Nick Cave et Warren Ellis à la Salle Pleyel

Que c’est long, un an et demi sans shooting de concert ! Le Transistor est bien heureux de reprendre du service, surtout avec Nick Cave et Warren Ellis à la salle Pleyel. Et même si les photographes avaient le droit de rester seulement pour le premier titre, ce concert nous permet de parler de leurs récents projets communs.

Nick Cave et Warren Ellis

Warren Ellis, en homme-orchestre multi-instrumentiste, est assis sur le côté, tandis que Nick Cave ne tient pas en place debout sur scène. Ils sont soutenus derrière eux par trois choristes et un batteur, comme pour mieux souligner que ce tour de chant est surtout celui d’un duo.

Car depuis plus de vingt-cinq ans qu’ils collaborent au sein des Bad Seeds, de feu-Grinderman, ou en tant que compositeurs de musiques de films, les deux comparses n’ont cessé de se rapprocher.

Warren Ellis avait déjà été le principal collaborateur de Nick Cave sur l’album Ghosteen, signé des Seeds, en 2019. Mais le récent Carnage, sorti en février 2021, scelle donc une collaboration devenue, ici, exclusive.

Et quinze ans après la part I, la toute nouvelle compilation des Bad Seeds, sobrement nommée B-Sides and Rarities Part II, vient tout juste de paraître.

Carnage

Avec Carnage, le duo navigue entre spiritualité, introspection, transe, mais aussi sérénité voire euphorie. Après l’oppressant et lancinant ‘Hand of God’, un ‘Old time’ inquiétant comme une scène sombre de Blade Runner, on a presque la surprise de vivre des moments bien plus lumineux avec ‘Carnage’ et surtout ‘White Elephant’. Ce dernier nous a scotchés avec sa seconde partie s’envolant telle une jouissive chorale épique. Evidemment, il manquera peut-être du bruit et de la fureur aux fidèles des Seeds, mais le tournant pris par Nick Cave depuis cinq ans et l’album de deuil Skeleton Tree semble déboucher sur une sorte de thérapie orchestrée par Warren Ellis, et ici exacerbée par une genèse sous confinement.

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B-Sides and Rarities part II

Nick Cave et Warren Ellis se sont donc chargés de compiler ces vingt-sept titres comprenant pas mal d’inédits ou de morceaux presque oubliés. Ne pas se fier au premier titre ‘Hey little firing squad’, chanson garage enjouée, et donc ‘face B’ (nous, on dirait plutôt ‘A bis’) parue il y a une dizaine d’années. Car l’essentiel de la compil reste calme et sombre. Une autre exception serait ‘Accidents will happen’, avec ses chœurs charmants, son joli refrain entêtant et son solo de guitare fuzzy. Dans un genre plus pop, voire même hyper-accessible, le bijou lumineux ‘Vortex’ nous semble sortir du lot. Il était déjà audible (même si différent) depuis l’époque Grinderman, mais sans véritable support. On se demande même comment des enregistrements de cette trempe n’arrivent pas à trouver leur place sur disque…

Puis la compilation se pare d’une certaine gravité, avec des titres plus sombres et torturés, comme ‘Needle boy’, ‘Lightning bolts’, ou le très distordu ‘Animal X’.
On découvre également quelques jolies touches de douceur, notamment un duo avec Debbie Harry sur un accompagnement guitare sèche ; puis une reprise de Léonard Cohen, ‘Avalanche’, sur une base piano/violon ; une version live avec orchestre symphonique de ‘Push the sky away’, et le magnifique et atmosphérique ‘King sized Nick Cave blues’ qui navigue entre mélancolie et romantisme.
Les premières versions de ‘Skeleton trees’, ‘Girl in amber’, ‘Bright horses’, ‘Waiting for you’ (des derniers albums des Seeds les plus emplis de spleen Skeleton Trees et Ghosteen) ne vont donc pas être les plus funs…

Après l’ultime titre quasi christique et plein d’espoir, ‘Earthlings’, on sort assez chamboulés par cette écoute. Car un disque labellisé Nick Cave fait forcément vivre une foule d’émotions. A priori, même chez les fans hardcore, ce nouvel opus ne peut décevoir.

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Réclame

Nick Cave sera notamment en concert à Rock en Seine, mais aussi au Primavera Sound, aux Nuits de Fourvière, les Eurockéennes de Belfort…
Lire le live report de Nick Cave & the Bad Seeds au Trianon


Remerciements : Laurence Alvart

Catégorie : A la une, Reportages
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