La belle Nadéah au Divan du Monde

Après avoir visité Paris avec ses Suddenly Afternoons, des concerts gratuits dans des lieux secrets chaque samedi d’avril, Nadéah était mercredi 4 mai au Divan du Monde pour, de son propre aveu, son premier gros concert parisien. L’occasion de fêter la sortie de son EP Odile, annonciateur d’un album à venir en septembre.

Nadéah sur scène, c’est tout d’abord un personnage extravagant, aux coiffures et tenues folles, mi-bohème mi-cabaret. Une excentricité parfois trop poussée : c’est quand elle l’abandonne et arrête de forcer le trait de la folie que l’Australienne captive le plus. La grande blonde qui a participé à Nouvelle Vague n’a pas besoin d’artifices pour faire éclater son charisme, loin de là.

Nadéah par AnneCécile Kovalevsky

Nadéah par AnneCécile Kovalevsky

Spontanéité et fraîcheur sont les maîtres-mots. Il ne faudra à Nadéah que quatre chansons pour déclencher chez le public un besoin bien particulier : que la chanteuse descende de scène et le rejoigne dans la salle. Qu’elle vienne fouler le parquet de la fosse pour y danser, y révéler au mieux cette énergie qui l’habite et la possède. Et ce n’est pas son titre ‘An Asylum On New Year’s Eve‘, mélangeant des rythmes de pop-dance mainstream à des claviers plus expérimentaux, qui fera disparaître cette envie.

Nadéah a beaucoup voyagé : du Brésil à la Nouvelle Orléans, chaque morceau reflète une influence, qui n’absorbe toutefois pas l’essence des compositions de la chanteuse. Et quand débarquent sur scène clarinette et trombone à coulisse pour une petite session de jazz, le public ne bronche pas ; la musique de Nadéah reste accessible, même pour les novices. La composition de la salle le prouve : du jeune hipster en chemise à carreaux ou marinière à la cinquantenaire aux rides qui commencent à se creuser, impossible de définir un spectateur-type. Nadéah, ce n’est pas de la pop mais c’est populaire. Et on se prend rapidement à rêver que la musique facile qui squatte les charts ressemble un peu plus à ses compositions, ne sacrifiant pas les références pointues à l’accessibilité    .

Alors oui, Nadéah est parfois too much. C’est vrai, quelques imprécisions se glissent dans le jeu des musiciens. Mais ces imperfections sont balayées par le sourire de la chanteuse, le plaisir qu’elle a à être sur scène, à partager sa musique, à foutre gentiment le bordel pour s’exprimer vraiment. La candeur qu’elle met à raconter des anecdotes pourtant pas si roses, la proximité immédiate avec son public conquis.

C’est finalement le rappel qui suscite le plus d’émotions. On y découvre une autre facette de la chanteuse avec ‘Sandpaper‘, mais aussi et surtout avec une chanson écrite il y a longtemps en Caroline du Nord – du temps où son moral était au plus bas. Nadéah fait alors tomber le masque de la sauvageonne toujours joyeuse, et se montre plus calme, renfermée, touchante. Fragile. Un territoire sur lequel elle n’ose pas trop s’aventurer – et qui pourtant lui va comme un gant.
C’est pourquoi la belle, pour conclure son concert, reprendra le mythique ‘Walk Like an Egyptian‘ : mieux vaut finir avec le sourire aux lèvres.




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