Feist – Pleasure

Leslie Feist est une artiste à part. Propulsée sur le devant de la scène grâce à deux pubs et deux morceaux, ‘1,2,3,4‘ et ‘Mushaboom‘, on découvre alors une songrwriteuse de génie, mêlant les genres, entre folk éthérée et indie-pop foisonnante. Deux succès qui auraient pu faire tourner la tête de la Canadienne et la mener tout droit vers le dangereux terrain de la production massive et du mainstream. Que nenni ! Depuis 2004, seulement quatre albums à son actif, dont le tout récent Pleasure. Et une fois encore, la magie opère.

Feist

Leslie Feist aime prendre son temps. Là, elle aura mis six ans avant de nous dévoiler le successeur du très éclectique et classieux Metals. Six années où la néo-quarantenaire a connu les déceptions, le doute, la dépression. Jusqu’au moment où elle décide de reprendre le contrôle de sa vie, tout en acceptant de ne pas en avoir toutes les réponses. Et quoi de mieux que la musique pour retranscrire tous ces sentiments contradictoires ? Album intimiste, Pleasure est paradoxalement le plus universel de l’auteure. Avec sa voix par moment susurrée, d’autres fois assurée, Feist nous parle d’amour, de solitude mais aussi de rage de vivre, d’émerveillement. Et après tout, n’est-ce pas cela la vie, ce balancement perpétuel entre le positif et le négatif ?

Pleasure aurait pu être l’album de la profonde déprime. Il est celui de la mélancolie lumineuse. Et ce notamment grâce à des arrangements toujours aussi soignés. Après l’ambitieux Metals, Feist revient à ce décor épuré qui lui allait si bien dans Let It Die. Entourée de ses acolytes Renaud Letang et Mocky à la production, le son est volontairement brut (quelle bonne idée de laisser le souffle du studio !), porté par le jeu de guitare si caractéristique de la fille de Calgary.

Mais, vous l’aurez compris, Leslie Feist est une personne complexe. Une complexité qui se ressent dans sa musique. Pleasure, c’est onze morceaux qui ne nous emmènent jamais où l’on pourrait s’y attendre. Par touches, la compositrice distille ses influences musicales, du punk avec le surprenant ‘Pleasure‘, au blues (« I’m Not Running Away ») en passant par la parfaite folk-song avec le sublime ‘A Man Is Not His Song‘ et son petit clin d’œil aux métaleux de Mastodon. A l’arrivée, ce sont 53 minutes où l’on oscille, sans jamais se perdre, entre titres puissants et véritables ballades obsédantes.

A la fin de ce Pleasure, une pensée s’impose : Feist fait partie des grands et ne cesse de nous le montrer à chaque sortie. En espérant qu’elle n’attende pas des années pour nous surprendre et, à coup sûr, nous régaler à nouveau.

Réclame

Pleasure, le cinquième album de Feist, est paru chez Polydor
Feist sera en concert le 19 juillet à l’Olympia


Remerciements : Nina Veyrier

Catégorie : A la une, Albums
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