Times New Viking

Les Times New Viking s’apprêtent à sortir leur cinquième album, Dancer Equired. Malgré tout, le groupe se présente toujours comme des gamins de l’Ohio qui ont le privilège de jouer du rock. Rencontre avec un trio hyper productif, au nom plus que geek puisqu’il est une dérivation de la célèbre police de caractère, Times New Roman. Comme sur scène, c’est Adam, le batteur, qui semble être l’hyperactif du groupe.

Les Times New Viking ont la particularité de s’être rencontrés en école d’art. « On cherchait une excuse pour collaborer je crois. On était pas très attirés par cette idée d’artiste individuel, donc on sautait les cours pour répéter. C’était un challenge parce qu’on savait pas jouer d’un instrument en vrai. Mais c’était aussi un projet artistique, parce qu’on écrivait des paroles, on composait, on faisait des reprises, et on dessinait les affiches… »
Ils se sont rapidement rendu compte que l’école d’art ne leur correspondait pas. « On avait envie de voyager, d’être dans une ville différente chaque soir, plutôt que de rester scotchés au même endroit, coincé par sa galerie. J’aime l’enthousiasme d’un concert de rock, l’énergie live. Le lendemain, après une bonne soirée, c’est comme si on avait rechargé ses batteries. Comme quand tu bosses dans un bureau, et le soir tu vas en concert, pour ressentir quelque chose. »

Times New Viking

Les Times New Viking n’avait pas prévu de faire cinq albums, tout a démarré de manière assez subite. « Quand on a commencé, on pensait même pas que quiconque l’écouterait. En fait, on avait fait un album pour l’anniversaire d’un ami, et quelqu’un l’a fait passer à un de ses potes dans un label. Donc quand notre premier enregistrement est devenu notre premier album, on s’y attendait pas : on avait pas dans l’idée de donner des concerts, encore moins faire des interviews. C’est ce label, Siltbreeze, qui a voulu distribuer notre musique, parce qu’il s’occupe de groupes dans le même style années 90, et depuis, ça s’est juste enchaîné. Mais on prend rien pour de l’acquis. » Ils ont depuis changé de label, et après un stop chez Matador, ils se retrouvent chez Merge aux Etats-Unis et Witchita en Europe.

Ce monde de la musique leur a tout de suite plu, comparé à celui des arts plastiques, qui leur paraît trop snob. « Les gens qui viennent dans les galeries sont seulement un certain type de personnes. Alors que dans les concerts on rencontre des gens de toutes sortes. On peut surprendre les gens plus facilement. De toutes façons, les meilleures conversations arrivent dans les bars autour d’un verre, dans une galerie, tu regardes des murs blancs… Et pour être honnête, le monde de l’art est un milieu très fermé. La musique, on peut débarquer, faire un concert, et on est lancé. C’est du moins ce qui s’est passé pour nous en Ohio. » D’après Beth, la claviériste, c’est plus facile de faire entendre son message par la musique que de par des installations. « Si les gens veulent pas prêter attention aux paroles, ils peuvent juste écouter la musique. Si c’est catchy ça marche, même s’ils captent que la partie émergée de l’iceberg. Mais bon, faut quand même avoir du talent, c’est la première règle. Nous, on savait pas jouer, mais on avait des idées – il fallait juste trouver un moyen de les exprimer. »

Les Times New Viking ont pourtant, au fil des albums, assaini leur son et ont quelque peu perdu cette approche de débutants. « Et puis on fonctionne mieux en tant que groupe aussi, on arrive mieux à jouer ensemble. On est plus confortables les uns avec les autres, pour échanger des idées… Maintenant l’idée ce serait de perdre ce confort, c’est aussi pour ça qu’on a enregistré en studio : pour nous, c’était un nouvel environnement. Ca force l’énergie créatrice.» Heureusement ils ont gardé leur côté abrasif. « On a gardé l’enregistrement en live, et on garde la première prise, pour la spontanéité. Mais on exclue pas de redevenir bruyants ! Nos guitares ne sont pas toujours accordées, on chante pas toujours juste. Le tout c’est que notre message passe. J’aime à penser que les gens qui écoutent notre album se disent qu’ils peuvent faire la même chose. »

Pour la première fois, on peut entendre les paroles que Beth a écrites. Elle nous parle de ‘Downtown Eastern Block‘. « C’est pas un hymne, comme la plupart de nos chansons, ou pas évident comme pour ‘Fuck Her Tears‘. ‘Downtown Eastern Block’ c’est plus l’idée d’être en transit, qu’on est plus confortable pendant les déplacements que quand on reste statique, comme quand on est à voyager en van. Y’a aussi cette idée d’universalité – être dans un canapé à Berlin ne change pas vraiment d’être dans un canapé à Columbus. C’est être toujours en transit et pourtant réussir à rester soi-même. »

L’avantage de leur passage en école d’art, c’est leur approche de leur artwork. Le titre de leur dernier album, Dancer Equired, est né d’un découpage. « Un de nos groupes préférés mettait la mention ‘Attendance Required’ [présence requise] sur tous leurs flyers, donc on a commencé à faire la même chose. Et nous, on aime jouer avec des images, on coupe, on refait, on recoupe… On les réutilise jusqu’à la ficelle. Et à un moment, on s’est retrouvés avec la mention Dancer Equired. On a aimé ce non-sens, ça attire l’attention. Ce n’était pas un mot, ça l’est devenu. »
Cette démarche se retrouve dans la pochette, et surtout dans leur clip, ‘No Room To Live‘. « On a filmé une scène de la vie de tous les jours. Puis on a découpé la vidéo en séquences et on a distribué ces arrêts sur images à quarante artistes de Colombus, pour qu’ils les reprennent à leur sauce. Et on a rescanné leurs dessins pour en faire un film. La scène est quelconque, c’est le chemin qu’on fait tous les jours entre la salle de répèt et le bar. On prend une situation ennuyeuse et on permet aux gens d’en faire ce qu’ils veulent : ça nous permet de sortir de cette routine. »

Réclame

Dancer equired, le cinquième album des Times New Viking est à paraître le 26 avril chez Cooperative Music.
Les Times New Viking seront en concert le 4 mai à la Flèche d’Or


Remerciements : Mathieu (Cooperative)

Catégorie : A la une, Entretiens
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