Mélissa Laveaux – Radyo Siwèl

En ces temps de peur de l’autre et de montée des extrêmes, il est salutaire de voir des artistes affirmer leurs origines métissées. Et on peut dire qu’avec son nouvel opus, Radyo Siwèl, Mélissa Laveaux les scandent haut et fort ses racines. En mélangeant ce son folk-blues qui la caractérise si bien à la langue de ses ancêtres, la Canadienne nous embarque pour un voyage sublime en terre haïtienne. Attachez vos ceintures, décollage imminent.

Mélissa Laveaux

Et ça commence en douceur avec ‘Lè Ma Monte Chwal Mwen’ et son electro-folk ouateuse, suivi du groovy ‘Nan For Bwa’, hommage au grand guitariste de l’île, Frantz Casseus. Le son est chaud, coloré, baigné des souvenirs que la Parisienne d’adoption a ramené de son voyage à la découverte de son île. Une île où les chants contestataires étaient une des seules formes d’insurrection contre des Etats-Unis écrasantes au début du XXème siècle. C’est de la force de ces textes que Mélissa Laveaux a puisé son inspiration pour nous concocter un recueil musical retraçant ce pan de l’Histoire.

Ainsi, pas une once d’anglais (ou presque) sur ce troisième opus, champ libre à la musicalité de cette langue chantante qu’est le haïtien. De son timbre voilé reconnaissable entre mille, Mélissa nous conte et nous raconte les esprits vaudous, la résistance ou encore l’histoire de ce journaliste, ‘Jolibwa’, mort en prison au temps de l’occupation américaine. Mais même si la fille d’Ottawa excelle dans les reprises (magiques ‘Dodo Titit’ et ‘Pié Bwa’ sur ses albums précédents), c’est à un véritable travail de re-création que s’est frottée Mélissa Laveaux : bribes de textes, ambiances, recherche de mélodies, Radyo Siwèl est un véritable bijou d’ethnomusicologie.

Mais ce qui frappe à l’écoute de cet opus, c’est l’incroyable fraîcheur du son. Enregistré en cinq jours seulement, le troisième album de la Canadienne nous démontre (s’il était encore nécessaire) la belle musicalité d’une musicienne nourrie dès le berceau aux sons de Martha Jean-Claude, Joni Mitchell ou encore Leonard Cohen. Sans grandiloquence ni chichi, Mélissa Laveaux et ses acolytes Vincent Taurelle, Ludovic Bruni et Vincent Taeger créent, ré-arrangent à leur sauce autour des mélodies centenaires pour mieux les mettre en lumière. Ajoutez à celà la guitare et le tres de Drew Gonsalves et vous obtenez la formule parfaite pour habiller les chants puissants d’Haïti. Il est alors difficile de ne pas onduler les corps sur les ritournelles chaloupées d’ ‘Angeli-Ko’ ou du parfait ‘Kouzen’.

Alors qu’un certain monsieur à la chevelure orangée nous balance du shithole countries, la franco-haïtio-canadienne donne une bien belle leçon d’Histoire et de musique. Plutôt que d’enfouir ses racines, Mélissa Laveaux préfère y puiser sa force et sa créativité pour en sortir grandie. Sage précepte qui devrait en inspirer plus d’un.

Réclame

Radyo Siwèl, le troisième album de Mélissa Laveaux, est paru chez No Format
Mélissa Laveaux sera en concert le 8 mars aux Etoiles dans le cadre du festival Les Femmes S’en Mêlent


Remerciements : Solenne [Boogie Drugstore]

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2 réactions »

  • Mélissa Laveaux pour Les Femmes S'en Mêlent | Le Transistor :

    […] Radyo Siwèl, le troisième album de Mélissa Laveaux, vient de paraître chez No Format. Mélissa Laveaux sera en concert le 19 avril au Triton des Lilas, au Printemps de Bourges, et au Festival Esperanzah! Lire la chronique de Radyo Siwèl […]

  • Entretien avec Mélissa Laveaux | Le Transistor :

    […] Radyo Siwèl, le troisième album de Mélissa Laveaux, est paru chez No Format. Après le Printemps de Bourges, Mélissa Laveaux part en tournée européenne. Notez le 9 Novembre à la Gaîté Lyrique. Pour le concert théâtral rendez-vous au Tarmac les 14 et 15 juin. Lire le compte-rendu du concert de Mélissa Laveaux au festival Les Femmes S’en Mêlent Lire la chronique de Radyo Siwèl […]

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