Band of Skulls

Le trio de Band of Skulls n’en est qu’à son premier album, et pourtant ils ont tout d’un grand groupe. Propulsé single de la semaine sur iTunes avant même de sortir ne serait-ce qu’un EP, ils partagent désormais l’affiche avec Muse, Editors ou Black Rebel Motorcycle Club. Ils étaient de passage sur Paris pour parler de la tournée Baby Darling Doll Face Honey qui vient de s’achever et des préparatifs en vue d’un deuxième album.

S’ils ont déjà l’air d’avoir bourlingué, c’est parce qu’avant de s’appeler Band of Skulls, ils étaient connus sous le nom de Fleeing New York… Découverts sur une compilation de magazine, je les avais perdus de vus. Russel, le chanteur, s’amuse : « Oui, on était en programme de protection de témoins » (rires) Matt, le batteur, reprend, plus sérieux : « Non, en fait, on avait besoin de changer, on était encore jeunes et on travaillait pas avec les bonnes personnes. On a décidé de faire une pause, et de partir pour approfondir des chansons qui nous plaisaient vraiment. Quand on est revenus, on était les seuls à vraiment vouloir se lancer. » Russel enchaîne : « Ensuite, à l’écoute de ces chansons, on a eu l’impression d’un autre groupe. Et dès qu’on a changé de nom, des opportunités se sont présentées. Comme si on avait débloqué quelque chose. »

Band of Skulls

Band of Skulls

Ils ont changé de nom, mais ils ne nient pas leur ancien groupe, et lors des concerts, ils jouent toujours leur hit Hollywood Bowl. Russel : « Des personnes dont on respectait l’opinion nous ont dit de pas jeter ces compositions. Avant on avait un peu de mal, on était mal à l’aise parce qu’elle représente le passé. Pourtant, ce passé était nécessaire : c’est le lien entre ce qu’on était et ce qu’on est maintenant. Cette chanson nous a beaucoup apporté, c’est comme une vieille amie. C’est la première chanson qu’on a écrite qui nous ressemblait vraiment. Ou qui ressemblait à quelque chose ! (rires) Mais c’est effectivement le patron de ce qu’on fait maintenant. »

Comment leur est venue l’idée d’intituler leur groupe Band of Skulls ? Matt s’excuse presque : « C’est pas une histoire intéressante en vrai. On avait fini d’écrire l’album et on avait besoin d’un nom pratiquement sous 24h pour pouvoir l’envoyer. Dans notre ville d’origine, Southampton, on jouait souvent dans un club qui avait une image du crâne d’Hamlet. A ça, on a ajouté le fait qu’on était fans de Band of Gypsyes. Mais en fait, c’est pas mal de trouver des noms qui sont vraiment aux antipodes du style de musique qu’on joue. Quand t’entends Band of Skulls, tu penses à un groupe de métal mais pourtant notre son n’a rien à voir. Et le titre de l’album contredit le nom du groupe, donc ça intrigue, ça interpelle.
De nos jours, tout bouge si rapidement, on a besoin de ces petites choses pour que les gens prennent le temps de nous écouter ; que ça provienne d’une démarche consciente ou non… » Russel renchérit : « Le mieux c’est qu’on a écrit les chansons avant de penser au nom du groupe ou quoi que ce soit d’autre. »

Leur chanson, ‘I Know What I Am‘, a été offerte sur iTunes dans le cadre de leur opération Free Single of the Week. Matt se justifie : « iTunes nous paraissait comme le meilleur moyen de présenter notre nouveau projet, mais c’était flippant ! C’était un risque potentiel parce qu’on a décidé de balancer le morceau alors qu’on l’avait pas encore fini. En plus, personne ne l’avait écouté en dehors de nous, notre manager, notre producteur, Ian Davenport, le gars de iTunes et quelques personnes du label. Donc en tout, une dizaine de personnes max. Et d’un coup, des milliers de personnes pouvaient y accéder et l’avoir gratuitement. »
Russel explique : « Le premier jour il y avait 200 commentaires sur notre chanson. En plus ça aurait pu être que de mauvais commentaires… mais ils étaient positifs, c’était très encourageant, d’autant plus que l’album n’était pas encore fini. »

