Interview à l’arrache de Freelance Whales

Le coup de cœur du moment, c’est Freelance Whales. Au détour d’une session, Generator 1st Floor s’empare de l’esprit et sans rien comprendre, Le Transistor se retrouve au concert ! Là c’est féérique, alors notre reporter a profité de l’atmosphère détendue et intime de la Flèche d’Or pour sauter sur Judah Dadone et lui poser autant de questions que possible.

Tout d’abord, Judah donne ses premières impressions, juste après le concert. « Ca fait des années que je rêve de venir sur Paris, depuis le lycée en fait. C’était y’a dix ans, ma classe de Français organisait un voyage sur Paris, mais j’avais pas assez d’argent pour y participer. J’étais triste, parce que j’étais vraiment un des seuls élèves à réellement apprécier le cours de Français. » Donc ce soir était son premier jour à Paris. « Ca a rendu l’expérience de ce concert encore plus exceptionnelle parce que j’avais réellement quelque chose à partager avec le public. Et c’est extra de visiter un pays de cette manière là, à rencontrer tant de personnes. »

Freelance Whales

Les compositions de Freelance Whales sont magiques, Judah explique son processus de création. « J’ai passé une grande partie de mon cursus universitaire à étudier l’anglais et la création littéraire, mais j’ai aussi pris quelques cours de psychologie et j’ai pas mal étudié la théorie des rêves. Et pour les cours de création littéraire, on nous encourageait à rédiger une sorte de journal de nos rêves. J’ai pris l’habitude d’écrire mes rêves au réveil, et pendant un an, j’ai pris la chose très au sérieux et donc je me suis retrouvé avec des carnets remplis. Mais c’est là que mon père est décédé… donc j’ai arrêté d’écrire, parce que ça ne me paraissait plus important. » Les paroles et la musique sont basées sur ses rêves. « Après cet évènement, le seul type de composition que je réussissais à produire a été mon journal de rêves, parce que la création est involontaire, puisque ça arrive pendant ton sommeil. Donc toutes ces chansons sont basées sur du matériel subconscient. J’ai pris des morceaux choisis de ce journal, et j’ai essayé de muer ce patchwork d’images en des sortes d’histoire, en essayant d’y donner un semblant de cohérence, tout en gardant le côté abstrait et surréel. »

Quant au nom du groupe, Freelance Whales, Judah a une anecdote des plus inspirée. « Il y a des millions de manières de répondre à cette question. Mais en fait, c’est basé sur un évènement autobiographique. J’ai passé mon enfance en Israël, de mes un an à mes six ans. J’habitais au bord de la mer de Galilée, un lac volcanique, appelé de Tibériade, au nord du pays, à la frontière avec la Jordanie. Mon père et ses frères étaient dans la marine marchande, mais avaient servi l’armée et étaient tous de très bons plongeurs. Donc j’ai appris à nager très tôt : ils me balançaient à l’eau alors que j’avais à peine quelques mois ! Et moi, je cherchais à les impressionner, je voulais leur montrer que je pouvais plonger très profond en leur rapportant des roches du fond du lac. » Judah s’applique dans une version détaillée, on s’y croirait presque. « A cinq ans, j’ai plongé plus loin que d’habitude, et j’essayais d’attraper cette roche, mais j’y arrivais pas, je donnais des coups, mais sans succès. Un sauveteur a vu que je m’en sortais pas, et il m’a ramené sur la plage, parce que j’avais de l’eau dans mes poumons… La plage est volcanique donc le sable est noir, c’est réellement magnifique. Mais cette roche que je voulais attraper était recouverte de sangsues, j’en avais partout sur le corps. Le sauveteur commence à me les enlever… Et à côté, y’avait un vieux bonhomme, je crois qu’il était atteint de démence, il a commencé à murmurer quelque chose en hébreu, quelque chose qui ressemblait à la baleine de la liberté… »

Cette histoire l’a apparemment marquée mais l’analogie est frappante. « On aime bien cette image, parce que nos paroles sont abstraites et l’idée de freelance apporte le côté autonome, indépendant, libre… Les baleines sont des créatures fascinantes, parce qu’elles sont musicales, mais aussi elles représentent un paradoxe : c’est les plus gros mammifères au monde, mais elles sont minuscules comparées à l’immensité de l’océan. Elles sont énormes et toutes petites en même temps. Et ça correspond à notre musique, parce que des fois, le son prend tout le volume de la pièce, et des fois, on dirait qu’elle vient d’une toute petite boîte. »

Réclame

Weathervanes, le premier album de Freelance Whales est déjà disponible chez Jive/Epic

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