La Route du Rock 2015 – The Notwist et Sun Kil Moon

La veille de La Route du Rock, le festival commençait déjà, avec un échauffement à La Nouvelle Vague. Pour cette première soirée, la programmation avait fait fort en réunissant sur un plateau Mark Kozelek avec son projet Sun Kil Moon et son album Universal Themes, et The Notwist venus revisiter leur album Neon Golden près de 13 ans après sa sortie. La soirée, semée d’étonnements, a été rythmés par les frissons.

Sun Kil Moon


Les musiciens commencent tout doucement, puis Mark Kozelek prend la parole pour nous raconter sa vie. Le morceau s’étend, la croisière s’allonge, mais bien chaotique, en raison des nombreux déchirements de voix. Ses compositions sont tellement personnelles, qu’on ne peut rester impassible face à ce déferlement de confessions. Mais le charme est rompu à chaque fois qu’il prend la parole… que ce soit pour soulever la question de l’annulation de Björk, ou pour piquer l’appareil photo d’un “satané journaliste” (selon ses dires).

La foule est un peu froide, mais il promet de la réchauffer, et y parvient en faisant chanter la salle! Un délicat clavier nous replonge dans ses souvenirs, ‘Micheline‘, un doux hommage à sa grand-mère… Mark Kozelek est donc bel et bien l’homme qu’on adore détester. Son talent réside dans le fait qu’il parvient à rendre n’importe quelle situation intense sans avoir besoin de serrer la vis. Jusqu’à ce qu’il craque, de manière toujours très imprévisible. En fait, avec Sun Kil Moon, tout se joue sur les nuances.

Bougon, Mark Kozelek note le fait que la foule n’a pas appris sa discographie par cœur avant de venir, et va jusque s’interrompre pour faire remarquer que normalement le public applaudit sur l’intro de ‘Carissa’. Heureusement, il se rattrape lors de sa reprise de Nick Cave, ‘The Weeping Song‘, en mémoire à son fils, décédé il y a quelques semaines. Puis, pour son final, il invite le vibraphoniste de The Notwist pour se lancer dans une improvisation à partir de son morceau ‘This Is My First Day and I’m Indian and I Work at a Gas Station’… dans lequel il raconte sa dernière visite à Saint-Malo, pour La Route du Rock 2009, tout en vannant Tortoise et My Bloody Valentine au passage.
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The Notwist


En 2002, The Notwist sortaient son cinquième album, Neon Golden. A l’époque déjà, les critiques disaient que cet album était sans âge ; treize ans après, le groupe propose de vérifier cette affirmation. D’une voix très douce, Markus Acher démarre très simplement sur ‘One Step Inside Doesn’t Mean You Understand‘, à la batterie posément tribale. Puis la plus pop ‘Pick Up The Phone‘ vient apporter la dose d’urgence nécessaire au concert.

Treize ans après donc, Neon Golden est toujours aussi déroutant. Sur cet album, The Notwist est parvenu à cet équilibre entre des chansons très accessibles, à tel point qu’on aurait envie de les reprendre délicatement – et des expérimentations électronique comme celles que Radiohead a réussi à démocratiser par la suite : de ces morceaux où on sent que le batteur est perdu dans un trip, à démultiplier tous les détails possibles et imaginables. Et où la foule salue les machines dont le groupe a totalement perdu le contrôle.

Les décollages sont multiples, comme sur ‘This Room’ d’une puissance emplie de tendresse, puis le vol s’éternise jusqu’à toucher sa cible. Les mélodies deviennent obsédantes, et l’envie de danser nous prend sur ‘Different Cars and Trains‘. Les crépitements accélèrent et décélèrent, nous donnant un tempo flottant, insaisissable et donc fascinant.

Mais The Notwist ne se contentera pas de Neon Golden, et continue la soirée avec l’étonnamment réjouissante ‘Kong’ de leur excellent Close to the Glass, sur laquelle le batteur semble tout donner… comme sur chaque morceau ! Et pour le rappel, la tourmentée ‘Run Run Run‘ et un final presque acoustique avec “Gone Gone Gone“. Au sortir de la salle, après deux heures de concert, beaucoup de paires d’yeux brilleront, de magie et de larmes doucement essuyées à la faveur de la pénombre de la salle. Avec pour point d’orgue de frissons la ‘Consequences‘.


Remerciements : Maxime [La Route du Rock]

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