Entretien avec Say Yes Dog

Say Yes Dog c’est un trio qui nous vient de Luxembourg, ou des Pays-Bas, ou peut-être d’Allemagne… On n’est pas trop sûr et en même temps, c’est pas bien grave. Ce qui compte c’est qu’ils ont sorti un premier album alliant la souplesse Hot Chip et la touchante naïveté des débuts de Metronomy. Après avoir écouté ledit Plastic Love en boucle sur platine, Le Transistor est allé les voir en live au MaMA. Et c’est donc à l’issue du concert que l’interview s’est déroulée, dans les loges de Chez Moune.

Say Yes Dog

Le bassiste est à la bourre, car il a été retenu au merchandising par une demoiselle. Quand il arrive, il se fait direct vanner par le batteur.
Pascal Karier : Tu as chopé son numéro?
Paul Rundel : Oui ! Mais c’est pour une raison totalement professionnelle !
Aaron Ahrends : Ah bon ? T’es devenu gigolo ?
Paul : Non, sérieux, c’est parce qu’elle veut faire notre prochain clip !
Pascal : Bien entendu ! (rires)

Déterminé à changer le sujet de conversation, le bassiste prend les rennes.
Paul : Me dis pas, je connaîs les questions ! Pourquoi Say Yes Dog ? Où vous êtes-vous rencontrés ? Quel est votre slogan ? Quel a été votre concert préféré ?
Aaron (jouant le jeu) : Facile, c’était en France, ne serait parce qu’on a joué six fois à Paris !
Pascal (récitant par coeur) : On a joué avec Capital Cities au Nouveau Casino, puis fin 2012 à l’Espace B qu’on avait booké nous-mêmes. Et à l’International !

Say Yes Dog a donc beaucoup tourné avant de s’atteler au premier album.
Aaron : On aurait pu sortir un album plus tôt, mais on voulait pas. Il y a cette personne que j’admire, qui me disait toujours qu’un premier album c’est le plus important. C’est peut-être pas vrai, mais je l’ai pris au sérieux : il fallait que ce premier essai soit réellement bon. C’est pour ça qu’on a voulu prendre tout le temps nécessaire… parce que c’est notre première apparition.
Pascal: Au début on avait un EP, mais on avait besoin de plus de quatre morceaux pour les concerts. Ces morceaux ont fini par atterrir sur l’album mais dans une version complètement différente : on a gardé l’idée première, mais autour on a créé une chanson.
Aaron : En fait on a dû apprendre à faire des chansons qui tiennent debout seules, pour faire un album qu’on peut écouter de bout en bout. On voulait qu’il ait une réelle signification et pas qu’on ait pas l’impression d’une collection de chansons.

Ce qui fait que leur Plastic Love paraît bien réfléchi pour un premier album.
Aaron : Ce qui fait la spécificité de notre groupe, c’est qu’on fait les morceaux avant de les jouer en live. C’est un défi, parce qu’on risque de se retrouver avec des chansons qu’on sera peut-être pas capables de jouer en concert. Après, c’est à nous de trouver une solution pour le réaliser.
Paul : Ensuite, une fois en tournée, on n’a pas l’impression de les avoir trop jouée, on les connaît pas encore parfaitement. C’est cool, c’est comme si on était encore en train de les apprendre en quelque sorte ! Ca nous permet aussi de les modifier. Et c’est important pour nous, parce qu’on essaie de réellement créer une différence entre le live et l’album.
Pascal : En live, on a pas testé à proprement parler les morceaux, mais on regardait plutôt ce qui était possible, ce qui marchait.
Paul : Je pense que c’est une bonne approche, ça permet de voir les réactions du public. En fait, c’est comme si on créait de fausses chansons, que les gens ne connaissent pas parce qu’elles n’ont jamais été publiées. C’est une sorte de galop d’essai, comme ça, quand on se met à la production, on a une idée plus claire.

