Wilfried* au CentQuatre

Entre concert et installation, Wilfried* nous accueille dans une des plus grandes salles du CentQuatre, spécialement agencée pour l’occasion. Son troisième album, Matrice, sorti chez Clapping Music, oscille entre krautrock, psychédélisme et electronique. Sur scène, l’artiste français lorgne vers un spectacle total, où un concert est une expérience sensorielle pour laquelle les spectateurs constituent l’épicentre.

Le weekend comptera pas moins de cinq sessions : nous sommes environ cinquante, affalés voire allongés sur des tapis, dans la pénombre, complètement encerclés par un très haut voile. Wilfried* et ses trois musiciens sont séparés et disposés autour de ce cercle, en dehors. Le public les distingue depuis l’intérieur de cette fameuse matrice.

Dès les premières notes, des projections oniriques et psychédéliques frappent le voile qui sert d’écran de projection. Ces images animées directement liées avec les chansons nous plongent de manière spectaculaire dans l’univers de Wilfried*. Tout commence par une video d’échographie, sur ‘The Mum’s Song’, comme si nous étions à l’intérieur du ventre de la mère. Le procédé technique est assez impressionnant, on s’y croirait presque, nous, public, souvent assis en position du fœtus.

Un rythme cardiaque sert de fil conducteur au set qui varie entre berceuses et séquences psychédéliques ou groovy, sur des arrangements à la fois organiques et électroniques. Les chansons, surtout en français, sont souvent drôles, faussement naïves, parfois feutrées, d’autres fois inquiétantes ; en tout cas elles ont des allures d’ovni, surtout dans cet écrin luminescent.

On retiendra ‘Matrice’, fascinant titre progressif et tournoyant qui reste longtemps dans le crâne, ou ‘Mes belles tennis’ plus électronique et aérien. Mais la ligne de basse très en avant et presque funk de ‘Je Marche dans la Rue’ nous fait aussi dodeliner de la tête, en étant plongé visuellement au sein d’une balade urbaine complètement psyché.

Avec Wilfried*, le public est donc au cœur de la musique et de l’image, sans véritable intervention physique des musiciens qui restent légèrement en retrait. Les videos synchronisées sont assez impressionnantes et donnent à cette performance une dimension jusqu’ici peu explorée par les groupes indés. On aurait bien aimé rester affalés une heure de plus…


Remerciements : J.B. Biaggi / Virginie [CentQuatre]

Catégorie : Concerts
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