Pourquoi nous n’étions pas au festival des inRocKs

Depuis quelques années, Le Transistor fait partie des fidèles aux festival des inRocKs. Avant même que ce webzine n’existe, nous trouvions toujours le moyen de faire des découvertes à la Boule Noire ou de se hisser aux premiers rangs de la Cigale. Et parfois, avec un peu de chance, on se retrouvait pour un Damon Albarn au Casino de Paris ou pour un mémorable Pulp à l’Olympia. Mais pas cette année. Et ce n’est pas pour une question de programmation musicale.

Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien.

Certains diront que ce papier arrive un peu tard, et pourtant, aujourd’hui c’est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Ironique non, que ce soir le festival des inRocKs batte son plein à la Gaîté Lyrique. Tout aussi ironique que Bertrand Cantat qui, il y a 4 ans, avait dû avancer d’une semaine la sortie de son album (sous le nom de Détroit), pour éviter cette date si mal choisie.

Johnny m’a dit / c’est le camp qu’il faut choisir.

C’est une décision réfléchie, que de ne plus relayer ce magazine, qui pourtant est le premier en matière de défrichage musical. Prescripteur, clairement. Et qui bassement, se vend pour un buzz, pour lancer leur nouvelle formule, probablement. Oui, c’est compliqué d’éviter leurs articles, et de chercher le même sujet traité par un concurrent pour pouvoir le partager sur les réseaux. Mais c’est aussi un positionnement.

Aux sombres héros de l’amer.

Les informations ont longtemps été brouillées au sujet de ce qu’il s’est passé à Vilnius, par pudeur sûrement. Et beaucoup ont voulu croire que leur héros, qui levait le poing contre Vivendi, ne l’a pas fait contre la femme qu’il aime. Que finalement il n’avait été qu’un lâche ce soir-là, que c’était *seulement* de la non assistance à personne en danger. Elle est tombée, elle s’est cognée. Et puis des années après, c’est “non, ON l’a cognée”. Et pas n’importe qui.

Se rappellent de la France / Ont des réminiscences / De l’ordre, des jeux, d’l’essence / Quand on vivait mieux

Oui Bertrand Cantat a purgé sa peine. Mais le voir sur la scène du Printemps de Bourges, pleurer son ange qui dort, sans savoir au juste s’il s’agit de Marie Trintignant ou de Kristina Rady, qui s’est suicidée l’été suivant sa libération… C’est troublant, c’est écoeurant. C’est indécent. Faut-il séparer l’homme de l’oeuvre ? Céline n’étale pas son antisémitisme dans Voyage au Bout de la Nuit.

Oh let them burn / Oh let them burn

Crèpe Georgette le dit mieux que nous, Bertrand Cantat aurait pu choisir de rester dans l’ombre, à écrire pour les autres, puisque de toutes façons, Noir Désir est mort et enterré. C’est son choix de continuer sous son nom. Mais quand Les inRocKs lui offrent une couverture, avec une interview sur à quel point il a souffert… “Cette couverture envoie le signal clair qu’on peut commettre un féminicide et continuer sa vie tranquillement.” explique le blog féministe.

Et en route pour la joie !

Le Transistor ne veut pas cautionner cette démarche. Trop d’hommes sont en liberté alors qu’ils frappent leur femme tous les quatre matins, alors non, le combat n’est pas fini contre les violences faites aux femmes. S’il nous faut un symbole, malheureusement, c’est Bertrand Cantat qui doit porter cette lourde charge. Par contre, ne vous trompez pas de victime, c’est une femme qui meurt tous les 3 jours en France sous les coups de son conjoint.

Réclame

Au passage, la pétition de Caroline de Haas contre les violences sexuelles #1femmesur2




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