Entretien avec Mozes and the Firstborn

Alléché par leur single ‘I Got Skills’, Le Transistor s’est penché sur le premier album de Mozes and the Firstborn. Faisant fi de leur nom biblique légèrement mégalo, on a profité de leur passage aux Rencontres Trans Musicales de Rennes pour rencontrer Melle Dielesen et sa bande. La discussion un peu tardive a tourné autour de leur pop à la sauce garage, Urban Dance Squad et Lou Reed.

Mozes and the Firstborn

Ambiance Trans Musicales, le jeune groupe est programmé à 2h du matin. « On s’est levés super tôt, pour tout préparer, donc on est bien fatigués. Après cette interview, on va aller se coucher – ou se relaxer un peu on va dire. On fera la fête après le concert, c’est pas grave, on dormira demain ! »

Pendant trois mois, les Mozes and the Firstborn ont travaillé d’arrache-pied à leur premier album.
Raven Aartsen (batteur) : Il y a un an et demi, quand j’ai fini le lycée, on s’est lancé immédiatement dans l’album. Melle a composé la plupart des morceaux, mais j’ai aussi participé à l’écriture. Une fois bien avancé, on a demandé l’aide d’un producteur pour retravailler les chansons.
Ernst-Jan van Doorn (guitariste) : Il nous a mis au défi de réécrire les chansons. Pour certaines, ça faisait plus d’un an qu’on les jouait, donc la structure était plus ou moins établie : les morceaux étaient finis pour nous.
Corto Blommaert (bassiste) : Mais il nous a dit qu’il pensait que les chansons pouvaient être meilleures.
Ernst-Jan : Il nous a ensuite dit qu’il nous fallait enregistrer seuls, parce qu’on avait une idée assez définie du son qu’on voulait. »
C’est donc Michel Schoots, connu sous le nom de Magic Stick au sein de feu-Urban Dance Squad, qui leur a filé un coup de main.
Ernst-Jan : Il a fait un réel travail de production : un peu comme George Martin avec les Beatles !
Raven : Au début, on était très intimidé par lui, mais finalement, il nous a aidés à consolider le groupe.
Ernst-Jan : On se contentait de faire des répétitions en vue des concerts. Il nous a réellement pris par la main et nous a guidés. On s’est réellement senti un groupe grâce à son implication. »

Suivant ses conseils, le groupe enregistre seul, dans le sous-sol de la maison de Melle.
Raven : Comme c’est Melle et moi qui travaillons le mix et les arrangements, on s’est dit que ce serait plus simple si on enregistrait nous-mêmes. Parce que même si c’est un pro qui le fait, nous on a une idée bien claire de ce qu’on veut, donc on finira par se dire qu’on peut le faire mieux que lui. Mais en fin de compte, ce serait sympa d’enregistrer en studio, tant qu’on peut mixer l’ensemble nous-mêmes.
Corto : Ca nous donne ce côté garage, mais on a pas besoin d’enregistrer dans un sous-sol pour avoir ce son : il y a plein d’album garage qui sont réalisés en studio.
Ernst-Jan : Peu importe les moyens, le but c’est que la chanson sonne bien. C’est de cette manière qu’il faut réfléchir.
Raven : Oui ! Faire plein de chansons qui vont nous rapporter plein d’argent ! C’est ça qui compte !
Ernst-Jan : Sans rire, le plus important, c’est qu’on ait l’impression d’avoir fait le meilleur album possible. Peu importe comment il a été réalisé : c’est ce que tu entends qui compte au final.
Corto : En plus ça nous a pas coûté cher. C’est mieux qu’en studio, où le temps est compté. »

Contre toute attente, la mère de Melle a soutenu le projet pendant toute la durée de l’enregistrement. « Je crois que c’est surtout parce qu’elle aime bien s’occuper de nous. Parfois on répétait au milieu de la nuit… Et elle descendait juste demander qu’on baisse un peu le son.
Raven : Je me souviens, je suis monté une fois pour chercher quelque chose à boire, elle était en train de regarder la télé. Et pendant cinq bonnes minutes, il n’y avait qu’un seul riff de guitare, le même, en boucle, non-stop. Et là je me suis dit que oui, elle était patiente !
Corto : On est même invités à revenir malgré tout ce qu’on lui a fait subir. Il y a quinze jours, on est repassés pour une soirée : on était juste de passage, en chemin d’un autre concert, et elle nous a cuisiné un excellent dîner ! Elle nous gâte toujours autant… Donc on reviendra !
Raven : On n’aurait pas pu faire cet album sans son soutien !
Ernst-Jan : Elle nous a permis de prendre notre temps, et d’éviter de travailler sous pression. Et on a pu jouer aussi fort qu’on voulait pour faire l’album qu’on voulait réaliser. »

Au-delà de la musique garage, c’est Melle qui a écrit la majorité des paroles.
Melle : J’essaie pas de faire passer un message en dehors de ce que je ressens. Je parle beaucoup de moi-même, mais on s’en rend pas compte parce que les personnes qui écoutent ne me connaissent pas.
Raven : Même sans savoir vraiment de quoi ça parle, que ce soit personnel ou non, l’atmosphère reste souvent sombre. Les chansons sonnent toutes plus ou moins positif, mais ce que j’aime c’est qu’elles le sont pas forcément. C’est très cynique en somme.
Ernst-Jan : C’est pas non plus premier degré ou adolescent, ça garde un point de vue adulte sur les questions.
Corto : Ce qui est cool, c’est que ça reste de la pop ! C’est pour ça que des fois c’est compliqué de voir la profondeur des paroles : c’est parce que les chansons sont trop mélodiques.
Raven : Ce qui m’impressionne c’est que quand tu écoutes les paroles, ça te pousse à la réflexion sur ta propre vie. Même si le chanteur parle de lui-même, ça te renvoie à ta propre expérience.
Melle paraît gêné et décide de couper court au débat qui se lance sur la profondeur de ses paroles.
Melle : Le grand Lou Reed a dit C’est pas parce que l’auteur a écrit la chanson qu’il sait de quoi elle parle.
Ernst-Jan : Je suis sûr qu’il est en enfer et pas au paradis.
Corto : Attend ! Il jouait sur une guitare sans tête, il mérite le respect.
Ernst-Jan : J’ai jamais dit qu’il était pas cool, mais ce qui est sûr c’est qu’il est en enfer ! »

Réclame

Mozes & the Firstborn seront en concert le 9 avril au Point Ephémère


Remerciements : Erwan (Boogie Drugstore)

Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) :
Evenement(s) :

Et toi t'en penses quoi ?