Femmes en Chansons – Le Hall de la Chanson

Après journée contre le viol, après la journée international pour éradiquer les violences à l’égard des femmes – votée grande cause nationale 2010 mais on en a pas beaucoup entendu parler cette année-, la semaine était couronnée par le Hall de la Chanson qui organisait un colloque intitulé ‘Femmes en Chansons’.

Femmes En Chansons par le Hall de la Chanson

Femmes En Chansons par le Hall de la Chanson

[Petit point à rappeler : la gente féminine, est très mal représentée dans le milieu de la musique. Sur les 50 albums de l’année 2009 nominés par le magazine britannique Q, seulement 10,5% des artistes sont des femmes ! Ce qui fait moins que les barbus (22%).]

Le Hall de la Chanson, qui œuvre pour valoriser le patrimoine de la chanson française et francophone, avait investi le superbe Couvent des Recollets, pour ‘Femmes en Chansons‘. Le colloque se voulait exhaustif, abordant tous les styles, du rap à la chanson moyenâgeuse, et tous les aspects de la position de la femme dans la musique, de la muse à la créatrice. Une manière de fêter les 40 ans du Mouvement de Libération des Femmes.

Pour débuter le deuxième après-midi, Jacques Cheyronnaud, anthropologue directeur de recherche au CNRS, a essayé, un peu à la manière d’un conférencier, d’aborder le ‘genre’ dans la chanson. Se basant sur une remarque d’un chroniqueur radio, il a étudié la phrase : « Les chansons c’est comme les femmes, il y en a certaines qu’on va aimer toute sa vie, d’autres dix minutes » dans tous les sens, détaillant toutes les possibilités de cette analogie.

Par la suite, Nathalie Joly est venu raconter les relations épistolaires entre Yvette Guilbert et Sigmund Freud. Elle a agrémenté son discours de chansons d’Yvette Guilbert, qui a introduit le parlé-chanté dans la chanson française. La chanteuse de café-concert se tenait comme un témoin de sa société, n’ayant pas peur de braver la censure. Nathalie Joly présente par la même occasion son spectacle Je Ne Sais Quoi, du 14 décembre au 2 janvier au Théâtre de la Vieille Grille.

Serge Hureau invite ensuite Hélène de Gunzbourg, sage-femme et philosophe, Anne Berger, directrice du département des écritures féminines de Paris VIII et Anne Bustarret, spécialiste des chansons d’enfance, à prêter au jeu de l’interprétation de chansons. Anne Bustarret a expliqué, de manière très intéressante, toutes les significations de la sinistre chanson Sur le Pont du Nord. Elle ramène cette chanson traditionnelle à des préoccupations plus actuelles. En effet, quand les jeunes se rendent aux bals populaires des villages voisins, les parents ont peur qu’ils se tuent sur le trajet du retour, à conduire en état d’ivresse. Nancy Huston, la romancière et essayiste, quant à elle, ne se sentait pas d’humeur interprétative, elle nous a donc raconté sa vision de la chanson française en tant que Canadienne.

Mais le clou de cette journée a été quand Martine Storti est venue raconter le Mouvement de Libération des Femmes par les chansons reprises en chœur par les militantes. Le plateau se transforme en comédie musicale, et Serge Hureau prend plaisir à chanter les chansons détournées pour les besoins de manifestations ou d’intervention à l’assemblée nationale. On apprend aussi qu’à l’époque, les femmes engagées dans cette lutte ne signaient jamais de leur nom de famille, puisqu’elles l’avaient reçu de leur père ou de leur mari, et donc d’un homme. On apprend aussi que le Torchon Brûle, un magazine militant qui n’aura connu que 6 numéro, était un menstruel et non pas un mensuel ( !)
Ces femmes se battaient pour la reconnaissance de la double journée de travail, (le travail domestique est invisible et gratuit), pour la contraception, pour le droit à l’avortement. Pour en savoir plus, procurez-vous Je suis une femme, pourquoi pas vous?1974-1979 : quand je racontais le mouvement des femmes dans Libération par Martine Storti.

Résultat : en sortant de ce colloque, on se sent fière d’être une femme.

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Remerciements : Marie (Disc-Over)

Catégorie : Dossiers
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