Explosions in the Sky et Papier Tigre au Trianon

On aurait presque oublié les Texans et leur post-rock explosif, cinématographique, teinté de noise et de shoegaze. Il faut dire que depuis 2011 avec Take Care Take Care Take Care, les Explosions In The Sky s’étaient montrés plutôt discrets, concentrés sur d’autres projets comme des musiques de films. Mais ils viennent de sortir leur sixième album, The Wilderness et sont donc repartis en tournée mondiale. En prélude, on retrouve leurs potes de Papier Tigre, dans un registre un peu plus virulent.

Papier Tigre

Après avoir traîné leurs riffs dans de nombreux pays depuis près de dix ans, le trio vient de sortir son quatrième album, The Screw. Derrière leur style vestimentaire bien normcore se cachent des Nantais plutôt post-hardcore. Mais leur côté math-rock se ressent aussi dans les nombreux breaks de batterie et les arpèges de guitare convulsifs sur des tonalités parfois inattendues.

Le style et leur patate font indéniablement penser à Shellac, certes en moins spectaculaire, plus poli, mais parfois presque aussi habité. Le public semble à fond, d’autant que les enchaînements sont rapides, sans aucun temps mort, avec sur certains titres, une forme de transe saccadée qui se dégage. Le final, sur le tout récent ‘A Matter of Minutes‘, est se fait sur une seule note, mais à un rythme soutenu pour deux minutes de feu. Et là où les Papier Tigre sont subtils, c’est qu’il n’y a pas de grosse explosion immédiate et facile, mais une panoplie de montées et descentes nous scotchant à cette montagne russe.

Explosions in the Sky

Apparemment, le dress-code ce soir était normcore : comme si débarquaient paisiblement sur scène les mecs du service compta. On s’attend à un démarrage en trombe, mais un problème technique du côté du batteur stoppe tout le monde dans son élan. Gêné, le groupe demande poliment de patienter. Après ce faux-départ, Explosions in the Sky peut enfin entamer sous les hourras le premier titre éponyme du dernier album : ‘The Wilderness‘. Sa lente montée toute en retenue est emplie de poésie et se conclue par de majestueux arpèges de guitare aérienne.

La foule se prépare alors à voyager comme jadis avec eux, ou comme avec tout groupe de post-rock digne de ce nom. Les lights suprenants agissent comme de fins rayons multicolores surgissant du pied de la scène vers le magnifique plafond du Trianon. C’est un peu comme si le groupe jouait derrière des grilles-laser tendues vers le ciel, et ça en jette pas mal ! Surtout lorsque ces lumières se synchronisent aux riffs et confère à EITS un côté un peu irréel. Parfois elles deviennent multicolores pour plonger dans une ambiance aquarium. Bref, on a oublié les mecs de la compta.

Le public est venu prendre sa dose de ‘petits moments de calme avant la tempête’. Et le groupe sait y faire en terme de changements d’ambiances, souvent au sein du même morceau. Sur le magnifique nouveau titre ‘Logic of a Dream‘, un des trois guitaristes fait tournoyer sa gratte en l’air après avoir joué un accord traînant, puis s’arme d’un ebow et d’une disto pour faire résonner un mur du son assourdissant, pour ensuite passer au cymbalum afin d’en sortir des notes extrêmement douces et éthérées. Le public exulte à chaque changement d’atmosphère, preuve que la sauce a pris.

Les morceaux de leurs débuts ne sont pas oubliés, comme les grandioses et explosifs ‘Greet Death‘ et ‘With Tired Arms, Tired Minds, Tired Souls, We Slept‘, véritables ascenseurs émotionnels naviguant entre douces respirations et tremblements de terre tonitruants. Le public reste assez fou durant tout le set, mais ces obligatoires moment de transe à rebondissements commencent à lasser. D’autant plus que certains titres ont tendance à se ressemblent, ce qui les rend assez prévisibles… même si les morceaux du dernier opus suivent un peu moins la recette.

Ce concert reste un bon souvenir, mais des groupes comme Godspeed You! Black Emperor ou Mogwai, avec des parties un peu plus différentes et moins évidentes, permettent de s’évader encore plus loin.

Réclame

The Wilderness, le septième album d’Explosions in the Sky est paru chez Bella Union / [PIAS] Cooperative
The Screw, le quatrième album de Papier Tigre, est paru chez Murailles Music.
Lire la chronique de l’album Take Care Take Care Take Care d’Explosions in the Sky
Au passage, Mogwai sera en concert le 3 juillet au festival Days Off, et Godspeed You! Black Emperor sera le 17 août au Trianon.


Remerciements : Antoine Lang [PIAS]

Catégorie : A la une, Concerts
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