Nicolas Godin à la Gaîté Lyrique

Le laboratoire itinérant de jeunes artistes qu’est la Red Bull Music Academy a pris cette année ses quartiers en France, et plus particulièrement à la Gaité Lyrique. Dans ce cadre, le plateau accueille seniors et juniors, un peu comme un exercice de travaux pratiques. La soirée fleure la promo et le budget : cameras d’Arte concerts, logos RBMA partout, et de nombreux happy few dont le guitariste de Phoenix, Catherine Ringer… En final on aura droit au concert de Nicolas Godin, qui délaisse Air le temps d’un album sorti en septembre: Contrepoint, hommage à Jean-Sébastien Bach.

Sobrenadar


Cette jeune argentine explore les versants les plus vaporeux de la dream pop. Cette élève de la RBMA est d’une sobriété totale, paraissant bien studieuse dans son attitude et dans son chant élégant et réverbéré. Elle exploite à fond le potentiel visuel de la magnifique salle de la Gaité Lyrique, du point de vue des lights, mais surtout de la video à 360 degrés. Seule avec son Mac et sa telecaster, elle livre un set archi-planant constellé de nappes nébuleuses. Le moment est charmant mais les chansons se ressemblent tout de même beaucoup…

Dub I Prosto Derevo


Encore une jeune musicienne solo. Cette jeune russe très appliquée fait ses classes sur fond d’electro presque minimale, quasiment sans paroles, avec arpèges de guitare claire. On se sent presque dans un after à Ibiza. D’ailleurs, pas mal de spectateurs s’assoient par terre et semblent vraiment happés par le trip. Mais sa boîte à rythme (aka son ipad) se fait ensuite de plus en plus rapide et pêchue, tout comme sa guitare, davantage disto. Elle est autant applaudie qu’elle est émue, voire timide. Charmant.

Laetitia Sadier


Un peu étrange de retrouver pour ce plateau la chanteuse du groupe d’electro-pop Stereolab. Elle a désormais pas mal d’activités en solo et a sorti fin 2014 son troisième album, Silencio. Ses chansons mélancoliques sont agréables, la basse est hyper pop sixties à la Gainsbourg, le batteur pousse également la chansonnette… mais on n’arrive pas vraiment à accrocher. Encore un concert assez aérien, mais auquel il manque un truc. D’autant que les interventions de la chanteuse entre les titres tombent un peu à plat. Évidemment le titre le plus péchu est à la fin, ponctuée d’applaudissements timides.

Nicolas Godin


Avec huit claviers sur scène, répartis entre Nicolas Godin et son pianiste, on sent quelle direction va prendre le concert. Dès les premiers arpèges, les synthés bubbly s’envolent dans les airs, enchaînés avec une espèce de Toccata de Bach au clavecin modernisé. La batterie est jazz et feutrée et les guitares acoustiques ou saturées ne sont pas délaissées, mais n’interviennent qu’avec parcimonie.

Godin sort parfois sa basse ou chante du bout des lèvres dans son vocoder, lors de certains passages planants pouvant rappeler Air. Mais il reste plutôt en retrait, comme si finalement ‘Nicolas Godin‘ était le nom d’un groupe. La star de la soirée serait presque le claviériste : ses sonorités abordées vont du piano classique aux nappes brumeuses, en passant par du clavecin virtuose disto.

Le projet électro-pop de Nicolas Godin rappelle donc qu’il souhaite revisiter son mentor: Jean-Sébastien Bach, qui semble réincarné dans chaque titre, par petites touches (de synthé). Sans être vraiment spectaculaire, la pénombre étant de rigueur, la scénographie laisse apercevpor notamment un autre mentor de Godin : Glenn Gould. Les clins d’oeil musicaux ou visuels sont présents à foison, mais pas toujours palpables pour les moins initiés. Un disque et un concert qui réjouiront les connaisseurs, mais pas forcément tout le monde (nous, quoi…)


Remerciements : Florent [MPC]

Catégorie : A la une, Concerts
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