapidement retombés sur nos pieds. »

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Cet album s’adresse aux femmes, il les pousse à s’écouter, à se découvrir, à s’accomplir. Il donne image d’une femme moderne et pourtant le clip de ‘All I Want‘ fait très western. « Pour le clip‘, tout le monde avait cette idée d’une femme qui voulait se protéger, donc on voulait montrer cette image d’une femme seule dans l’environnement sauvage, une femme forte et indépendante. Et la musique a un côté western spaghetti, donc on est parti sur l’histoire du cowboy solitaire en cavale, sauf que là c’est une voyageuse qui arrive en ville à cheval. »
Le contraste réside aussi dans l’influence très comédie musicale de l’album. « J’aime beaucoup tous les classiques : The Sound Of Music, Cabaret, West Side Story… Il y a des chansons géniales ! Donc sur la version bonus de mon album, j’ai intégré quelques reprises. ‘Down on Love’ est très influencé par ce style de musique. Comme quand le personnage principal se retrouve seul et chante pour réfléchir à la situation. Ici, je l’ai écrite comme une introduction à l’album. Je voulais donner un ton, une atmosphère… avant que l’album commence. J’étais contente d’avoir pu résumer les intentions de l’album dans cette chanson.

Mais pour mieux raconter l’amour, Sarah Blasko s’est inspirée de Paris. « J’ai pas mal voyagé en France et j’adore Paris. Quand j’écrivais As Day Follows Night, j’ai eu une opportunité d’y passer quelques temps. Un ami m’a prêté son appartement et j’ai passé une semaine seule ici. Je connaissais personne, mais c’était bien parce que j’ai réellement eu le temps de travailler à mes chansons. C’est une ville magnifique, et je me suis dit que ce serait romantique de composer ici. »

Réclame

Sarah Blasko sera en concert samedi 9 avril en première partie de Peter, Bjorn & John au Point FMR.
L’album As Day Follow Night est déjà disponible


Remerciements : Damien Jouvenceau

Catégorie : Entretiens
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