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Au passage, Say Yes Dog accepte avec fierté les comparaisons à Hot Chip et Metronomy.
Pascal : Je pense ce qui nous différencie, c’est qu’on est peut-être plus directs, plus pop quelque part… Dans le processus de composition, certaines décisions sont plus prises pour la chanson et non pour l’effet cool-indie. On apporte énormément d’attention au son, on s’applique beaucoup, Aaron travaille énormément et ne s’arrête pas avant d’avoir trouvé le son qu’il recherche.
Paul : Mais à la fin, tout est réfléchi dans le sens de la chanson. Par exemple, on adore The Beatles. clairement c’est ce que tout le monde dit, c’est lourd, mais de notre point de vue, je pense que c’est pertinent de le souligner.
Aaron : Ce qui est important, c’est que les chansons simples, sans arrangement, tiennent la route. Il faut toujours que même si les accords sont très simples, la mélodie soit bonne, solide.
Pascal : Au niveau des harmonies, ça peut être putain de compliqué, mais toujours à la fin, ce qui compte c’est que quand ça percute ton oreille, ça touche ton coeur mais aussi tes jambes.

Say Yes Dog s’est créé autour d’une envie de révolutionner de la musique de club.
Aaron : A l’origine de la plupart des chansons, c’est une idée très simple, comme si on composait pour les clubs. Quand on a commencé le groupe, je produisais pas mal de musique de club, c’est de là qu’est né le groupe. On a pris les morceaux et on en a fait des chansons. Ce qui fait que dans chaque chanson, les éléments de base sont simples : parfois c’est juste un mot, ou des harmonies, et pour moi c’est notre signature.
Paul : Mais je crois pas que notre album soit un album de dance pour autant.
Pascal : On veut faire de la musique qui touche les gens, mais qui les fasse danser surtout. Il y a beaucoup de rythmes entraînants, qui font bouger.
Paul : C’est le nerf de la guerre : faire que les gens bougent sans même en prendre conscience. Que le corps prenne les commandes pour obéir à la musique.
Pascal : Mais tu vas aussi ressentir d’autres choses… on essaie d’avoir d’autres dimension que juste la dance.
Aaron : On veut pas jouer que dans les clubs, avec quelques aides chimiques genre MDMA.

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Si le groupe s’est lancé en live au débotté pour un festival, leur set a beaucoup évolué depuis trois ans qu’ils tournent.
Aaron : C’est agréable de pouvoir choisir les morceaux qui nous plaisent vraiment. Je me souviens, il y a deux ans, on devait jouer des morceaux dont on était pas sûrs, parce que pas finis ou autre… Ca passait, mais maintenant on est fiers, parce que c’est notre chanson.
Paul : Et puis de plus en plus, les gens reconnaissent nos chansons et chantent avec nous.
Pascal : Ce serait intéressant aussi de voir des gens en chanter une autre que ‘A Friend’ !
Aaron : On est vraiment pourri-gâtés ! (rires)
Pascal : Non c’est pas ça, on l’aime beaucoup cette chanson, du coup on la joue vers la fin, parce qu’on est conscients de son importance.
Aaron : Du coup, c’est que vers la fin qu’on réalise si les gens nous connaissent ! (rires)
Paul : Peut-être qu’il faut qu’on fasse attention, et qu’on la joue pas à chaque fois non plus. Un peu comme Blur qui a joué pendant deux heures et demie, et n’a pas joué une note de ‘Song 2’. Alors qu’on beuglait pour l’avoir… !
Aaron : En même temps, on joue pour les gens, donc c’est plutôt sympa de leur donner ce dont ils ont envie. On est pas là uniquement pour notre plaisir. Ca fait quand même du bien de voir les gens la chanter, et peu importe si c’est la seule qu’ils sont venus voir.
Pascal : Ce qu’on peut faire c’est les premières notes puis changer de morceau !
Paul : Ou alors faire un remix !
Aaron : Oui et puis on se déshabille, et on saute dans la fosse ! (rires)

Réclame

Plastic Love, le premier album de Say Yes Dog, est paru chez Diskodogs / Wagram
Say Yes Dog sera en concert le 23 novembre au Pop Up du Label
Lire le live report de Say Yes Dog Chez Moune


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