Entretien avec Kithkin au Iceland Airwaves

Au festival Iceland Airwaves, Le Transistor a fait la connaissance de Kithkin. Ce jeune groupe de Seattle n’a pas encore fait de tournée aux Etats-Unis, qu’il était déjà programmé à South by SouthWest. Il faut dire qu’avec leur style treepunk, ils ont de quoi se faire remarquer ! Au sortir d’un concert d’un bar de Reykjavik, les quatre garçons ont raconté leur rêve de Cascadie, leur passion pour le jeu de cartes Magic et débattu de l’existence des elfes. Non non, ce ne sont pas des geeks, qu’est-ce qui vous fait dire ça ?!

Kithkin

Les Kithkin clament tout au long de leur album leur amour des arbres ! « Mais c’est vrai qu’on aime les arbres ! » s’exclame Alexander en montrant tous ses tatouages d’arbre.
Bob : Je sais pas si c’est uniquement de l’amour… c’était très physique quand même !
Ian : Sauf qu’on est des gentlemen, on raconte pas, on voudrait pas violer l’intimité des arbres ! »

Récemment, le groupe a changé de nom : de Chinook Jargon, il a opté pour Kithkin. « Kith veut dire amis, et Kin c’est plutôt la famille. C’est basé sur du vieil anglais, qui signifie voisins. En pratique, on vit tous dans la même maison, on partage tous les repas ensemble.
Ian : Ca vient du jeu de cartes Magic. Les créatures kithkin partagent une pensée commune. Et pour nous, quand on joue, on entre en quelque sorte en communion. A la différence que dans le jeu, ce sont des hobbits, qui vivent dans des arbres.
Alexander : Pour nous, c’est une manière de nous immerger dans l’énergie, on a besoin de cette énergie universelle : on se sent réellement reliés psychiquement quand on joue ensemble. C’est un concept qu’on partage, et qui nous permet de nous plonger dans notre musique : on en a réellement besoin pour composer. »

Sur scène, le treepunk se traduit par une forte envie de taper en rythme sur tout ce qui bouge !
Ian : On aime beaucoup les percussions, suivre les rythmiques,
Alexander : Tout est une question de rythme, on en revient toujours au rythme. Tout tourne autour de la rythmique pour nous.
Ian : Dans un sens, la batterie c’est le plus vieil instrument, les gens jouent de plusieurs batteries ensemble depuis la nuit des temps !
Bob : c’est juste la première chose que les gens ont fait : tapoter sur du bois !
Cette énergie qui les lie, les pousse à faire des concerts plus que mouvementés.
Ian : La première chanson qu’on joue, au début on faisait monter vingt personnes de la foule sur scène ! L’idée c’est que tout le monde peut se joindre à nous, attraper des shakers et des maracas.
Alexander : On a souvent été déçus par des groupes qu’on adore, parce qu’en live ils ne bougent pas, ne parlent à personne. Quand t’es un musicien, il faut aussi garder en tête que tu es là pour divertir les gens ! Enfin, c’est comme ça que je le vois…
Bob : On veut réellement que les gens participent, chantent et applaudissent en rythme. C’est notre but ! »

Le groupe de Seattle est pour l’indépendance de la Cascadie. « La Cascadie est un pays hypothétique, entre Vancouver et Washington : cette région pourrait devenir indépendante du Canada et des Etats-Unis. Et le drapeau de cette région porte un arbre spécifique : le Douglas.
Ian : Ce qui est sûr c’est que nous nous sentons plus cascadiens qu’américains.
Alexander : L’idée c’est que toute la nature de Vancouver, Portland et Seattle, est la même. On a les mêmes arbres, on boit à la même source, on a la même culture en fait. Donc la Cascadie c’est l’idée de faire partie du même pays puisqu’on est une région.
Kelton : Pour Kithkin, la Cascadie est ce royaume hypothétique,
Bob : un pays imaginaire, rempli d’arbres tous plus sexy les uns que les autres
Ian : et plein de dragons aussi ! »
Kithkin voudrait que la nature reprenne le pas sur les villes.
Ian : On veut pas non plus voir la fin des villes, c’est plus une hypothèse, on se projette : et si on vivait plus à l’écoute de la nature ?
Alexander : C’est pas qu’on veut plus de villes, mais plutôt envisager une manière durable de cohabiter : réfléchir plus à notre environnement, au lieu d’essayer de le dominer.
Kelton : Parce qu’on vit quand même dans une grande ville !
Alexander : Mais on se sent connectés à la forêt, tout en vivant à Seattle, c’est un peu paradoxal.
Ian : Les gens disent que dans notre région, il y a comme un mysticisme ambiant…
Bob : Faut arrêter ! C’est juste parce qu’on est plus orientés bio ! »

Cette déclaration d’indépendance vient d’une réflexion sur notre société. « Au début, cette histoire de Cascadie est partie sur l’idée de la fin du monde. A force de se demander ce qui arriverait si le système actuel s’effrondrait, c’est devenu une sorte de concept album : la Cascadie est la réponse à toutes ces questions.
Alexander : Ca nous est venu quand, il y a deux ans environ, le pays est tombé en crise, et tout le monde a commencé à se battre. Cet album imagine le monde, à quoi il ressemblerait, que feraient les gens, vers quelle religion ils se tourneraient… Pour nous, ça signifie quelque chose, c’est pas des pensées en l’air.
Bob : On raconte la fin du monde, mais c’est surtout axé sur la renaissance du monde en fait ! »
Si les Kithkin sont très orienté écologie, ils ne sont pas là pour porter un message politique.
Alexander : On envoie une idée, mais on est pas là pour en débattre. On va pas dire aux gens ce qu’il faut faire, on fait juste part de ce qu’on pense, de ce en quoi on croit.
Kelton : Pour moi, si les gens viennent à nos concerts et en sortant se disent que les arbres sont cools, je me dis tant mieux ! Mission Accomplie ! C’est tout, je cherche pas plus !
Ian : Parce qu’au final, on est surtout un groupe. Donc on veut surtout partager une énergie.
Alexander : On se dit aussi que si les gens aiment notre musique, ils vont peut-être prêter un peu plus aux paroles et du coup, ils vont peut- être réfléchir au recyclage.
Ian : Mais le but premier reste de s’éclater ! »

Mais la discussion ne reste pas sérieuse très longtemps : ils partent bientôt en débat sur les elfes et les trolls.
Ian : Oui les elfes existent, tout comme les trolls !
Bob : Pour moi, il y a des trolls en Cascadie et des elfes en Islande !
Kelton : Ils ont tous des chevelures fabuleuses !
Ian : Si j’étais un troll, je voudrais pouvoir réorganiser le chaos
Bob : Mais ça tu le fais déjà !
Alexander : Et moi, je crois que mon pouvoir serait de communiquer avec les arbres ! »

Réclame

Rituals, Trances & Ecstasies For Humans in Face of The Collapse, le premier album de Kithkin, paraît chez Pesanta Urfolk aux Etats-Unis.




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