Soirée Longueur d’Ondes au Pan Piper

Le magazine papier Longueur d’Ondes défriche les nouveautés et organise des concerts lors des sorties de son bimensuel. Ce soir, il investit l’excellente salle parisienne Pan Piper pour présenter trois de ses coups de cœur : le Montpelliérain Dimoné pour sa poésie rock, les Parisiens de Yalta Club pour leur côté festif, et les Belges de My Little Cheap Dictaphone pour les guitares plus saturées.

Dimoné


L’auteur-compositeur-interprète vient de sortir son quatrième album Bien Hommé Mal Femmé. Et avec son allure dégingandée, son accent du midi, sa capillarité singulière et sa moustache d’un autre âge, on se doutait bien que Dimoné allait nous étonner. Surtout que sa prestation scénique est à la hauteur de ce personnage atypique à la fois sombre et haut en couleurs. Sombre de par ses paroles emplies de nostalgie, voire de spleen, et colorée de par sa gouaille, son tempérament fantasque et ses taquineries.

Mais surtout, de nature réservée et passant inaperçu dans le hall après le concert, Dimoné fait preuve sur scène d’un charisme et d’un magnétisme certains. La salle semble passionnée par ses espèces de chansons/poèmes foutraques sur l’amour et la liberté ; thèmes certes classiques mais fourmillant de jeux de mots subtils et pleins de malice. Et lorsqu’entre les titres il s’adresse à la salle, il fait presque flipper tant il est incarné. Accompagné par un claviériste multi-tâche tendant vers l’homme-orchestre, le frêle Dimoné n’hésite pas à se muer en frontman s’énervant sur sa minuscule guitare Airline saturée. Cool, un mec vrai, un peu comme un Francis Cabrel rock’n roll.

Yalta Club


Le public du Pan Piper semble s’être principalement déplacé pour Yalta Club : la salle est maintenant comble et hurle à l’entrée en scène des six membres du collectif parisien. Leur intro toute en chœurs plante le décor : sourires, farandole d’instruments, chant joyeux en anglais… Le groupe dit rentrer tout juste d’une tournée au Mexique pour leur premier album, d’où leur fatigue, qui ne se ressent pas vraiment tant leur set sera festif et rondement mené.

La bande enchaîne ses morceaux phares, les très sympas ‘Wasting My Time’ et ‘What’s Coming After’ conclu par un a cappella en faisant taper dans ses mains et chanter la foule. Mais on sent que la débauche de moyens tend plutôt vers les effets de manche : le groupe a recours à des claps corporels, voire à ‘Starman’ de Bowie pour maintenir l’ambiance de manière stylée. Le but est clair : faire bouger et participer le public au maximum. Et surtout, on dirait qu’il faut montrer une débauche excessive d’instruments soi-disant atypiques : stylophone, melodica, harmonica, tuba, ukulélé, mégaphone… Dommage, il manquait juste une darbouka et un accordéon !

Le dernier titre est bien entendu chanté en acoustique au milieu du public, dans un style on-est-tellement-proche-de-vous-qu’on-veut-vous-transmettre-notre-amour-festif. Ca fleure donc un peu trop le groupe concept pour être vrai : dans le genre chansons joyeuses, on préfère Fool’s Gold ou I’m From Barcelona (interview)… Mais vu la bonne ambiance dans la salle, ces atours exagérés ont l’air d’en séduire certains, sans toutefois apporter quoi que ce soit à des pop-songs pourtant parfaitement composées.

My Little Cheap Dictaphone


Le Pan Piper est plus clairsemé pour recevoir les Belges venant défendre leur quatrième album The Smoke Behind The Sound. Mais le début de leur set fait la part belle aux anciens titres comme ‘He’s Not There’ et au majestueux ‘What Are You Waiting For’. On est rapidement happé par des riffs à la fois fuzz et atmosphériques sur un chant en anglais enflammé.

Le leader, du genre charismatique et habité, chante lui aussi dans le public et va même jusqu’à passer sa guitare autour du cou d’une spectatrice qui n’avait rien demandé. A part cet effet loupé, leur live est assez prenant et régulièrement soutenu par des vidéos sur le grand écran de fond de plateau et des néons sur les pieds de micro, soulignant les diverses ambiances des titres.

Pour le final, MLCD joue le joli ‘Fire’, titre ouvrant le dernier album. Il débute par une longue phase gracieuse et mélancolique pour aboutir sur un chant enragé et captivant, résumant bien l’ambivalence du groupe.
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Sans toutefois avoir mouillé la chemise, on a assisté à des concerts intéressants dans un cadre qui gagnerait à être plus connu. La prochaine soirée Longueur d’Ondes sera 100% hip-hop avec notamment Hippocampe Fou et Cabadzi le 12 décembre toujours au Pan Piper.


Remerciements : Audrey Gauthier

Catégorie : Concerts
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