Autre opportunité, autre risque – ils ont aussi été choisis pour la bande son de Twilight 2. Matt : « Pour Twilight, c’était bizarre. On a lu dans un journal que le réalisateur pensait à plusieurs groupes pour la bande son, et on était dans le lot. Mais à la lecture de la liste des groupes, c’était vraiment alléchant ! Pour nous, se retrouver aux côtés de Thom Yorke, Muse, BRMC, surtout à l’époque… On était clairement le plus petit des groupes sur cet album. Mais c’était une occasion de présenter notre musique à des gens qui ne seraient jamais tombés sur nous d’une autre façon. C’était aussi délicat, parce qu’en plus la chanson ne figure pas sur l’album… Mais c’est un risque calculé, donc c’est comme un challenge. »

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La vidéo de ‘Fires‘, leur deuxième single, a été réalisé sous forme de compétition. Emma, la bassiste, précise : « L’idée était de proposer notre chanson et que des réalisateurs produisent une vidéo. On a visionné toutes les vidéos, et celle-ci nous a fait rire. On a tout de suite su laquelle était la bonne, à l’unanimité. Déjà, on voulait pas que la chanson soit romantique ou cliché. Beaucoup ont montré une flamme, d’ailleurs moi-même j’aurai mis un briquet ou autre, mais eux ont innové, ils ont sorti le mot du contexte. C’est vraiment un processus intéressant. »

Russel me raconte que le lendemain, ils repartent à Londres pour discuter avec leur producteur, Ian Davenport (Supergrass, Badly Drawn Boy) de leur prochain album. Matt annonce : « Maintenant on sent qu’on est prêt à se lancer dans le deuxième album… Alors qu’on revient d’Australie, où ils viennent à peine de recevoir l’album, c’est marrant. Quand l’album vient de sortir, il faut faire une tournée pour le présenter et si on laisse trop de temps entre deux albums, la pression retombe et on t’oublie… C’est comme de jongler avec des assiettes : tu en fais tourner une, tu lances le mouvement sur la deuxième, et quand tu te prépares sur la troisième, la première commence ralentit et menace de tomber… »

Etant donné que les trois musiciens composent, comment se passe le processus pour une nouvelle chanson ? Matt : « Pour l’instant, on a pas encore de nouvelles chansons complètes, parce que pendant une tournée, on vit au jour le jour et c’est difficile de se replonger dans l’état d’esprit qui nous animait il y a un an et demi. C’est pas mal de s’arrêter, de prendre le temps et surtout le recul, pour voir où tu en es. C’était aussi important de vivre de nouvelles expériences dans lesquelles puiser pour nos prochaines compositions. » Russel développe : « On a besoin d’intimité. On peut pas être en lien avec nos émotions quand on est toujours encadré de l’équipe ou alors dans un van. J’ai besoin de me retrouver seul un moment… Là on se pose enfin, et on suit le même schéma que la dernière fois : on est au milieu de nulle part. Si l’inspiration vient à 3h du matin, on peut tourner les amplis à fond. Et comme ça, le lendemain, on écoute à tête reposée ce qu’on a fait dans la nuit. »

Pour le concert du 22 septembre à la Flèche d’Or, le public aura-t-il droit à un aperçu de nouvelles compositions ? « J’aimerais pas que les gens pensent qu’ils se sont fait avoir parce qu’on leur joue des chansons non finies. Mais la version live de notre premier album indique la direction qu’on va prendre pour le deuxième album. On a changé, et donc on a changé notre manière de jouer, d’aborder les chansons. Les chansons évoluent beaucoup par rapport à l’album, perso, je m’ennuierais trop si on faisait toujours la même chose. »

Reclame

Band of Skulls en concert le 22 Septembre à la Flèche d’Or


Remerciements : Ivox

Catégorie : Entretiens
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