Entretien avec Sallie Ford & the Sound Outside

La première fois que Sallie Ford & the Sound Outside sont venus en France, c’était sur invitation de M. Brossard pour les Trans Musicales de Rennes. Donc quand Le Transistor les a recroisés aux Eurockéennes de Belfort, on a sauté sur l’occasion de les rencontrer. Cueillis au sortir de leur performance sur la Grande Scène, Sallie Ford et ses potes ont parlé de leur vision de la musique, et de leur prochain album, à paraître début 2013.

Sallie Ford & the Sound Outside

Sallie Ford est de très bonne humeur, chaque réponse commence par un éclat de rire. « En interview, des fois, je suis un peu en autopilote. Et des fois, j’en ai marre d’avoir les interviews qui s’enchaînent, donc je raconte n’importe quoi, comme ça, on est sûr de donner une réponse originale à chaque fois. »

Entretien avec Sallie Ford & the Sound Outside

Leur premier album, ‘Dirty Radio‘, fait état de la philosophie du groupe. « Ce que j’essaie de dire dans cette chanson c’est qu’il faut faire de la musique sincère, il ne faut surtout pas écrire dans l’idée de faire de l’argent. Et aussi, il faudrait avoir la liberté de dire les choses – même si elles sont considérées comme déplacées ! Aux Etats-Unis, on est obligés de faire un choix : si tu veux que ta musique passe en radio, il faut pas employer de gros mots. » Sallie Ford explique que les radios aux Etats-Unis sont très mainstream. « Les grosses radios sont maquées avec les majors. Bien sûr, il y a de la bonne musique sur les ondes, par exemple sur les radios locales, mais c’est toujours plus ou moins censuré, surtout au niveau des paroles… Avec cette chanson, on n’essaie pas d’attaquer quoi que ce soit : le point qu’on veut souligner, c’est ce manque de sincérité ! Et je veux pouvoir chanter à propos de sexe… »

Sallie Ford a un côté effronté : elle veut parler de sexe sur de la musique des années 50. « Je trouve pas que notre musique ait cette influence des années 50. Pour moi, c’est du rock’n’roll-dance, avec un chant plus jazz, parce que j’écoute beaucoup de blues et de jazz des années 30 ou 40. J’écoute aussi de la musique des années 50 mais j’essaie surtout de faire de la musique qui soit inspirée par tous les styles. Des fois, on nous catégorise juste à cause de mes lunettes en fait. Elles font très années 50, non ? »
En fin de compte, elle essaie simplement de s’approprier la musique qu’elle aime. « Je pense que c’est difficile de prendre des risques en tant que musicien, parce que dans un sens, tout a déjà été fait. Ensuite, tout ce qu’on cherche à faire c’est de rester honnête dans nos choix. C’est de cette manière qu’on peut dire que notre musique est culottée. Le fait de penser et de ressentir ce qu’on met dans nos chansons… C’est une déclaration que de l’exprimer et de l’exposer aux oreilles de tous. »

Pour Sallie Ford, rien que le fait d’enregistrer un album représente un engagement. « Il y a forcément des choses avec lesquelles on est plus d’accord après coup, on ne pense plus ce qu’on a écrit parce que des choses ont changé, mais c’est comme un tatouage en fait : tu peux le regretter mais au moins tu l’as fait ! J’accepte les conséquences. Certes, je ne vais pas toujours pouvoir tout défendre, parfois quand on enregistre dans ces conditions, ça s’avère difficile. Mais je ne prends pas le temps de revenir sur tout ce que je fais : je le fais, et si je dois le regretter, on verra après. »

A ce propos, le deuxième album est déjà prêt, et les nouvelles chansons paraissent moins sombres. « J’aime bien écrire des paroles marrantes, mais effectivement, le premier album a été écrit à une période un peu difficile. Ca se sent même dans les titres des chansons. Mais je pense que pour le prochain album on a pris une nouvelle direction. Même au niveau du style, on part plus vers des influences des années 60, plus surf rock. » Le premier album a un ressenti années 50, le deuxième sera plus années 60… le groupe semble suivre une courbe chronologique. « En ce moment, la mode c’est revival année 80 aux Etats-Unis. La pop actuelle sonne très années 80, mais des fois je me plante un peu dans les périodes. C’est peut-être pour ça qu’on peut pas non plus nous catégoriser dans un style, parce que je sais même pas ce qu’ils faisaient dans les années 50, je m’embrouille toujours. Y’a des groupes, j’arrive pas à les définir par rapport à une période. »

En mélangeant les styles, Sallie Ford & the Sound Outside contribuent à rendre leurs références plus accessibles. « On est autodidactes en fait, c’est pour ça qu’on pioche un peu partout. J’ai appris le violon à l’oreille, avec la méthode Suzuki en fait. C’est difficile de trouver de la bonne musique parfois, mais y’a tellement de musique partout… Il suffit de la chercher ! » Toute leur culture musicale s’est construite en échangeant les uns avec les autres. « Parfois on a l’impression qu’il y a trop de choses, on sait pas par où commencer, mais il faut y aller tranquillement. Ca dépend de où tu en es dans ta vie, suivant comment tu te sens, tu seras plus réceptif à tel ou tel style… Parfois aussi c’est parce que tu tombes amoureux, et petit à petit la musique que l’autre écoute te paraît plus intéressante. »

Ce qui fait de Sallie Ford & the Sound Outside un groupe complètement indépendant dans l’âme. « Je pense que l’essentiel pour nous, c’est de maintenir cette liberté artistique. Aux Etats-Unis on a déjà obtenu des synchros pour des pubs, on est pas non plus opposés à cette idée. Mais on n’y pense pas non plus de cette manière, comme si c’était sale, c’est juste qu’il faut faire attention, prendre nos précautions. » Le groupe, signé sur le label Fargo, cultive même ce côté Do It Yourself. « Le confort, on ne s’en inquiète pas vraiment. On a un tourneur, on a notre bus, on se débrouille, la famille donne des coups de main ici et là… Ca représente plus de taf, mais c’est pas notre priorité, genre on a besoin d’un van ou à se demander qui va porter notre équipement. »

Un dernier conseil avant de reprendre la route : « Faut pas essayer sans arrêt d’être hip et toujours s’inquiéter ce que les autres pensent de toi… De toute façon, la mode va se démoder à un moment. »

Réclame

Dirty Radio, le premier album de Sallie Ford & the Sound Outside, est paru chez Fargo Records. Le deuxième album, Untamed Beast, est annoncé pour le 19 février 2012.
Sallie Ford & the Sound Outsideseront au Trianon le 19 novembre, puis le 23 à Montbéliard pour le festival TGV GeNeriQ, le 24 à Aulnay Sous Bois, puis le 8 décembre au centre Paul Baillart de Massy et le 15 décembre à la Clé Saint Germain. Sa tournée française inclut Strasbourg, Orléans, Le Mans, Nîmes, Marseille, Gap, Bordeaux et St Etienne.


Remerciements : Marion (Ephelide)

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