La Roux à l’Elysée Montmartre

La Roux donnait le coup d’envoi de sa tournée à Paris, à l’Élysée Montmartre, pour son nouvel album Supervision. Après tant d’années d’absence, le set n’est pas franchement convaincant, aux allures de cocktail tropical tiède où l’abondance de néons ne parvient pas à compenser le manque d’envie et d’investissement d’une chanteuse fuyante.

Quand c’est trop, c’est Tropico



Son nouvel album Supervision à peine sorti (la critique c’est par là), Elly Jackson s’est embarquée, peut-être un peu tôt, dans une tournée en soutien à ses derniers titres. Flanquée d’une fresque de fond toute en néon, elle ne quittera que très rarement la pénombre auto-imposée d’une scène qu’elle aura du mal à habiter. Au cas où les palmiers fluorescents ne suffiraient pas à imposer un thème, c’est au percussionniste qu’est confiée la tâche d’assurer le fil rouge de la soirée. Sympa les vingt premières minutes, l’ambiance tropicale se révèle vite irritante tant elle lisse à outrance tous les morceaux en une mixtape tiède où tout finit par se ressembler.

Côté setlist, La Roux est morte, vive La Roux ! Pas question de faire du fan service avec des titres du premier album qui seront délivrés du bout des lèvres et avec un enthousiasme rare (“I remixed it because I fucking hate it”, dira-t-elle pour introduire ‘Bulletproof’, l’une de ses rares prises de parole). Le set alterne donc entre des titres du deuxième album, pour lesquels elle semble plus à l’aise, et la quasi totalité des huit morceaux du dernier, qu’elle peine à porter, convaincue que personne ne les a encore digérés.

Vous avez demandé La Roux ? Ne quittez pas

Il faudra attendre le sixième morceau, ‘Cruel Sexuality’, pour avoir l’esquisse d’un sourire. C’est dire si la dame est chaleureuse ! Stress ? Timidité ? Manque d’assurance parce que première date ? Les paris sont ouverts. Silhouette à épaulettes, elle navigue entre ses trois musiciens, plongés dans le noir, et un avant-scène qu’elle n’ose trop fréquenter. Un grand merci au blazer bicolore (celui de la pochette de Supervision) qui permet de la retrouver quand l’oeil a décidé de démissionner après de longues secondes à tenter de la suivre dans le noir. L’éclairage au néon par derrière lui permet de rester dissimulée au point qu’il est difficile de savoir quand elle chante réellement et quand elle laisse faire les bandes préenregistrées. Seules les quelques fausses notes et éraillements trahiront sa présence sur des passages à réveiller un chenil. Aucune émotion n’atteint la fosse, même si elle paraît clairement aimer ses nouveaux titres, servis à l’identique de l’enregistrement studio.

À mesure que le set passe, les tympans trépassent, comme si montée en puissance signifiait montée en volume. Les derniers titres se font douloureux, surtout lorsqu’ils sont délivrés à la manière du premier album, en voix de mèche (un cran au-dessus de la voix de tête). ‘Colourless Colour’, qui boucle le show avant les rappels, est ainsi à la limite de l’écoutable, beuglé sans âme et sans envie dans le rétroviseur. Elle finira éclairée, triomphante d’elle-même, comme si une épreuve était passée, en laissant l’impression d’un acouphène endimanché venu délivrer une suite de morceaux sans vraiment vouloir en faire un moment de partage. Dommage.

Setlist : Uptight Downtown, Sexotheque, Automatic Driver, Otherside, He Rides, Cruel Sexuality, Do You Feel, Bulletproof, Everything I Live For, 21st Century, Colourless Colour, In For The Kill, International Woman of Leisure.


Remerciements : Elsa MARTIN SAINT LEON

Catégorie : A la une, Concerts
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