Health

Les Eurockéennes de Belfort, c’est l’occasion de croiser tous les styles. Le Transistor a ainsi rencontré Benjamin Jared Miller, le batteur de Health, un groupe de noise rock expérimental. Ils sont actuellement en tournée européenne pour, Disco 2, leur nouvel album de remixes.

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Health a décline le groupe en différentes branches, //NOISE pour la musique, //DISCO pour les remixes et //FASHION pour la ligne de vêtement. Un nouveau business model ? « Non, je crois encore au bouche à oreille et la communication à l’ancienne. La seule manière de faire des bénéfices, c’est par les concerts. J’adore jouer en live, c’en est même devenu comme une expérience spirituelle. C’est très touchant d’emmener les gens dans un voyage, surtout quand on remplit une salle de 500 personnes. Y’a deux ans, on y serait jamais arrivés, et ça fait déjà cinq ans qu’on existe. On a construit notre carrière petit à petit, mais on galère encore pour pouvoir continuer. Certains groupes ont le soutien d’un gros label mais ils tuent l’esprit. Beaucoup de gens remarquent qu’on met beaucoup d’effort dans notre groupe. Je pense que marketing ou pas, tant que la musique réussit à emporter les gens, on a gagné.

Le groupe est très présents sur Internet pour développer son image. « C’est le futur de la musique ! Sans Internet, on existerait pas en tant que groupe. On a commencé grâce à MySpace, qui nous a permis de booker les premiers concerts. Et grâce au networking, on a pu faire notre première tournée américaine. Je suis pas un fou d’ordi, je passe pas des heures sur internet, je suis le batteur donc plus manuel, mais c’est énorme la façon dont on peut exploser sur le net par une vidéo. On a remarqué depuis qu’on a fait les vidéos de ‘Die Slow‘, ‘USA Boys‘, et ‘We are Water‘, quand on les joue en live, on sent la ferveur du public, C’est pas seulement parce que ce sont des hits, justement, on a fait des vidéos parce que ce sont des singles, mais l’image est aussi une manière de véhiculer notre identité. La musique est toujours l’essence, mais l’opportunité d’un support visuel, de pouvoir raconter une histoire, c’est énorme. La mémoire visuelle la plus développée d’habitude. C’est pas qu’on a pas de mémoire auditive, mais la mémoire photographique est bien plus puissante.

Health véhicule une image de groupe qui s’est monté tout seul, qui ne doit rien à personne. « N’importe quel groupe commence en DIY (Do It Yourself). Ceux qui commencent direct avec une major, ça les fout en l’air. Il faut se construire petit à petit, comme une maison. On n’envoie pas n’importe qui se faire foutre non plus. Si on a une offre, il faut voir ce qu’il y a derrière, mais des négociations sont toujours possibles. Ca dépend de ce que tu veux faire avec ta musique. Est-ce que c’était pour toi à la base ? Est-ce que tu es prêt à ce que quelqu’un d’autre possède ta musique pour le reste de ta vie ? Est-ce que c’est personnel ?
Certains vont te mépriser parce que tu fais pas de la pop, pour pas essayer de plaire aux radios. Je pense qu’il reste des gens qui font de la musique qui vient du cœur, même si pour eux c’est de la pop – mais c’est pas parce que tu suis pas la voix populaire que tu dois être jugé pour autant.

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Comment est perçu l’évolution du groupe sur la scène de Los Angeles ? « Les fans de la première heure ont l’impression qu’on s’est vendus ! J’ai lu un commentaire sur ‘USA Boys‘, qui n’a aucune batterie naturelle – or c’est mon taf. Je vais continuer à faire des breaks de batterie mortels, c’est pas parce que sur une chanson y’en a pas que je renonce. Et le gamin dit que si Health prend cette direction, il va pas nous suivre. C’est juste de l’impatience. C’est juste une chanson. Tu connais des groupes dont tu aimes toujours les chansons ? Même moi qui suis fan de Led Zep, je les suis pas sur Dyer Maker par exemple. Je pense pas qu’un groupe puisse être parfait – parfait aux yeux de qui ? »

Quelle est l’impression en interne de l’ascension du groupe ? « C’était très difficile, et ça l’est toujours. Là on a enfin l’impression de toucher quelque chose du doigt. Avant on était en tornade, ça bougeait en permanence et dans toutes les directions. Toujours essayer de plaire au maximum de monde pour pouvoir générer quelques rentrées d’argent. Et le merchandising a toujours été important. Très minimal, des couleurs très colorées. On veut pas vendre le très attendu t-shirt noir. A un concert, le gamin a vu notre stand de merchandising, et il est parti à la vue de nos t-shirts colorés – genre on est gay. Il était venu pour un groupe de hard-core qui jouait avant nous. Et un de ses potes est resté quand même, et il a adoré ! On rentre pas dans les cases en fait. Mais on va rester sur nos positions par rapport au design ou notre musique.
Je suis sûre qu’en fait, le gamin aurait kiffé au moins quelques chansons. Parce qu’on est très abrasif quand même. Mais tout est surtout dans le show. C’est pas tant que ce soit de l’ambiant ou pas, on cherche à t’atteindre. On veut vraiment que nos concerts soient une expérience.

Qu’est-ce qui a amené à ce concept de faire remixer les albums de compositions ? “La première raison de ces albums de remix, c’est Crystal Castles. John Famiglietti et Jake Duzsik sont devenus potes avec le groupe, par MySpace encore, et c’était avant qu’ils deviennent vraiment connus. Ce remix, c’était parce qu’on se respectait mutuellement, c’était une manière de dire qu’ils aimaient notre musique. Donc ils ont repris une chanson de notre premier album, Crimewave. Et ils ont fait une chanson encore meilleure que l’originale et surtout plus populaire. Résultat, dans les concerts, on nous demande de jouer Crimewave alors qu’on vient de jouer notre version ! C’est marrant. C’est celle qu’ils connaissent le mieux – la version electro-pop.
C’est là qu’on a compris qu’on pouvait toucher beaucoup plus de gens grâce à des remixes et comme en plus on aime beaucoup la musique electro nous-mêmes, ça nous a ouvert de nouveaux horizons. En gros, on offre des chansons, pour voir ce que les gens peuvent en faire, voir ce qu’ils en sortent, qui sera différent de l’idée qu’on avait au départ. Le concept, c’est pas de rassembler des artistes connus sur un album – sans pour autant dire que tous les albums de remixes sont comme ça : quand on design un album de remixes, on choisit les chansons qu’on préfère, qu’elles ait été faites par un groupe connu ou non. Au contraire, on préfère les groupes émergents, ils ont plus envie de se surpasser.

On vient tous d’un même background, qui baigne dans le rock classique, mais on est très éclectiques. Plus il y a d’influences et plus on s’amuse. C’est un échange, on agrandit notre public à la scène électro, et ils s’installent sur la scène noise. C’est positif pour tout le monde.”


Remerciements : Michael (Cooperative Music)

Catégorie : Entretiens
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