Entretien avec Only Real

Depuis trois ans Only Real a pas mal crapahuté, en France comme sur ses terres, en Angleterre. Du Lieu Unique à Nantes au Pitchfork Music Festival Paris avec passage obligé au SxSW. Et l’année dernière en tournée de festival, et notamment La Route du Rock, pour défendre son premier album Jerk At The End of The Line, une collection de ses démos adolescentes. De la pop au flow suffisamment aiguisé pour assumer son côté sucré. C’est avant son dernier concert, au Café de la Danse, que Le Transistor a rencontré Niall Galvin juste pour parler projets et contrats.

Only Real

Très décontracté, Niall Galvin admet qu’il a toujours voulu faire de la musique populaire. « Mais je n’ai jamais cherché à faire de la musique légère. Bien sûr je voulais faire de la musique d’été, mais ça veut pas dire qu’elle est pour autant légère. Une musique joyeuse peut aussi être sérieuse… »

En cette fin de tournée pour son premier Jerk At The End of The Line, Only Real n’a aucun programme en tête. « Je sais pas trop ce que je vais faire. Je vais prendre du temps pour écrire, et voir ce qui se passe, sans forcer. Je vais faire d’autres morceaux pour Only Real mais j’ai d’autres projets sur le feu, donc je vais faire plein de choses différentes et voir ce vers quoi je tends naturellement. C’est excitant de rentrer, c’est libérateur aussi, mais surtout effrayant, parce que je sais pas trop ce qui m’attend. » Niall Galvin se sent libre de suivre n’importe laquelle de ses envies musicales. « Maintenant que j’ai tourné, je comprends un peu mieux le monde de l’industrie de la musique. En tant qu’artiste solo, j’ai le luxe de faire ce que je veux. Je n’ai pas de responsabilités, je n’ai de comptes à rendre qu’à moi-même. J’essaie de garder un esprit ouvert, je veux essayer de nouvelles choses, pour voir ce que je vaux. Par exemple, je ne suis clairement pas un producteur, je n’ai pas la connaissance technique, mais j’aimerais vraiment tenter le coup. »

Pour le moment, Only Real n’a pas envie de se lancer dans son deuxième album. « Beaucoup ont l’impression qu’il faut absolument faire un deuxième album dans la foulée. Personnellement j’essaie de garder mes options ouvertes. Dans un an, si ça se trouve, je me dirai que ça fait un bail, on verra. Je ne suis plus avec Virgin donc je suis totalement libre. Je trouvais pas qu’ils faisaient assez d’efforts sur mon projet. Je me sentais un petit poisson dans le grand bassin.» En fait, Niall Galvin semble être revenu assez désabusé de cette première expérience. « Même si les personnes avec qui j’ai bossé étaient super, je pense que je ne suis pas un artiste fait pour être signé en major : la manière dont j’envisage mon projet ne correspond pas. D’un côté, ils ont débloqué certaines choses : j’ai eu de superbes opportunités, ils ont payés pour des clips comme ‘Can’t Get Happy‘, qui a coûté pas mal de thunes. Donc je regrette pas de l’avoir fait, mais… ça ne matchait pas, et ce des deux côtés en fait. Je pense que je suis plus indie. »

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Remarqué dès ses premières démos, Only Real a tout de même eu du mal à trouver un contrat. « Quand tu signes avec une major, les gens pensent que tu aurais pu signer avec n’importe qui. Mais c’est pas comme si tous les labels de la planète nous avaient proposé un contrat non plus. Parfois il faut prendre ce qu’on nous propose. Bien sûr j’avais d’autres offres… C’est juste que ceux avec qui j’ai signé étaient cool. Sauf que certains ont quitté le label après que j’aie signé, ce qui fait partie des choses qui arrivent quand tu signes avec une major… » Très réaliste, Niall Galvin raconte son histoire, qui n’est pas si exceptionnelle. « Mais ça veut dire que la personne la plus motivée sur ton projet n’est plus là pour te défendre. Du coup, mon manager et moi on s’est retrouvé à assurer le boulot de DA, même si on avait de toute manière envie de le faire… C’était une expérience enrichissante, mais si j’avais à signer un contrat maintenant, je préfèrerais le faire avec un label indé. Si ça colle ! Parce qu’il faut s’assurer que ce soit le bon match aussi. »

Le jeune artiste ne se fait pas non plus d’illusions sur les labels indépendants. « Certains de mes potes en label indé ont eu à gérer les mêmes conneries, comme les demandes de single et toutes ces choses. Les labels sont là pour faire de l’argent. Et ça ne me pose pas de problème, puisqu’ils nous paient, il faut bien qu’ils en génèrent. Certaines facettes de cette industrie sont à proprement parler horribles, mais en général, j’essaie de ne pas trop m’en mêler. Tant que je peux faire de la musique… »

L’essentiel est que Niall Galvin ne soit pas lassé de son propre projet. « Quand j’ai commencé Only Real j’avais 18 ou 19, j’en ai 24 ans maintenant. Je suis dans un autre état d’esprit, et la musique que j’écris maintenant est vraiment différente. Je suis toujours la même personne, j’ai toujours cet aspect positif en moi, et les choses qui me paraissent importantes – comme les paroles et les mélodies – n’ont pas changé. » Heureusement l’artiste a envie de le faire évoluer. « Néanmoins, ma voix de chant, mon flow s’est drastiquement ralenti, plus relax. Il y a moins de mots, ce qui fait que ma musique tend légèrement moins vers le rap. Mais je pars un peu dans tous les sens en ce moment, j’ai tellement d’idées, et je change d’avis sans arrêt. Et ça ne me pose aucun problème. »

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Quoi qu’il arrive, Niall Galvin reste optimiste, comme sa musique. « Bien sûr ce n’est pas une musique sans profondeur : les paroles sont sincères, je parle de choses qui me sont réellement arrivées. Certaines sont joyeuses, d’autres sont tristes… C’est un mix, j’ai toujours voulu que ce soit le cas : je suis humain, donc c’est plutôt une question de trouver l’équilibre dans mes chansons. Je cherche juste un moyen d’exprimer mes sentiments. Mais je pense qu’en général, du moins jusqu’à présent, le sentiment dominant, c’est un positivisme, avec l’envie de voir le bon côté des choses. » Et son album Jerk At The End of The Line arrive trouver l’équilibre entre intimité et ouverture. « Il y a mon histoire, et ce que les gens veulent en faire. Parce que si je parle d’une fille en particulier, les gens ne la connaissent pas, mais ils peuvent avoir ressenti la même chose dans des situations similaires. C’est comme une collection de sentiments… J’aime pas quand les artistes donnent le nom d’une fille à une chanson ; pour moi c’est trop, c’est pas nécessaire. Mais c’est aussi parce que je me souviens pas des prénoms de mes ex que je donne pas leur nom à mes chansons ! (rires)

Réclame

Jerk At The End of the Line, le premier album de Only Real, est paru chez Virgin.
Lire le compte rendu du concert de Only Real à La Route du Rock


Remerciements : Caroline Smith et Ana Ze

Catégorie : A la une, Entretiens
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