Rufus Wainwright à l’Olympia

On l’avait connu seul au piano, meneur de revue style cabaret, créateur d’opéras… Cette fois-ci, Rufus Wainwright passe par Paris pour fêter ses vingt ans de carrière en revenant à la base : entre chanson, pop, folk, rock, il interprète intégralement son deuxième album, Poses, sorti en 2001, ainsi que des extraits de son premier album, Rufus Wainwright qui date, lui, de 1998. Des titres d’autres artistes sont évidemment au rendez-vous, plus quelques surprises, pour nous faire revivre tout ce qui a fondé l’univers du Canadien.

L’Olympia est archi complet, mais surtout archi assis, ce qui est rarement le cas dans les lives que nous couvrons. Les fauteuils sont donc de sortie, évidemment pour mieux apprécier un concert feutré.

Rufus Wainwright

Rufus Wainwright annonce tout sourire, et dans un français hésitant, qu’aujourd’hui il a toute sa voix, ce qui n’était pas le cas lors de sa dernière date à Paris : “Heureusement que j’avais un énorme orchestre”, ajoute-t-il. Ce soir, il est accompagné par une petite formation plutôt rock tandis qu’il oscille entre guitare et piano. Il reprend d’abord les tubes de son premier album : le splendide et enjoué ‘April Fools‘, puis le touchant et éthéré ‘Barcelona‘, suivent ‘Danny Boy‘, ‘Foolish Love‘, ‘In My Arms‘.

Après avoir raconté comment il l’avait chantée avec Jane Birkin au Carnegie Hall de New-York l’an dernier, il entame ‘La chanson de Prévert‘, le standard de Gainsbourg, dans une version quasi bossa-nova. On est aux anges, lovés dans nos fauteuils. D’autant qu’il enchaîne par ‘La Complainte de la butte‘ de Jean Renoir, sublimée, avec son refrain qui donne des frissons, surtout grâce à ce timbre de voix, ces tremolos si particuliers et le chant, touchant, en français. On sent vraiment l’émotion traverser l’assistance, qui attendait impatiemment ce morceau.

Rufus Wainwright parle pas mal autour des chansons et dédie cette dernière à sa mère, ‘qui était dure mais supportive’. Il la cite également avant ‘Beauty Mark‘, qui conclut le revival premier opus. Il attaque ensuite un gros morceau de la chanson populaire, ‘Ziggy‘, le hit-single de Starmania repris par Céline Dion. Rufus est seul au micro, seulement accompagné d’un piano…. Et cette version nous fait oublier la Canadienne ! Il retire ensuite son pardessus et se retrouve en petit gilet à sequins brillants. Il se sent tellement moulé qu’il nous sort, timidement: ‘C’est la bedaine…’. Rire général.

Rufus Wainwright oublie un instant les vieilleries en insérant une nouvelle chanson, ‘The Sword of Damocles‘, qui clôt cette première partie de concert de manière épique. Oui, car maintenant c’est l’entracte, comme au théâtre.

Au retour, le Canadien arbore un haut de forme et un incroyable manteau à froufrous avec incrustations de coquillages ou divers petits objets – de la marque Victor & Rolf (placement de produit) – et déroule son album Poses. Il y aura deux rappels, ponctués par une standing ovation spontanée de la salle entière.

On pensait atteindre l’apogée émotionnelle sur le mélancolique ‘Going to a town‘, mais c’était sans compter sur la sublime reprise des Beatles Accross the Universe‘ où de faux choristes font leur entrée avec des bougies. Puis sur ‘Both Sides Now‘, reprise de Joni Mitchell, on est scotchés par les envolées fortissimo d’un Rufus seul accompagné au piano. Mais on n’avait finalement encore rien vu.

Rufus Wainwright revient une dernière fois sur scène et s’exclame : ‘If you do a Joni Mitchell song, you do a Leonard Cohen song”. On ne l’attendait plus : sous les hourras, Rufus démarre seul au piano ‘Hallelujah‘. Et sur le refrain, l’Olympia s’est mué en deux mille choristes.

Réclame

Rufus Wainwright sera en concert avec Martha Wainwright dans la basilique de Saint-Denis dans le cadre du festival de Saint Denis le 14 juin 2019


Remerciements : Agence Sébastien d'Assigny

Catégorie : A la une, Concerts
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