Entretien avec Rostam

Après dix ans de bons et loyaux services au sein des Vampire Weekend, Rostam Batmanglij prend son envol et sort son premier album solo, Half-Light. Alors certes, le fait qu’il quitte le groupe a brisé le coeur de milliers de fans, mais ce n’est pas comme si Rostam ne l’avait pas annoncé, à coup de collaborations en tous genres, et ce depuis 2011 déjà. Rencontre avec le producteur et songwriter à l’occasion de l’Avant-Garde du festival Pitchfork.

Rostam

Rostam s’étonne que l’interview porte surtout sur sa carrière. “Dans un sens, je comprends, il y a pas mal de choses qui se téléscopent ! C’est possible que je brouille un peu les pistes, mais c’est une bonne chose quelque part. Je veux pas être prévisible ! Sinon, ce serait ennuyeux.”

Après la sortie de son projet parallèle Discover, Rostam a sorti son tout premier titre solo en 2011 déjà. “C’était comme ça que ça devait se passer. J’ai sorti un titre en 2011, puis quelques morceaux… Et certains m’ont demandé quand l’album allait sortir. Donc j’avais donné un aperçu de la musique que je faisais de mon côté, et les gens voulaient en savoir plus. Donc ça m’a encouragé.” Même si le producteur a multiplié les projets collaboratifs en tous genres, il affirme ne s’être jamais senti à l’étroit au sein de Vampire Weekend. “Je pense pas avoir connu de restrictions, parce que si on se penche seulement sur les trois albums que j’ai produits pour le groupe, il est assez clair que j’ai une palette de styles assez large. Je pense pas qu’il y ait un seul son. Ce que les gens reconnaissent c’est surtout l’esthétique.”

C’est Julian Casablancas de The Strokes qui l’a décidé à faire le grand saut vers la carrière solo. “Un soir, je suis tombé sur lui en coulisses, il me demandait quand est-ce que j’allais sortir un album. Et surtout, me mettre derrière le micro ! comme il l’a formulé (rires). A cette période j’étais plus concentré sur la production. Mais de temps en temps, j’avais des idées pour cet album, et je m’y remettais. Et c’est après lui avoir parlé que j’ai invité un ami ingénieur du son à venir passer quelques jour dans mon studio pour travailler sur mes chansons… C’était en novembre 2014.”

A partir de ce moment, Rostam a décidé de définir son album album solo comme une priorité. “En 2011, j’avais demandé à Dave [Friedman] de mixer une de mes chansons. On avait échangé par email, et ensuite… j’ai disparu. Je lui ai plus répondu pendant 6 ans. Et je suis réapparu, genre, tu te souviens de moi ? J’ai une chanson que j’aimerais que tu mixes. Tu as du temps ? Il a répondu, oui je peux le faire demain. Et (claquement de doigts) c’est arrivé ! ” En enregistrant le titre ‘Half-Light’, Rostam a retrouvé l’excitation des débuts. “Je me sentais comme un gosse parce qu’avant j’enregistrais beaucoup de choses dans ma chambre. Mais j’avais arrêté de le faire, même si de temps en temps encore ça me reprenait. La musique sonnait comme un groupe alors que c’est moi qui jouais de tous les instruments. Et j’ai l’impression que j’y suis revenu avec ‘Half-Light’.”

Néanmoins, Rostam a pris son temps pour réaliser ces quinze titres. “J’ai commencé à travailler dessus par session de 5 à 10 jours, quand j’avais le temps. Mais d’habitude j’invitais un ingénieur dans mon studio, pour pas me perdre dans le processus d’enregistrement. Avoir quelqu’un à mes côtés m’a permis de rester sérieux sur ce projet, sur cette période du moins. Pour pas me laisser distraire.” Il faut dire que l’artiste a toujours plusieurs projets sur le feu. “J’ai essayé de finir une version de cet album pour le premier janvier 2017. J’ai eu 5 jours de retard, mais je l’ai fini dans les temps on va dire. En plus, j’avais l’album avec Hamilton [de The Walkmen] à finir, et puis on a donné quelques concerts ensemble à New-York, Londres et Los Angeles. Et pour Frank Ocean, c’est lui qui a voulu travailler avec moi parce qu’il était fan de mes productions, et ça tombe bien parce que j’étais aussi fan de lui.”

Avec l’album Half-Light, Rostam est prêt à tout recommencer depuis le début. “Avec cet album, j’utilise mon prénom. Donc je pense qu’il n’y aura jamais de projet plus proche de moi. Et tout ce que j’ai construit avec ce projet, je vais le développer par la suite. Alors que ça n’a pas toujours été aussi explicite par le passé. Par exemple, certains fans de Discovery n’étaient pas fans de Vampire Weekend. Je pense qu’avec cet album, je recommence, certes, mais je n’aurais plus jamais à recommencer. (rires)” Repartir faire la tournée des petits clubs ne lui fait pas peur, au contraire. “Jouer dans les grandes salles n’est pas vraiment excitant, ou du moins pas plus excitant que dans les petites salles. Quand on est content d’avoir vendu tous les billets d’une grande salle, c’est plus lié à la fierté, au succès. Ou une question d’ego. N’importe quel musicien dira qu’il préfère 500 ou 600 personnes – après c’est moins marrant.”

Cependant, Rostam bénéficie aussi de l’aura de toutes ses collaborations. “Pourtant ce que je fais est assez différent de n’importe quel groupe dont j’ai pu faire partie. Jouer avec des cordes, c’est un style que j’ai développé depuis 2010. Au début, j’ai été invité à faire quelques concerts avec un quatuor à cordes, puis j’ai juste continué. Notamment quand j’ai été invité pour un ouvrir le concert de Brian Wilson à New-York, en 2016. Et en août, au musée Broad de Los Angeles.”

Et se projette déjà dans la continuité de ce qu’il vient de lancer. “Je peux pas parler de ce sur quoi je bosse en ce moment. C’est en partie parce que je sais pas encore trop quelle forme ça va prendre, et aussi parce que ça doit rester secret. J’ai fait des chansons avec des gens au cours de l’année… Et quand ça va sortir, on va en entendre parler ! (rires) Ou alors on va pas savoir que j’ai fait partie du projet, ça arrive aussi. Parfois on comprend pas qui fait partie de ce genre d’énormes projets.”

Réclame

Half-Light, le premier album de Rostam, est paru chez Warner Music.


Remerciements : Arnaud [Warner]

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