Entretien avec Plants and Animals

Au Printemps de Bourges 2013, Le Transistor avait interviewé Plants and Animals pour parler de leur troisième album The End of That. Sauf que depuis, les Canadiens n’ont pas eu l’occasion de revenir en Europe. Heureusement, ils reviennent présenter leur tout dernier Waltzed in from the Rumbling ! Nous en profitons donc pour partager cette rencontre mi-anglophone mi-francophone avec le trio pour parler de studios, de drogues, de barbecue…

En effet, le morceau éponyme ‘The End of That‘ parle de cocaïne. “Ca raconte une expérience qui finit pas bien. Je pourrais pas travailler sous l’effet de cette drogue ! Si t’as besoin de ça tout le temps, je trouve ça triste. T’es pas toi-même quand t’en prends donc ça veut dire que t’es perdu. »

Pour The End of That, Plants and Animals étaient venu enregistrer à Paris.
Matthew Woodley : On était déjà venus dans ce studio à La Frette, un peu en dehors de Paris.
Warren Spicer : On avait passé seulement quelques jours pour des mix, et on a décidé de revenir pour faire un album entier.
Nicolas Basque : D’habitude, on va au Treatment Room à Montreal, un studio où tous les murs sont bruns, sans fenêtres. Tandis que celui à Paris, c’est un manoir ! Donc avec ce côté plus grandiose, mais les deux ont leur force. En tous cas, c’est super inspirant. Karkwa y a enregistré (lire l’interview).
Warren : Sauf qu’à Montréal on peut rentrer chez nous, on peut mener notre vie. Alors que quand on vient à Paris pour faire un album, on est un peu coincés. Finalement on a trouvé l’exercice un peu difficile.
Nicolas : On avait jamais l’espace pour se séparer de la musique, pour penser à autre chose parce qu’on habitait ensemble en plus.
Matthew : En plus on a fait deux à trois semaines complètes, sans pause. A un moment tu deviens un peu fou. »

Au début, la session d’enregistrement de l’album ne s’est pas bien passée.
Warren : Il y avait cette idée au départ de faire un disque live, d’essayer de capturer cette essence… Et on pensait que le meilleur moyen de le faire c’était de s’enfermer quelque part pendant trois semaines, et d’arriver le mieux préparé possible.
Nicolas : On s’était imaginé qu’on allait jouer comme un concert chaque soir, pour prendre ensuite les meilleures pièces de chaque prise. Mais finalement l’idée s’est modifiée en cours de route… pour le mieux je pense à ce moment-là.
Warren : C’était un peu… exigeant puis décevant de voir que ce qu’on avait imaginé finalement ne fonctionnait pas. »
The End of That serait en quelques sortes un album de transition.
Nicolas : Je pense que cet album était une manière d’essayer de comprendre comment le réaliser. On a toujours eu l’impression d’être en mouvement : comme si on l’avait réalisé dans une direction. Quand on a fini l’album on s’est senti comme si on avait atterri ailleurs. Tout est arrivé très rapidement. Et d’un coup on était déjà sur la prochaine étape, en train de s’éloigner de cet album de plein de façons différentes…
Warren : On a pas pris le temps de le digérer.
Nicolas : Quelque part, on ne pouvait plus revenir en arrière. Il fallait absolument le finir.
Warren : C’était un rythme assez frénétique. On s’était imposé beaucoup de contraintes et de pressions. Mais il n’y avait pas que des tensions non plus, il y a eu aussi des moments de détente ! »

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The End of That semble être un album plus personnel que les précédents.
Warren : Les autres albums le sont aussi, d’une manière différente. Il y a toujours des éléments qui proviennent de notre vie, je suppose.
Nicolas : Avant que tout s’organise, on s’est tous mis d’accord sur le fait qu’on voulait quelque chose d’honnête et direct.
Warren : Et c’était des paroles assez personnelles, des chansons sur des luttes, certaines parlaient de ce que j’étais en train de traverser…
Nicolas : mais c’était pas au sujet du groupe en fait.
Warren : C’était à propos de moi… Certaines parlent de mes histoires personnelles et d’autres j’invente juste des conneries qui sonnent bien. Peut-être la moitié mais c’est pas forcément exclusif, ça m’arrive de mixer les éléments. Personne ne sait le vrai du faux et c’est pas important au final. L’essentiel c’est que ça paraisse vrai. »
Avec cette impression de mur de son pour protéger cet aspect vulnérable.
Warren : L’idée était de garder l’album aussi nu que possible. On avait envisagé de le faire en live, tous ensembles dans une seule pièce. Ca a rapidement dévié parce qu’on ne trouvait pas ce qu’on venait chercher mais on a gardé cette idée d’un album très pur.
Nicolas : C’est la trajectoire aussi depuis le début. On a fait un premier disque naïvement, en se mettant doucement la pression pour avoir un rendu studio. Puis on s’est mis à faire des concerts, ce qui est devenu une des forces de notre groupe. Et finalement les commentaires qu’on avait après les shows, c’était que le public retrouvait pas le ressenti sur nos albums. C’est pour ça qu’on s’est posé la question.
Warren : Mais après l’avoir terminé, on a réalisé que c’est peut-être pas non plus la solution, il y a peut-être d’autres façons de faire.
Nicolas : Cela dit, ça nous permet de rebondir sur autre chose. Parce que des fois il y a des trucs qu’il faut faire, pour se dire qu’on a réussi et pouvoir passer à autre chose.
Warren : On avait peut-être juste besoin d’une pause. On venait de tourner avant d’entrer en studio… On aurait peut-être dû prendre un peu de temps. »

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Ce qui a permis de débloquer la situation c’est un voisin qui les a engueulés.
Warren : C’était la fête du travail je crois.
Nicolas : Il avait invité toute sa famille dans sa cour pour un barbecue et il n’aimait pas le bruit qu’on faisait. Donc on a été obligés d’arrêter. C’est là qu’on a décidé d’ajouter des extraits et des effets, et ça a enlevé beaucoup de pression.
Warren : On voulait juste essayer de faire le maximum avec le minimum de production. Que peut-on faire juste nous trois ? Comment ça sonne quand on joue ensemble ? Et c’était difficile.
Matthew : Ce jour-là, on a fait un souper ensemble, tout le gang, et après le repas, on a eu envie d’enregistrer au sous-sol pour le fun.
Warren : Le propriétaire du studio, Olivier Bloch-Lainé, a pris une basse pour jouer avec nous. Nos copines étaient là aussi, et elles se sont mises à chanter. On s’est bien amusé, dans cette ambiance feu de camp. C’est vrai que ça a débloqué quelque chose.
Nicolas : On s’est dit que oui on a le droit de faire ça, c’est pas obligé que tout soit parfait et réglé.
Matthew : Peut-être que notre élément naturel, c’est une pièce sans fenêtre !
Nicolas : Ou la cave à vin…
Warren : Sauf qu’il n’y avait aucune bouteilles
Matthew : Parce qu’on avait tout bu ! »

Réclame

Waltzed in from the Rumbling, le quatrième album de Plants and Animals, est paru chez Secret City Records
Plants and Animals est en concert le 2 juin à l’Espace B


Remerciements : Jérémy Spellanzon

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