Last Train et The Animen à la Maroquinerie

Les Last Train n’ont dégainé qu’un EP, The Holy Family, et leurs nombreuses prestations scéniques (dont deux Bercy avant Johnny Hallyday et un Rock en Seine) les classent parmi les principales révélations rock. Agés d’à peine vingt ans, certains les comparent déjà au Black Rebel Motorcycle Club. Pour leur vingtième date parisienne, les jeunes Mulhousiens s’offrent une Maroquinerie blindée et nombre de groupes parisiens ne pourraient pas en dire autant. En première partie, les Suisses de The Animen, moins dark et plus rock’n roll.

The Animen

Vestimentairement parlant, The Animen sont tirés à quatre épingles, en costumes trois pièces et petites cravates plus ou moins texanes ou lavallières. On les imagineraient bien échappés du Swinging London des sixties. Mais en 2015, ils étaient surtout à Nashville, Tennessee, pour enregistrer leur deuxième album récemment sorti, Are We There Yet?. Musicalement, The Kinks ne sont jamais bien loin, les Thee Vicars non plus, mais en nettement plus proprets.

Le leader Theo Wyser joue de ses hurlements rugueux et de son vibrato vocal sur des morceaux tendance garage, mais parfois avec un léger côté poppy. On passe même par des moments plus langoureux, comme sur ‘My pretty ballerina‘, introduit par un ukulele apaisant, mais qui sera vite doublé par une grosse gratte saturée. Wyser tient la baraque, capte parfaitement l’audience, et entame leur récent titre ‘At War‘ avec d’étonnants cris d’Indiens, enchaînés par une batterie typée cavalcade.

Finalement, leur côté British prend des airs de western, pour un set pas forcément animal, mais en tout cas intense et captivant.

Last Train

On reste dans le far-west avec les Alsaciens. Cette phrase peut sembler anachronique mais les quatre rockeurs de l’est s’amènent toujours sous une bande son composée par Ennio Morricone pour le film Kill Bill. Des choeurs homériques envahissent une Maroq’ plongée dans le noir. L’ambiance est posée, et ça démarre très gras et lourd avec le titre ‘The Holy Family‘. Les guitares bourdonnent dans les graves pour des fans déjà à donf’, même sur ce titre assez lent. Un poil plus psyché, ‘Leaving You Now‘ en rajoute une couche dans le style lancinant avec montées puissantes.

Le leader Jean-Noël entame déjà les refrains en hurlant comme un furieux, la voix presque cassée, comme s’il fallait tout donner dès le début. Idem sur ‘Fire‘, titre des plus attendus, véritable montagne russe, oscillant entre longues parties de guitares cleans apaisées et décharges de fuzz apocalyptiques. Dans le genre, un morceau comme ‘Jane‘ ne démérite pas non plus, avec en prime de longs solos de gratte enivrants, renouvelant habilement les cris du public aux moments clés.

Jean-Noël est assez démonstratif, brandissant sans cesse le poing, ou fendant le public pour y jouer quelques riffs. Julien, l’autre gratteux, est plus à la cool : lorsqu’il ne fait pas également quelques incartades dans la foule, il fume sa clope. Quel renégat ! En rappel, ‘Cold Fever‘ enflamme à nouveau la Maroq’ et conclut une bonne heure d’un set prenant, sans aucun temps mort. Quelques mercis, quelques ça va, quelques crachats (re-renégat), et Jean-Noël sort un papier avec la longue liste des personnes qu’il tient à saluer.

Le final accolades et larmichettes semble sincère, d’autant que le groupe ne doit son succès grandissant qu’à lui-même et à sa totale indépendance, en dehors du circuit des gros labels forcément alléchés. Avec désormais le FAIR pour avancer bien armés dans cette industrie. Cela dit, on est toujours réservés sur certains aspects un peu fake, comme leur final habituel, pseudo déglingué avec désossage de batterie, et guitares négligemment balancées, mais d’assez bas pour pas qu’elles prennent trop cher… C’est vrai qu’ils font bien proprets pour des mecs qui crachent par terre. Malgré tout, on a hâte d’entendre un album.

Réclame

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Remerciements : Marie Britsch

Catégorie : A la une, Concerts
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