Entretien avec The Mars Volta

Aux Eurock, Le Transistor a eu la chance de rencontrer Omar Rodriguez-Lopez de The Mars Volta. On ne savait pas à quoi s’attendre : un génie prolifique comme lui ne va pas être facile à aborder. Et en fait, avec ses petites lunettes rondes, il s’avère étonnamment très accessible. On en a profité pour parler de leur nouvel album Noctourniquet, mais aussi de Frusciante et d’At The Drive-In !

The Mars Volta

Omar Rodriguez-Lopez a composé tellement d’album que ses héritiers pourront les sortir longtemps après sa disparition. « Je pense que mes enfant en auront marre quand ils tomberont sur la pile d’albums que j’ai pas sortis. ‘Non pas encore un album de papa ! On a besoin de place dans la maison !’ »

Entretien avec The Mars Volta

Entretien avec The Mars Volta

Depuis Octahedron, les fans ont eu trop d’infos contradictoires au sujet du futur de The Mars Volta. « Oui, cette période a été intéressante. On avait un album, puis j’ai décidé qu’il était ennuyeux, donc j’ai tout effacé. Puis j’ai retrouvé mon batteur, Deantoni et j’ai fait l’album avec lui. » Après mûre réflexion, Deantoni Parks est donc revenu à la batterie. « J’ai toujours voulu qu’il fasse partie du groupe. Il avait joué avec nous en 2006, on l’avait casté en même temps que Thomas Pridgen. Et en fait, c’est la seule fois où Cedric a posé un véto, remis en question ma décision en tant que leader. Donc on a essayé Thomas et ça s’est avéré être une erreur, donc on est revenus à Deantoni. Au bout du compte, j’avais raison. (rires) »

Omar Rodriguez-Lopez affirme être le leader de The Mars Volta pour une bonne raison. « Quand je choisis un musicien, c’est pas par rapport à ce qu’ils jouent, c’est ce qu’ils pensent le plus important. C’est leur philosophie de vie. Je peux savoir avant même d’entrer dans la pièce s’il y aura une alchimie. » Un échange basé sur l’alchimie revient à composer. «  Scientifiquement parlant, l’expérience crée une fréquence dans nos esprits. Nos esprits lisent des fréquences, or les fréquences c’est la manière dont la note sort. C’est de là que l’écriture vient. »
Omar s’est laissé devenir traducteur de ces fréquences en musique. « N’importe qui peut le faire, mais certains ne sont pas suffisamment intéressés par ce travail. Moi je me suis pris au jeu de ces traductions donc je suis maintenant capable de le faire. » C’est ce qui fait la particularité du son de The Mars Volta. « Tout est écrit à partir d’émotion. Je n’ai pas d’éducation musicale à proprement parler. Pas de cours, rien, tout vient des émotions que je ressens. »

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Omar Rodriguez-Lopez a fini d’enregistrer Noctourniquet il y a plus presque trois ans, mais… « On s’est engueulés parce que Cedric disait qu’il pouvait plus suivre mon rythme : ‘Depuis dix ans, ça a toujours été ton groupe, on a toujours fait ce que tu as dit ! T’es un dictateur dans ce groupe, un album par an c’est trop, j’ai pas le temps d’écrire mes paroles.’» Omar a donc laissé à Cedric le temps d’écrire… sauf que « Un an et demi plus tard, c’était toujours pas fini. Je lui ai dit qu’il fallait quand même trouver un compromis parce que c’était trop long. De là, il a pris une autre année pour finir ses paroles, donc je l’ai enregistré, puis j’ai fini l’album. Ensuite ça a pris encore six mois au label pour le sortir. C’est pourquoi ça a pu paraître confus : c’est un nouvel ancien album en fait. »

Même s’ils composent à tout va, The Mars Volta ne jouent pas le jeu des labels. « J’ai l’entière liberté, mais ça se paye… Si tu abandonnes cette liberté, tu peux gagner de l’argent : c’est comme ça que l’industrie de la musique marche. Si tu acceptes de laisser le producteur modifier tes chansons… » Pour autant, les groupes dit commerciaux sont nécessaires. « Il faut jouer le jeu, mais c’est tout aussi important de ne pas le faire. Nous on fait quand même des festivals, et puis il y a ceux qui refusent catégoriquement d’entrer dans le jeu, ils ont une plus petite audience, mais leur liberté est entière. Toutes les tendances sont réellement nécessaires : de l’art jusqu’au divertissement. L’un ne peut pas exister sans l’autre. »

Ce concept explique pourquoi John Frusciante n’a exceptionnellement pas participé à Noctourniquet. « Il a été dans un groupe qui a très bien marché, donc maintenant il a atteint un autre type de liberté : il a même plus besoin de sortir d’albums. Il compose juste pour le plaisir de composer, il a gagné cette liberté. C’est sa philosophie : il ne veut pas jouer sur quoi que ce soit qui alimente la machine. Donc ça a été sa décision en tant qu’artiste que de ne pas jouer sur notre album et je respecte sa vision. »

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Pendant longtemps Omar Rodriguez-Lopez affirmait qu’At The Drive-In ne se reformerait jamais. « Qu’est-ce qui s’est passé ? La vie. Tellement d’années se sont écoulées. C’est comme ça que la vie fonctionne. Mon père était un végétarien pendant 31 ans, et il disait que plus jamais il ne mangerait de viande, et maintenant il en mange… c’est la vie. C’est une bonne leçon que j’ai apprise : jamais dire jamais. Parce qu’on sait pas. » Omar a réussi à remettre sa vision du problème en perspective. « A un moment, on arrête de se prendre la tête sur certains trucs. Certaines choses prennent un autre sens. C’était il y a onze ans, c’est des chansons qu’on a écrites quand on était adolescents ! » Pour Omar, les musiciens d’At The Drive-In ne sont plus les mêmes. « Le Omar qui était dans ce groupe et qui a écrit ces chansons et collaboré avec ce groupe, n’est plus là,  c’est une tout autre personne. Même physiquement, en tant qu’humain, notre peau mue tous les sept ans. Ce qui veut dire que même ma peau est différente, donc comment mon intérieur peut être pareil ? »

Omar Rodriguez-Lopez insiste aussi sur la chance qu’ils ont d’avoir cette opportunité de se reformer. « Dix ans plus tard, y’a des gens qui s’intéressent à ce qu’on faisait quand on était ados ! Je suis tellement chanceux ! Donc j’ai pris sur moi, parce que pour moi c’était une décision artistique. Et à un moment, on m’a dit de redescendre de mes grand chevaux, c’est pas si grave, c’est juste de la musique. Et j’ai réalisé : J’ai tellement de chance. »

Réclame

Noctourniquet, le nouvel album de The Mars Volta est sorti le 26 mars chez WEA. Et comme ils passent pas souvent…


Remerciements : Marion (Ephelide)

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